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Qualité de l’air extérieur: Eclairages de Jacqueline Collard, sur le documentaire « la France irrespirable » (France 5)

France 5 a diffusé le 6 septembre un documentaire intitulé « Pollution: la France irrespirable », traitant de la pollution de l’air extérieur . Le documentaire n’est plus disponible en ligne, mais WECF vous propose quelques éclairages de la part de Jacqueline Collard, membre du comité d’expert.e.s WECF, qui est à la fois présidente de l’association Santé Environnement Rhône-Alpes et vice-présidente d’Air Rhône-Alpes.

Jacqueline Collard
Chimiste,
présidente de l’association SERA

Un petit tour dans la belle vallée de l’Arve nous asphyxie littéralement. Aux dires d’un expert, on pourrait réduire de 50% la pollution issue du trafic routier dans la vallée de l’Arve en utilisant de manière optimale la capacité de ferroutage du tunnel de la vallée de la Maurienne est sous-utilisée puisqu’un expert l’estime à 120 trains/jour sur la base des propres chiffres de la SNCF. Pourquoi tant d’immobilisme alors que les solutions sont sous nos yeux ?

La pollution de l’air n’est pas encore un élément de réflexion des décideurs hormis le Ministère de l’environnement qui essaie de mettre en place des contraintes qui diminueraient la pollution surtout en zone urbaine – où la population est la plus importante et la plus touchée par les conséquences sanitaires des polluants réglementés: zones à vitesse limitée à 30 km/h, projets villes respirables en 5 ans etc…
La vallée de l’Arve est d’autant plus affectée que son relief l’a conduit à avoir une pollution stagnante surtout en hiver, et que l’utilisation de chauffage au bois réputé écologique pendant longtemps est pratiquée dans des poêles non performants. A ce sujet la zone de l’Arve bénéficie de financements de l’ADEME pour inciter et aider les habitants à minimiser considérablement les pollutions occasionnées.
Il reste que le trafic routier pourrait être diminué par le ferroutage qui pour l’instant n’est pas une priorité des décideurs, et l’on ne peut que le regretter qu’il en soit ainsi.

On apprend de la bouche de représentants de la Commission européenne que la France pourrait être condamnée à payer plusieurs milliards d’euros d’amende pour des dépassements des seuils autorisés de polluants atmosphériques fixés par la réglementation européenne, cela dans un nombre important de villes et régions, que vous inspire (sic) cette information ?

Depuis 2011 des contentieux européens existent pour la France mais pour d’autres pays européens aussi, sur les dépassement des normes (fixées par l’UE et non pas celles fixées par l’OMS qui seraient encore plus draconiennes) et l’épée de Damoclés est toujours au dessus de nous sachant que les mesures permettant une amélioration ne sont pas assez coercitives: la France n’a pas mis en place suffisamment de mesures contraignantes pour que la situation s’améliore durablement.
Notre région – Rhône-Alpes, ainsi que l’Ile-de-France, l’Alsace et PACA sont les plus ciblées par ces dépassements chroniques.
Cependant en Auvergne-Rhône-Alpes, 5 agglomérations ont répondu à un appel du Ministère de l’Ecologie sur les villes respirables en 5 ans: Grenoble, Lyon, St Etienne, Annemasse et Clermont-Ferrand; Faut-il encore que les mesures soient contraignantes pour arriver à des résultats tangibles!

Le contrôle et les mesures de résorption des polluants devraient progresser au fil de la mise aux normes et de la rénovation des secteurs industriels, mais est-ce vraiment le cas ? On observe notamment la zone de la Fos-sur-Mer qui est littéralement cernée par les industries polluantes ; La DREAL (Direction Régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement)est-elle en mesure de mettre en œuvre les actions nécessaires pour mieux protéger la santé des riverains ?

Si il y eu pourtant au cours de ces dernières années des améliorations notables, c’est surtout le secteur industriel qui les a portées quelle que soit la région (pour les polluants réglementés bien sûr). Il reste que le secteur tertiaire (modes de chauffage), les transports (trafic camions et routier) et l’agriculture (utilisation de pesticides, d’engrais et de lisiers) n’ont guère modifié leurs habitudes.
Le lieux où se concentrent les activités industrielles sont les plus touchés, mais doit-on accepter de reporter les pollutions de nos produits de consommation dans des pays où les populations ont encore moins de droits que nous à vivre dans un environnement salubre?
C’est pourquoi chacun peut par ses choix personnels à son échelle, contribuer à une amélioration par ses modes de consommation, alimentaire, habillement énergétique (en favorisant le local), par son type d’habitat (isolation, chauffage), par son mode de transport (Transports en commun): aussi est-il temps de revoir nos habitudes préjudiciables à notre santé, celle de nos enfants et celle de la planète.

Interview réalisée par Elisabeth Ruffinengo, responsable plaidoyer WECF France.