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Convention de Rotterdam COP 7 – Retour sur l’atelier de WECF : Amiante chrysotile: qui paie la facture ?

Convention de Rotterdam COP 7 – Retour sur l’atelier de WECF : Amiante chrysotile: qui paie la facture ? Trop de victimes et toujours pas de réglementation suffisante de cette substance cancérigène au plan international

Convention de Rotterdam COP 7 , le 13 mai 2015, WECF et l’Alliance ROCA organisaient un Side Event sur « Amiante chrysotile : qui paie la facture ? »

Plus de 70 personnes ont assisté au Side Event organisé par WECF et l’Alliance ROCA en marge de la 7ème réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Rotterdam à Genève. Un succès pour cet évènement instructif, qui a suscité une vive émotion dans l’assistance.

Témoignages et échanges

Les témoignages de victimes qui souffrent des effets néfastes et permanents de l’exposition à l’amiante chrysotile, ont montré une fois de plus pourquoi il est si urgent d’inscrire l’amiante chrysotile à l’annexe III de la Convention de Rotterdam. L’événement, auquel ont participé plus de 70 personnes, était réellement en contraste avec les nombreuses interventions des Parties à la séance plénière du matin, qui s’opposent à l’inscription de l’amiante chrysotile, car ils feignent d’ignorer ses impacts sur la santé.

L’événement était accompagné d’un message fondamental d’Elizabeth Paunovic, responsable de l’OMS Centre européen de l’Environnement et de la Santé, qui invitait toutes les Parties de la COP enfin à prendre leurs responsabilités et voter pour l’inscription à l’Annexe III. WECF a projeté le nouveau film de l’OMS Chrysotile Asbestos – Voices from South-East-Asia  (« L‘amiante chrysotile Voix d’Asie du Sud-Est ») qui fait entendre la voix des victimes de l’amiante. La présence du travailleur indien Sharad Vittnal Sawant qui plaide pour l’inscription de cette substance cancérigène a constitué l’un des faits majeurs. Lui et son épouse souffrent d’asbestose, car ils ont travaillé au contact de l’amiante chrysotile pendant 40 ans. Ils ont  pris le public à témoin sur l’impact catastrophique que l’amiante chrysotile peut avoir et montré qui en réalité, paie aujourd’hui la facture.

Le panel d’intervenants était composé de Tran Tuan du Centre de recherche et de formation pour le développement communautaire du Vietnam, militant et chercheur sud-coréen Yeyong Choi, et Sanjiv Pandita du Centre de contrôle des ressources d’Asia. La présentation de Tran Tuan soulignait que l’action de la société civile pourrait faire avancer les choses de façon positive et très rapide, comme le montre l’exemple du Vietnam. Yeyong Choi livrait un aperçu édifiant sur la façon dont l’industrie de l’amiante délocalise sa production vers des pays aux réglementations moins strictes, et comment les travailleurs et les résidents des quartiers où se trouvent les usines sont affectés. Sanjiv Pandita a souligné le besoin d’enquêtes médicales objectives pour que les maladies liées à l’amiante, comme le cancer et l’asbestose soient reconnues.

Le Side Event était organisé par l’Alliance pour la Convention de Rotterdam (ROCA) et modéré par WECF. Johanna Hausmann de WECF Allemagne, présidait la session, mais son intervention a été rendue difficile par le comportement grossier de représentants des syndicats des producteurs d’amiante chrysotile de Russie qui ont essayé d’interrompre les débats à plusieurs reprises. Ils ont accusé l’OMS d’être une organisation de propagande car l’OMS soutient la réalisation de films comme celui projeté lors du Side Event. En réalité, l’Organisation Mondiale de la Santé remplit simplement sa mission de protection de la santé des populations contre les atteintes de polluants aux effets graves.

Les intervenants et les nombreux orateurs de la plénière, tels que les représentants de l’OMS, de l’OIT, de réseaux d’action des victimes, syndicats, etc. qui participaient au Side Event ont reconnu le besoin crucial d’inscrire enfin l’amiante chrysotile à l’Annexe III de la Convention de Rotterdam; ils ont appelé les délégués à faire tous les efforts possibles pour résoudre l’impasse actuelle sur la réglementation de cette sustance au niveau mondial, afin de protéger la santé humaine.

Intervention d’Alexandra Caterbow de WECF / ROCA à la COP7 de la Convention de Rotterdam

Monsieur le Président, je vous remercie de nous donner la parole, je parle au nom de WECF en tant que membre de l’Alliance pour la Convention de Rotterdam.

Mesdames et Messieurs les délégués, la Convention de Rotterdam a pour objectif la protection de la santé et de l’environnement.

Au lieu de cela, nous assistons pour la cinquième fois consécutive à un blocage de l’inscription de l’amiante chrysotile, dans le but de  protéger les intérêts de l’industrie au détriment de la santé et l’environnement. Nous pouvons voir ici  une industrie très active, mais nous savons aussi que cette industrie est en déclin dans le monde. De nombreux pays envisagent maintenant d’interdire l’amiante chrysotile, puisque sans inscription, la Convention de Rotterdam ne leur permet pas d’accéder à leur droit au consentement préalable éclairé et de protéger leurs frontières.

Mais ce n’est ni un manque de données scientifiques, ni un problème de respect des critères de la convention qui empêchent l’inscription : c’est un manque de volonté politique.

Nous constatons que certains pays, nouvellement membres de la convention, utilisent leur statut pour bloquer le processus – c’est honteux! Certains des pays qui ont bloqué la convention se sont engagés à éliminer toutes les maladies liées à l’amiante lors de la Conférence ministérielle sur l’environnement et la santé en Italie, et maintenant ils veulent empêcher les autres pays d’accéder à leur droit au consentement préalable éclairé.

Les opposants à l’inscription de l’amiante chrysotile affirment que l’inscription entraînerait des coûts supplémentaires pour la société. Cet argument est fallacieux, car il ne prend pas en compte les coûts sanitaires et économiques énormes déjà engendrés par l’amiante chrysotile. Ceux-ci s’élèvent à des centaines de milliards de dollars. Alors que l’industrie continue d’engranger les bénéfices, ce sontles contribuables et les centaines de milliers de malades de l’amiante qui payent l’addition!

Nous exhortons les Parties à poursuivre leurs efforts pour aboutir à l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste PIC, lors des travaux en intersessions et en coopération avec la société civile.

Je voudrais également vous inviter à notre événement dans la salle numéro  3 pendant l’heure du déjeuner. Et je voudrais maintenant vous présenter  M. SHARAD VITTNAL SAWANT, une victime de l’amiante chrysotile, venu d’Inde. Il est venu ici pour vous parler, parce que vous pouvez encore changer le cours des choses cette semaine.

M. Sawant :
Je suis SHARAD VITTNAL SAWANT ; Je viens de Bombay, en Inde, je travaille depuis 40 ans à l’usine Hindustan Ferodo (aujourd’hui Hindustan Composits), qui utilise de l’amiante chrysotile. Je souffre d’asbestose, tout comme ma femme. 400 de mes collègues ont aussi été diagnostiqués. Je suis venu ici pour vous demander de mettre l’amiante chrysotile sur la liste PIC de la Convention de Rotterdam.

Les collègues des ONG se montrent solidaires envers M. Sawant.