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Téléphone mobile porté trop près du corps : l’Anses alerte
Par WECF France le 23 octobre 2019
Alors que plus de 94% des Français auraient un téléphone portable, l'information publiée aujourd'hui par l'Anses devrait normalement faire l'effet d'une bombe, puisque nous sommes potentiellement toutes et tous concerné.e.s. L'Agence vient en effet de publier les résultats de son évaluation des effets éventuels sur la santé de l'usage d'un téléphone mobile très près du corps, à moins de 5 mm de distance - condition d'usage très réaliste. Et ces résultats incitent à la plus grande prudence du côté des consommateurs, et à imposer enfin des changements importants aux fabricants. Le contexte du rapport
- La question posée à l’Anses: Des DAS (débit d’absorption spécifique, une unité de temps et de masse dissipée dans les tissus du corps) dépassant 2 watts/kg sont-ils susceptibles d’avoir des impacts sur la santé des adultes et des enfants?
- Les contrôles des DAS réalisés par l’ANFR: De janvier 2012 à décembre 2016, les DAS de 379 téléphones mobiles ont été vérifiés par l’Agence nationale des radiofréquences (ANFR), qui réalise régulièrement des mesures de DAS et ordonne le retrait du marché ou des mesures correctives. En particulier, c’est le « DAS tronc » qui est vérifié: il concerne les téléphones portables portés près du corps. Sur 272 téléphones testés à 0 mm du tronc, 206 présentaient des DAS tronc supérieurs à 2W/kg. Sur 69 téléphones testés en 2017, 7 téléphones dépassaient la limite de 2W/kg: la valeur la plus haute mesurée était de plus de 7W/kg, clairement largement au-delà des normes.
- L’obligation récente de mesurer le DAS tronc à 5 mm : Avant juin 2016 (voire juin 2017, fin de la période de transition vers la nouvelle réglementation), les fabricants avaient une marge de manoeuvre pour mesurer les DAS et pouvaient choisir de mesurer le « DAS tronc » à une distance comprise entre 0 à 25 mm. On comprend l’intérêt pour les fabricants de mesurer ce DAS le plus loin possible, pour réduire les risques de dépasser la norme, qui est de 2 W/kg. Pourquoi s’en seraient-ils privé, puisque la loi les y autorisait? Une directive européenne est venue obliger les fabricants à tenir compte de « distances d’usage raisonnablement prévisibles », et donc à mesurer le DAS à maximum 5mm du tronc.
Les conclusions et recommandations de l’Anses
- Dans son rapport, l’Anses estime qu’il existe des effets sur l’activité cérébrale liés à une exposition supérieure à 2W/kg. Des incertitudes nombreuses existent pour d’autres effets.
- Elle souligne les modalités d’usage du portable qui amènent de nombreux utilisateurs et utilisatrices à porter le téléphone directement au contact du corps, pas seulement au niveau de la tête.
- Elle met en garde sur les téléphones commercialisés jusqu’au 13 juin 2016 voire jusqu’au 12 juin 2017, toujours utilisés, et dont le DAS (tronc) serait supérieur à 2W/kg. L’Anses demande aux opérateurs des mesures pour réduire le niveau de DAS des téléphones incriminés : mise à jour logicielle ou rappel des téléphones, etc.
- L’Anses demande au législateur de rendre obligatoire la mesure du DAS à 0 mm (contact direct).
- Enfin elle recommande aux utilisateurs de respecter les préconisations d’usage (distance d’éloignement des notices en cas de proximité du tronc).