Toujours plus de numérique dans nos vies
Une technologie globalement bien perçue
63% de la population affirme qu’internet et les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont un impact positif sur leur vie privée. 70% des personnes le considèrent comme une chance pour l’éducation, la formation et l’emploi (70%) et 66% pour la création artistique.
Smartphone : incontournable et envahissant
Devenu incontournable, le smartphone est pour certains une forme d’addiction. Des cures de désintoxication au numérique ont d’ailleurs vu le jour, pour accros au smartphone, devenus obsédés par la « peur de passer à côté de quelque chose » (en anglais fear of missing out). Une toute récente étude américaine menée sur un peu plus de 1000 étudiants montre que 40% sont accros au smartphone.
- 66% de la population mondiale soit 5,22 milliards de personnes utilisent un téléphone portable. Ce chiffre a augmenté de 93 millions en 1 an,
- + d’1 million de nouveaux smartphones sont mis en usage chaque jour.
- En 2019, 95% des Français de 12 ans et plus étaient équipés d’un smartphone,
- Le smartphone (pour 51% des Français) est privilégié pour se connecter à internet, par rapport à l’ordinateur (31%), en particulier chez les 25-39 ans,
- 1 Français sur 2 consulte son mobile toutes les 10 minutes.
A la recherche de la « connectivité permanente et mobile »
Une étude mentionnée dans les Cahiers de la recherche de l’ANSES en 2017 notait que « Dans un futur proche, le transfert d’énergie sans fil (WPT) pourrait remplacer les fils d’alimentation de divers appareils électriques de manière à permettre une « mobilité totale » ».
Toujours plus de virtuel : écrans, réseaux sociaux, objets connectés
- 6% de la population dispose d’un abonnement pour vidéos à la demande, séries ou films en illimité,
- 6 personnes sur 10 utilisent les réseaux sociaux en France, et 23% des 12-17 ans déclarent les utiliser pour suivre l’actualité,
- En 2021, on compte environ 8,9 équipements par personne en Europe occidentale, contre 5,3 en 2016,
- Entre 2019 et 2025, le nombre d’objets connectés devrait passer de 19 à 48 milliards.
Covid-19 : le boom du virtuel
Avec ses néologismes distanciel/présentiel, et la généralisation des webinaires, webconférences, cafés virtuels et autres joyeusetés, la crise de la Covid-19 a boosté le télétravail, et les plateformes associées, ainsi que le secteur de la vente en ligne et plus globalement le recours au virtuel. A titre d’exemple, l’entreprise américaine Zoom, qui gère la plateforme du même nom, a connu une hausse de chiffre d’affaires de 300% en un an, et un passage de 10 à 300 millions d’utilisateurs en avril 2020 au moment des restrictions liées à la pandémie. Amazon a vu son chiffre d’affaires augmenter de 40% en 2020 par rapport à 2019, et les autres GAFAM (Google, Apple, Facebook, Alphabet) ne sont pas en reste.
Le numérique : écologique, vraiment ?
Déchets électroniques : ça déborde !
Les déchets électroniques et électriques sont une catégorie de déchets reconnus depuis des années comme représentant un danger particulier et nécessitant une gestion et un traitement particulier. C’est la directive européenne dite DEEE qui fixe une grande partie de ces règles. En dépit de filières plus ou moins organisées, un grand nombre de déchets dangereux de ce type se retrouvent dans des décharges ou gérés avec les moyens du bord par des populations dans des pays moins développés qui s’exposent à des risques. Des initiatives se développent pour remédier à cette situation.
Des besoins pharaoniques en énergie !
- 8 à 10 milliards de mails sont échangés en 1 heure dans le monde,
- 67 millions de serveurs existent au niveau mondial, et 1,1 milliards d’équipements réseaux.
Ruée sur les métaux, et les terres rares
Un smartphone, tout comme un ordinateur, contient de nombreux métaux tels que cuivre, aluminium, zinc, étain, chrome nickel, argent, platine, palladium, gallium, tungstène, tantale, cobalt, lithium, etc. ainsi que des matières plastiques et du verre. Il est indispensable de les recycler, et réutiliser, pour réduire les nouvelles extractions avec leurs conséquences environnementales et sanitaires. Par exemple, selon l’ADEME, une tonne de cartes électroniques contient 50 à 100 fois plus d’or qu’une tonne de minerai. Au Portugal, le village de Boticas dans le Nord du pays est menacé par un projet de mine de lithium, l’un des métaux utilisés dans nos téléphones portables et les batteries des voitures électriques. Une « extraction minière propre » n’a à ce jour jamais été mise en œuvre, puisque nous payons encore le prix aujourd’hui des pollutions des anciens sites miniers.
Gaz à effet de serre (GES) et numérique
*terminaux : smartphones, ordinateurs portables, fixes, imprimantes, écrans d’ordinateur, tablettes, téléviseurs, box, consoles de heu et de salon, consoles portables, casques de réalité virtuelle, enceintes connectées, écrans publicitaires et modules de connexion
- A politique constante, la croissance des émissions de GES liée au numérique est estimée à + 60% d’ici 2040,
- De 2% en 2019, la part du numérique dans les émissions de GES passerait à 6,7% en 2040, si rien n’est fait, dépassant largement celle du transport aérien (4,7%), boosté par l’essor de l’internet des objets et des data centers,
- La fabrication des terminaux représente 70% du bilan carbone du numérique,
- La consommation des données 4G augmente de 30% par an.
Numérique, ondes et santé : de lourdes conséquences encore à préciser
Outre les questions environnementales, les impacts sur la santé des radiofréquences, émises par les nombreux équipements numériques en usage actuellement, inquiètent largement la communauté scientifique. Les effets potentiels ou connus des « ondes » sur la santé humaine et animale sont largement documentés, alors que la réglementation est à la traîne prônant une « sobriété » d’exposition tout en encourageant le développement des nouvelles technologies : une contradiction évidente !
2008 déjà : l’Appel des 20 contre le portable En 2008, à l’initiative du Dr David Servan-Schreiber, 20 scientifiques, dont la Dre Annie J. Sasco, épidémiologiste du cancer qui a longtemps collaboré avec Wecf France, alertaient sur les dangers du téléphone portable, en particulier pour les plus jeunes. Les auteur.e.s estimaient que la situation concernant les radiofréquences était la même que celle du tabac et de l’amiante, et mettaient en avant un faisceau d’arguments scientifiques concordant.
Il existe aujourd’hui de nombreuses données sur les effets des radiofréquences sur la santé, qui doivent encore être confirmées, mais qui incitent à appliquer des mesures de prévention et le principe de précaution.
On peut notamment citer :
- En 2011, l’OMS (Organisation Mondiale de la santé) a classé les ondes des téléphones mobiles « peut-être cancérogènes pour l’être humain »,
- Risques de tumeurs ? En 2010 et 2014, des études montrent des risques accrus de tumeurs cérébrales chez des « gros utilisateurs » de téléphone portable, tandis que les résultats de « Mobi-kids » étude portant sur les risques de tumeurs cérébrales d’enfants et adolescents exposés aux radiofréquences, attendus pour 2015… ne sont toujours pas publiés. En 2018, le prestigieux National Toxicology Programme américain établit un lien entre exposition aux ondes des téléphones portables et tumeurs du tissu nerveux aux niveaux du cœur et du cerveau, et de la glande surrénale chez des rats mâles,
- La problématique des DAS « (débit d’absorption spécifique), mise en avant par l’association Phonegate ces dernières années ; En 2019, l’Anses a demandé aux opérateurs d’agir pour mieux protéger la santé des consommateurs ; Depuis peu, le DAS doit être indiqué sur l’ensemble des objets connectés (montres dites « intelligentes », tablettes, etc.).
5G : la grande inconnue
Les données sur les impacts sanitaires de la 5G (5ème génération de téléphonie mobile), dont le déploiement a déjà commencé, sont encore insuffisantes – l’ANSES n’a pas rendu ses conclusions – mais à ce jour, des inquiétudes grandissantes existent dans la communauté scientifique, qui a lancé un Appel dénonçant notamment des impacts sur l’ADN, via le nouveau type de signal de la 5G (« on-off », extrêmement rapide), l’usage de nouvelles fréquences, ou s’inquiète de la mise en orbite de plus de 20 000 satellites au moins pour quadriller l’ensemble du globe.
Electro(hyper)sensibles : les malades des ondes Depuis des années des personnes se plaignent de leur sensibilité aux radiofréquences, qui leur crée de graves problèmes de santé : il s’agit de personnes électrosensibles, qui doivent souvent modifier totalement leur mode de vie, et s’isoler dans des lieux épargnés par les ondes dits « zones blanches » – de plus en plus rare, au vu de la couverture réseau du territoire. Si leurs mécanismes sont encore mal connus, ces pathologies ne sont pourtant pas à négliger, car avec la multiplication des technologies, elles pourraient elles aussi devenir plus courantes.
En France : pas aussi biens protégés que dans d’autres pays européens
La France a adopté les recommandations de l’ICNIRP (Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants), organisme dont l’indépendance est remise en question en matière d’exposition : 41, 58 et 61 V/m (volts/mètre) pour les fréquences de 900 MHz, 1800 MHz et 2100 MHz. Ces valeurs tiennent uniquement compte des effets thermiques des ondes, et pas des autres types d’effets. En Europe, certains Etats appliquent des limites plus restrictives aux « lieux de vie » : Belgique, Italie, Luxembourg, Grèce, Pologne, Lituanie, Bulgarie, Slovénie, Suisse, Liechtenstein.
Ecrans, radiofréquences, sans fil :connectés … mais isolés !
Le temps moyen passé par Français devant l’écran est de plus de 5h50 (smartphone et télévision combinés),
Enfants et adolescents à risque
- Les adolescents passant plus de 3 heures au quotidien sur les réseaux sociaux sont plus à risque de troubles de la santé mentale, allant de l’anxiété, la dépression, l’agressivité, le comportement antisocial,
- 2/3 des 11-17 ans se situent à un niveau de risque élevé, ce qui peut se traduire par du surpoids, de l’obésité, des troubles du comportement alimentaire ou encore une qualité du sommeil et de vie altérée,
- La toxicité de la lumière bleue pour la rétine est établie. Nourrissons, enfants, adolescents, femmes enceintes, personnes âgées et professionnels exposés sont particulièrement à risque. Une modification des normes en matière d’intensité serait bienvenue.
Des conseils pour faire moins et mieux !
Santé : des gestes qui sauvent !
- Pas de téléphone mobile avant au moins 12 voire 14 ans, et éviter au maximum les expositions au Wifi,
- Attention aux promesses des « répétiteurs Wifi » de plus en plus répandus sur de nouvelles box, qui augmentent d’autant les niveaux d’exposition,
- Pour les adolescents, il est essentiel d’éviter les communications nocturnes et limiter la fréquence et la durée des appels.
- Pour les petits : évitez les jouets connectés !
- Ne pas garder le téléphone directement à l’oreille pour téléphoner dans la durée, mais utiliser un kit mains libres ou un haut-parleur si possible,
- Ne pas dormir avec le téléphone en charge ou en veille à côté de la tête de lit – le mettre en mode avion la nuit,
- Toujours privilégier le filaire sur les connexions sans fil (Wifi),
- Renseignez-vous en complément auprès du Criirem ou de Priartem, spécialisés sur ces questions.
Retrouvez nos conseils dans notre guide !
Impact environnemental : moins et mieux !
- Conserver ses objets numériques pour une durée de vie maximale…
- Choisir des produits reconditionnés,
- Vider sa boîte mail et ne conserver que l’essentiel (pour réduire les données à stocker dans les data centers),
- Limiter le nombre d’objets connectés que l’on possède,
- Limiter ou réduire drastiquement le visionnage de vidéos à la demande,
- Avoir recours à des repair cafés.