Les pesticides sont un important sujet d’actualité, les médias et les travaux scientifiques dépeignent le nombre de cas croissants de maladies liées à leur utilisation, dont les maladies professionnelles des agriculteurs. Utilisés dans l’agriculture, ces produits sont aussi dans nos maisons et pas forcément là où on pense à regarder. Dans le cadre de la Semaine des alternatives aux pesticides, Wecf France propose un bilan des pesticides dans nos maisons, des alternatives plus sûres pour la santé et l’environnement et un quiz pour faire le point sur vos connaissances.
Les effets dévastateurs des pesticides sur l’environnement
D’après leur définition, les pesticides ont pour objectif d’anéantir ou de repousser des organismes nuisibles grâce à une substance chimique ayant ces propriétés. Le premier problème lié à l’utilisation de ces produits est leur caractère diffus. La substance chimique ne va pas s’attaquer uniquement au nuisible visé et il peut ainsi toucher des organismes qui n’étaient pas visés par le champ d’action. Les pesticides sont aussi des produits persistants et volatils, qui demeurent dans l’air extérieur après leur utilisation. Ainsi, l’emploi de tels produits à l’intérieur nécessite une aération systématique des lieux afin de réduire la pollution de l’air intérieur. Ensuite quand ils sont utilisés dans un extérieur, ils persistent dans l’air mais s’infiltre aussi dans les sols et dans les eaux. La loi Labbé codifiée à l’article L.253-7 III du code rural et de la pêche maritime interdit désormais l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (les pesticides pour les plantes) à l’usage des particuliers. La pollution de tous ces milieux à un impact important sur le fonctionnement des écosystèmes. C’est l’ensemble des cycles qui est pollué par ces produits. Si cette loi a le mérite de réduire drastiquement l’utilisation de pesticides, les produits phytopharmaceutiques peuvent encore être vendus en ligne.
Les failles aux législations sur les pesticides
Les produits vendus en ligne sont une source majeure d’inconformité avec les normes européennes en vigueur. Selon, l’Agence européenne des produits chimiques, 79% des produits biocides de type insecticides, n’étaient pas conformes au règlement biocides en vigueur. Parmi les produits inspectés, 17% étaient inconformes du fait d’un étiquetage qui induisait en erreur comme « risque peu élevé » ou « naturel » ou « bon pour l’environnement ». Par ailleurs, le commerce illégal de pesticides est loin d’être marginalisé. En 2021, Europol en coopération avec des agences de l’UE aurait saisi l’équivalent de 80 millions d’euros, soit 1203 tonnes de pesticides illicites. Ce commerce est particulièrement dangereux pour la santé et l’environnement car il s’agit de produits déjà interdits dans l’UE du fait des risques liés à ces produits. Par ailleurs, Europol relève que les ventes sur internet sont en augmentation. Pour autant, l’UE a mis en place un système d’alerte des produits dangereux non-alimentaires (Safety Gate) afin que les rappels de produits non-conformes se fassent au plus vite.
Pour autant, l’UE n’est pas en reste sur la question. Elle aussi exporte (de manière légale) des pesticides interdits dans l’UE dans des pays tiers. Cette politique de double standard a des répercussions sur la santé et l’environnement dans ces autres pays mais aussi lorsque l’UE réimporte les produits alimentaires.
L’impact des pesticides sur la santé humaine
La pollution liée aux pesticides a un impact direct aussi sur la santé humaine et la santé animale. Le risque le plus direct est celui de l’empoisonnement dû à une surexposition à ces produits. Les expositions professionnelles à ces produits sont aussi à l’origine de cancers (cf les scandales sanitaires liés aux Glyphosate et au Chlordécone) ou de maladies neurologiques (la maladie de Parkinson et le paraquat).L’exposition domestique à ces substances toxiques peuvent avoir un effet sur le moyen ou le long terme sur la santé. En effet, certaines substances actives comme le Fipronil, ont fait l’objet de scandale sanitaire ( œufs et produits alimentaires contaminés en 2017). Cette substance est utilisée dans les produits antiparasitaires comme les produits antipuces pour les animaux de compagnie ou les produits anti-poux pour les êtres humains. Il est non seulement extrêmement toxique pour la vie aquatique mais aussi toxique en cas d’inhalation, ingestion ou en contact avec la peau. D’autres substances comme les différents types de pyréthrinoïdes, utilisés dans les répulsifs à insectes, sont en cours d’évaluation pour tester leur caractère cancérigène et perturbateur endocrinien, comme la tétraméthrine. C’est cette catégorie, les pyréthrinoïdes, qui est la plus souvent retrouvée dans les répulsifs à insectes.
Pesticides et santé des femmes
Les effets des pesticides sur la santé des femmes sont avérés: les spécificités physiologiques (capacités d’absorption de la peau), anatomiques (accumulation des graisses dans le corps) et biologiques (taux plus élevés d’œstrogènes) font que les femmes réagissent différemment à l’exposition aux polluants chimiques. Les femmes présentent des risques élevés de problème de santé liés à l’exposition aux pesticides allant des cancers du sein, aux perturbations du systèmes endocriniens, l’endométriose ou le diabète (pour n’en citer que quelques-uns). Par ailleurs, les femmes enceintes sont encore plus à risque, tant pour leur santé que celle de l’enfant à naître. L’étude ELFE menée en France en 2011 a montré des fortes concentrations des pyréthrinoïdes (suspectés d’être perturbateurs endocriniens et cancérigènes) dans les urines des femmes enceintes en France, notamment dû à l’alimentation mais aussi à la pollution dans l’air intérieur. L’étude a montré que les courbes d’expositions à ce produit étaient à la hausse.
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