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Projets de femmes – quand agriculture rime avec santé

Projets de femmes – quand agriculture rime avec santé En agriculture, la place des femmes a historiquement été invisibilisée ou marginalisée. Pourtant, elles ont de tout temps joué un rôle central dans le secteur agricole et sont une source de renouvellement.

Aujourd’hui, les agricultrices représentent un quart des chef·fes d’exploitation (contre 8% en 1970). Ces femmes inventent des approches renouvelées de l’exploitation agricole. Elles construisent peu à peu des modèles différents, pluriels et parfois originaux, centrés sur leur projet de vie personnel, leurs aspirations, leur valeurs fortes (attachement au patrimoine et à la culture, impact environnemental et lien social), mais aussi leurs limites et/ou contraintes. (manque de valorisation et de soutien, difficultés à accéder aux services d’appui à l’entreprenariat, charge mentale, etc.). 

En région Auvergne-Rhône-Alpes, Wecf France a créé en 2011 le Réseau Femmes rurales dans le but de fédérer, valoriser et soutenir les femmes qui entreprennent des activités soutenables en milieu rural. Le réseau regroupe actuellement une cinquantaine de femmes aux profils variés avec, parmi elles, de nombreux projets en agriculture biologique. 

Audrey Ducros Roggeman est une agricultrice qui fait partie du réseau Femmes rurales. Issue d’une formation en écologie, spécialisée sur les zones humides, sa passion pour la nature l’a poussée à toujours réaliser des choses en lien avec elle. Après avoir travaillé à Lyon dans une association de protection de la nature, elle déménage en Haute-Savoie, et souhaite s’orienter vers un travail en lien avec les plantes. La chance lui a souri car elle a eu l’occasion de reprendre « La Marmite Enchantée », une structure de transformation de plantes sauvages et cultivées, basée à Habère-Poche. Audrey est aujourd’hui cheffe d’exploitation. Elle cueille des plantes aromatiques sauvages entre 600 et 1500 m d’altitude (pissenlit, sureau, acacia, sapin, tilleul, reine des près, origan…), et en cultive certaines (menthe poivrée et bergamote, mélisse, hysope, verveine, serpolet, romarin, …). A partir de ces plantes aux milles arômes, elle élabore des gelées, des sirops et des tisanes

Lorsqu’on lui demande quel est le lien entre son activité et la santé, Audrey évoque les bienfaits de la reconnexion de l’humain avec la nature et la protection des écosystèmes en lien avec la santé humaine.  

Pour elle les principaux maux de la société viennent du fait que les individus qui la composent sont souvent coupés de la nature, ils ont oublié d’où viennent les choses ou comment pousse une plante. Or, il est aujourd’hui prouvé que la présence de verdure et l’immersion dans la nature a des effets bénéfiques sur la santé psychologique et physique. Les promenades en forêt et les activités de jardinage ont également des effets positifs sur l’organisme et le bien-être, ce qui réduirait les risques de maladies chroniques et améliorerait l’humeur (voir ici et ici). La présence d’un jardin sur le lieu de travail réduirait même les “burnout” (lien). En redonnant l’envie d’aller faire de la cueillette, de regarder autour de soi au niveau des plantes, Audrey souhaite ainsi reconnecter l’humain à la nature dans l’espoir de résoudre certains maux.  

Avec ses produits, Audrey aimerait aussi faire redécouvrir les plantes qu’elle transforme : leurs couleurs, leurs odeurs, leurs goûts et ce qu’elles apportent au niveau de la santé, autant au niveau psychologique que physique. En effet, elles ont toutes leurs propriétés et chacune d’entre elles peut accompagner certains maux physiques ou simplement apporter du plaisir et du réconfort.  

Très attachée à la protection des écosystèmes, pour elle, il est évident que la santé de l’humain dépend aussi de la santé de son environnement. Ainsi, elle a acquis le label Agriculture Biologique qui lui permet de valoriser les efforts qu’elle fournit pour réaliser ses produits dans le respect de ses convictions écologiques et sociales. 

D’après une étude publiée par l’Institut technique de l’agriculture biologique (ITAB) en 2016, il est désormais prouvé que l’agriculture biologique a un impact positif sur l’environnement (sol, eau, air, consommation d’énergie fossile, biodiversité, phosphore) et sur la santé humaine (pas ou peu de pesticides, moindre usage des antibiotiques, 6 fois moins d’additifs autorisés par rapport au « conventionnel », meilleures qualité nutritive et sanitaire des aliments). 

En exerçant son métier en lien avec ses valeurs, Audrey fait donc partie des femmes qui construisent des modèles différents, pluriels et parfois originaux qui contribuent à accroitre la diversité nécessaire à la résilience des systèmes agricoles et à préserver la santé des populations. Face aux enjeux écologiques et sociaux qui nous attendent, valoriser et soutenir les projets agricoles portés par des femmes est indispensable pour construire un monde plus sain, durable et équitable

A lire aussi : Les femmes dans l’agriculture bio : témoignage de Stéphanie Pageot, éleveuse en Pays de la Loire.

Cet entretien s’inscrit dans notre Campagne « Santé et (in)égalité de Genre » labellisée Festival Génération Égalité Voices organisé par ONU Femmes France. Suivez-là sur nos réseaux sociaux !

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