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Projet ANIMERA : WECF France contribue aux réflexions sur l’accès aux soins des femmes en milieu rural

Projet ANIMERA : WECF France contribue aux réflexions sur l’accès aux soins des femmes en milieu rural Le 8 novembre 2024, WECF France et les organisations du projet , se sont retrouvées à Pantin (93) pour mener en commun des réflexions sur la thématique du «projet d’enfant en milieu rural ». Cette journée pour le projet Animera a été l’occasion d’approfondir les différentes difficultés auxquelles les femmes en milieu rural font face pour accéder aux soins gynécologiques et obstétriques. Les discussions ont permis de mettre en lumière les initiatives existantes pour remédier à cette problématique.

WECF participe au projet visant à « Favoriser l’installation agricole et rurale en construisant des imaginaires, des lieux et des réseaux », porté par cinq organisations (le Réseau d’expérimentation et de liaison des initiatives en espace rural – RELIER, le Mouvement rural de la Jeunesse Chrétienne -MRJC, ADIR, dASA et RENATA), financé dans le cadre de l’Animation Nationale et Inter-régionale pour Mêler Enjeux Ruraux et Agricoles (ANIMERA ) qui soutient des projets en lien avec le Plan Stratégique National (PSN) de la France pour la Politique Agricole Commune (PAC) 2023-2027.

WECF France a été invitée dans ce projet pour apporter son expertise sur la place des femmes en milieu rural, actrices incontournables pour atteindre l’objectif du PSN de « renforcer et consolider le tissu économique des zones rurales ». La journée du 8 novembre s’intéressait plus particulièrement au projet d’enfant en zone rurale.

En 2021, le Sénat publiait un rapport intitulé « Femmes et ruralité : en finir avec les zones blanches de l’égalité », mettant en évidence les nombreuses inégalités auxquelles font face les femmes vivant en milieu rural (soit 1/3 des femmes en France). La difficulté d’accès aux dispositifs de santé est un des points majeurs mis en avant par le rapport. Du fait de la distance, du manque d’offres de soin ainsi que du temps à y consacrer, les femmes en milieu rural ont un moins bon suivi de leur santé qu’en milieu urbain. Les soins gynécologiques et obstétriques, propres aux femmes, concernent une variété de facteurs rendant la discipline complexe (période du cycle menstruel, déroulé de la grossesse, âge de la patiente, etc.). Par ailleurs, de nombreuses critiques ont été émises ces dernières années sur cette spécialité médicale, de cas de non-respect du droit à l’information des patientes jusqu’à des situations de violences obstétricales et d’avortements forcés, la discipline étant même parfois décriée comme non adaptée aux besoins des femmes.
Dans ce contexte peu propice, les femmes en milieu rural ont un suivi gynécologique et obstétrique très irrégulier pouvant mener à des problèmes de santé grave pour elles et leurs enfants à naître. Cependant des alternatives émergent pour répondre à leurs besoins. Face à ces constats, l’association RELIER a lancé un groupe de réflexion sur l’accès des femmes aux soins obstétriques.

Après une courte introduction des différentes organisations et personnes présentes pour apporter leur témoignage en lien avec le sujet, la chercheuse en sociologie et directrice de recherche au CNRS Geneviève PRUVOST est intervenue pour présenter son ouvrage « La subsistance au quotidien – Conter ce qui compte ». Celui-ci retrace minutieusement le quotidien d’un couple de paysan-boulanger et de leur enfant de trois ans sur une semaine dans un territoire rural. Cette présentation, et les échanges qui ont suivi, ont permis de mettre en lumière un quotidien qui demande une organisation importante afin de pouvoir mener dans l’espace rural une entreprise engagée dans la transition écologique et une vie familiale.
Ensuite, une présentation des travaux de l’organisation RELIER sur le projet d’enfant en milieu rural a permis de présenter des recherches approfondies sur les difficultés des femmes dans ces espaces pour accéder aux soins obstétriques et de périnatalité. Le réseau a notamment recueilli l’expérience de professionnel·les de la périnatalité lors d’une précédente journée d’étude. RELIER a également mené une enquête auprès du personnel de la maison de naissance de Grenoble pour apprendre à connaître les pratiques alternatives mises en place dans ces structures et les barrières auxquelles elles peuvent faire face.
Ce sont ensuite tous les participant·es qui ont pu présenter leurs recherches ou leurs expériences sur le thème et les travaux qu’ils·elles souhaiteraient poursuivre dans leurs structures.

WECF a pu apporter sa triple expertise des questions du genre, de la ruralité et de la santé-environnement. Par son approche écoféministe, WECF a travaillé sur la question de l’accès aux soins gynécologiques et obstétriques en milieu rural sous un angle plus novateur, en incluant l’importance de la dimension environnementale de la santé gynécologique. 

L’environnement est en effet indispensable à prendre en compte : un environnement dégradé et pollué peut être un facteur de mauvaise santé pour les femmes notamment dans les soins gynécologiques et obstétriques (ex : prévalence de l’endométriose, problèmes de fertilité) ; l’environnement est également un vivier de ressources pour améliorer sa santé (ex : utilisation des plantes permettant de prévenir et soulager les problèmes gynécologiques et obstétriques). 

La question étant déjà peu débattue, les liens entre les inégalités de genre et l’environnement sont encore moins questionnés par les quelques acteur•ices s’intéressant à la question. Les connaissances de WECF France ont pu apporter une vision plus complète et nouvelle au débat afin d’imaginer des solutions alternatives au plus proche des besoins des femmes.

Le constat demeure celui d’une insuffisante prise en compte de l’accès aux soins pour les femmes dans les milieux ruraux, rendus encore plus difficiles dès lors qu’il s’agit des soins gynécologiques et obstétriques. La journée a permis de mettre en lumière les initiatives portées par et pour les femmes pour remédier aux problèmes comme le développement des maisons de naissance, l’augmentation des compétences cliniques pour les sages-femmes ou encore la réappropriation de leur propre corps par les femmes à travers différentes pratiques d’autogynécologie. Ces solutions demeurent néanmoins insuffisantes pour faire face aux inégalités de santé en milieu rural.

La réflexion en silo encore très présente dans la prise de décision et la non prise en compte des inégalités de genre font que le droit à la santé sexuelle et reproductive peut être ineffectif pour les femmes en milieu rural. Ce droit fondamental reconnu par les Nations Unies ne peut pas être proprement exercé tant que les politiques publiques ne prendront pas en compte de manière plus urgente l’ampleur de incomplétude de son application. WECF France et ses partenaires ont l’intention d’approfondir cette thématique afin de proposer des solutions concrètes aux décideur·es publiques.

WECF France, Projets de femmes – quand agriculture rime avec santé – Entretien avec Audrey Ducros Roggeman Agricultrice et transformatrice, Juin 2021, https://wecf-france.org/projets-de-femmes-quand-agriculture-rime-avec-sante/
WECF France, Une approche anthropologique des violences obstétricales – Entretien avec Mounia El Kotni, Mai 2021, https://wecf-france.org/une-approche-anthropologique-des-violences-obstetricales/
WECF France, L’histoire de la santé et des femmes – Un entretien avec Muriel Salle, Mai 2021, https://wecf-france.org/une-approche-historique-des-inegalites-de-genre-dans-la-sante/