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Cosmétiques : attention aux substances toxiques ! Leur réglementation

Cosmétiques : attention aux substances toxiques ! Leur réglementation

Pour ce troisième volet du printemps de la consommation responsable, nous allons nous refaire une beauté en vous parlant de cosmétiques et des ingrédients qui les composent. Mascaras, rouges à lèvres, crèmes pour le visage, produits solaires, mais aussi déodorants, savons, dentifrices, tous ces produits que nous utilisons, pour certains au quotidien, sont des cosmétiques. Ils peuvent nous exposer à des substances chimiques néfastes pour notre santé et notre environnement. Il n’est pas facile de s’y retrouver parmi l’offre considérable pour choisir des cosmétiques sains. WECF France vous propose des conseils et informations pour une consommation responsable. 
Pour évaluer vos connaissances, voici un quiz
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Les points clés

  • Les cosmétiques peuvent contenir des substances préoccupantes pour la santé notamment des perturbateurs endocriniens et des allergisants 
  • Les “effets cocktails” de ces substances sont importants 
  • Du plastique dans nos cosmétiques  : le plastique est présent dans les emballages ET dans la composition de certains produits qui peuvent aussi contenir des dérivés du plastique (silicones, polymères…)
  • Les cosmétiques sont source de pollution : ils se dispersent sous forme de microplastiques ou de déchets qui polluent les fleuves, les océans et détruisent la vie aquatique et l’environnement 
  • Les emballages de nos cosmétiques produisent d’importants déchets : 75 000 tonnes sont jetées chaque année  
  • Les étiquettes sont trop peu lisibles et insuffisamment détaillées
  • Des alternatives sont possibles pour une consommation éco-responsable  
  • Une législation spécifique au niveau de l’Union européenne permet de réguler les substances contenues dans les cosmétiques. WECF France œuvre pour la faire évoluer dans le sens d’une meilleure protection de notre santé

Qu’est-ce qu’un cosmétique ?

Les produits cosmétiques sont définis par le règlement n°1223/2009 : 

« Produit cosmétique » : toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, système pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de la maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles » [Article 2 Définitions 1/a]

Déodorant, dentifrice, lotions pour le corps, gel douche, maquillage, crème solaire… l’ensemble de ces produits appartiennent à la législation sur les cosmétiques. En revanche, la législation ne s’applique pas aux maquillages permanents et aux encres de tatouage.

Focus : encres de tatouages et maquillages permanents

Les encres de tatouage et le maquillage permanent n’appartiennent pas au règlement cosmétique. Ceci était particulièrement problématique en raison du contact permanent du tatouage avec la peau et de la diffusion de l’encre dans le corps tout au long de la vie. En décembre 2020, la Commission européenne a amendé le règlement REACH afin de légiférer sur les substances dans ces produits. Ce nouveau règlement interdit certaines substances et fait des liens dynamiques entre le règlement CLP et cosmétiques pour une meilleure cohérence. Ce texte est en vigueur depuis janvier 2022. 
Pour plus d’informations, lisez l’article sur le site de l’agence européenne des produits chimiques (ECHA).

Comment la législation fonctionne-t-elle ?

Le règlement cosmétique définit les ingrédients autorisés avec ou sans limite de concentration. Certains produits comme les cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques sont par principe interdits (article 15 du règlement) sauf si une autorisation a été donnée par la Commission suite à l’évaluation par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC).  

L’évaluation porte sur ces substances une à une et non sur les effets “cocktails” que pourraient avoir ces substances réunies. Nous avons déjà parlé de cet effet cocktail, qui nous fait baigner dans un bain de produits chimiques au quotidien. Les cosmétiques sont, par essence, un mélange entre différentes substances. Certaines familles de substances ont des limites de concentration par mélange, comme les parabènes ou la méthylisothiazolinone couplé avec le chlorométhylisothizolinone en raison des effets allergènes.
Si des essais sont réalisés pour certaines substances, il est envisageable d’étendre cette pratique à ces substances quand elles entrent dans la composition de mélanges. C’est un grand sujet de discussion législatif. 

Qu’est-ce qui figure sur les étiquettes ?

Les ingrédients sur l’étiquette figurent en ordre décroissant de leur concentration. Lorsqu’une substance est sous forme nanoparticulaire, la mention [nano] doit figurer à côté du nom de la substance. Ce n’est pas toujours le cas malheureusement. 

Notre rapport sur les cosmétiques réalisé en 2021 (cf.ci dessous) a révélé que les étiquetages des substances notamment des produits sous forme nanoparticulaire n’étaient pas conformes sur de nombreux produits. Ceci est problématique car les risques liés aux nanomatériaux posent questions, aussi bien sur le plan environnemental que sur le plan de la santé humaine.

Les mentions “parfums” ou “fragrances” sont très fréquentes sur les cosmétiques. Or, cela en dit peu sur les composés contenus dans ces senteurs. Ceci est problématique car les parfums contiennent souvent des substances allergisantes et/ou perturbateurs endocriniens.

Qui contrôle la composition des cosmétiques ?

Le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) est l’instance qui évalue la dangerosité des substances dans les cosmétiques au niveau européen. Il rend un avis scientifique que la Commission européenne prend en compte pour légiférer en matière de cosmétiques.

Dans ce cadre, les enfants de moins de 3 ans ainsi que les femmes enceintes appartiennent aux catégories de populations vulnérables que le CSSC doit prendre en compte lors de son évaluation des substances. En France, c’est l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui est en charge de la mise en œuvre du règlement cosmétique européen. L’ANSM vérifie entre autres le bon respect des techniques de laboratoire, de l’évaluation des substances, etc. 

Ce qui doit changer pour une législation sur les cosmétiques plus protectrices

La Commission européenne a lancé fin 2021, le processus de révision du règlement cosmétique. Wecf France est très active pour rendre la législation plus protectrice pour la santé et l’environnement. Trop peu de substances perturbatrices endocriniennes sont réglementées dans les produits cosmétiques, les étiquetages sont souvent insuffisants pour signaler les risques liés à l’utilisation des produits et les effets “cocktails” des substances trop absents de l’évaluation.

WECF France appelle à :

  • Interdire les substances jugées extrêmement préoccupantes dans les cosmétiques : benzyl salicylate, BHT, butylphenyl methylpropional, ethylhexyl methoxycinnamate, ethylparabène, méthylparabène, octocrylène, cyclohexasiloxane, cyclopentasiloxane, dioxyde de titane, homosalate, octocyclane, oxyde de zinc et phenoxyethanol.
  • Intégrer dans les évaluations scientifiques consacrées par le règlement, les risques spécifiques aux groupes vulnérables   enfants et  femmes enceintes et les risques liés aux effets « cocktails ». 
  • Rendre le règlement plus effectif en l’alignant avec les autres législations sur les substances chimiques, notamment la définition des nanomatériaux, tout en intégrant les enjeux spécifiques liés à la préservation de la santé des enfants et des femmes enceintes. 
  • Garantir une meilleure information des consommateurs grâce à un étiquetage plus lisible et ciblé. La législation devrait mettre un point d’honneur à inclure une signalisation spécifique eu égard aux femmes enceintes, par l’apposition d’un logo similaire à celui existant pour l’alcool.

La suite des articles Printemps de la consommation responsable sur les cosmétiques:

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