
WECF France appelle à une transformation profonde et inclusive du système alimentaire
WECF France participe à la consultation publique sur le projet de Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) élaborée par les ministères chargés de l’agriculture, de la santé et de l’environnement entre le 4 avril et le 4 mai 2025. Nous soulignons l’importance de cette démarche pour répondre aux défis cruciaux auxquels notre système alimentaire est confronté. Crises sanitaires, augmentation de la précarité alimentaire, chute de la biodiversité, dérèglement climatique, inégalités d’accès à une alimentation de qualité : les constats sont clairs, les attentes des citoyen·nes sont fortes, et les réponses doivent être à la hauteur.
En tant qu’organisation écoféministe engagée aux côtés des femmes pour un monde sain, durable et équitable, WECF France agit depuis de nombreuses années pour faire de l’alimentation un levier de transformation sociale, environnementale et économique. À travers nos ateliers d’éducation à l’alimentation durable, nous observons combien les enjeux alimentaires sont ancrés dans le quotidien des familles, et à quel point ils sont liés aux inégalités, en particulier de genre. C’est pourquoi nous appelons à une stratégie ambitieuse, structurante et concrète.
Vers une régulation du système alimentaire au service de la santé publique
WECF France souhaite que le projet de SNANC s’attaque aux racines des déséquilibres actuels. Cela implique de réguler fermement les pratiques de l’industrie agroalimentaire, en particulier en ce qui concerne la publicité des produits ultra-transformés, trop gras, sucrés ou salés, qui ciblent encore massivement les enfants. L’information du consommateur doit également être renforcée : l’affichage du Nutri-score doit devenir obligatoire sur l’ensemble des produits alimentaires et leurs communications commerciales.
Faire de la restauration collective un pilier de qualité et d’exemplarité
WECF France souhaite que les structures de restauration collective respectent pleinement l’objectif spécifique fixé par la loi EGAlim, à savoir un minimum de 20 % de produits issus de l’agriculture biologique (ou en conversion), entré en vigueur depuis le 1er janvier 2022 : la restauration collective publique doit rester un espace d’exigence et d’engagement. Nous demandons la sanctuarisation du « fait maison » tel que défini par le code de la consommation, en excluant les plats issus de cuisines centrales. Une option végétarienne quotidienne doit être instaurée dans tous les établissements proposant plusieurs menus, dans une logique de diversification des régimes alimentaires et de réduction de la consommation de produits animaux, favorable à la santé et à l’environnement.
L’accès à des produits sains, biologiques, équitables et locaux ne doit pas rester réservé à certains circuits. La grande distribution et la restauration commerciale doivent être mobilisées à leur tour à travers des objectifs contraignants inspirés de la loi EGAlim. Il est également essentiel de restreindre l’omniprésence des produits ultra-transformés dans les rayons.
Par ailleurs, le développement de l’agriculture biologique à horizon 2030 doit faire l’objet d’une planification précise, assortie de cibles sectorielles (restauration collective, distribution, restauration commerciale), de moyens pour structurer les filières, et de dispositifs de soutien renforcés aux producteurs. Ces objectifs doivent être suivis par des indicateurs mesurables et accompagnés de mesures incitatives pour les acheteurs publics et privés.
Garantir un financement stable et cohérent des dynamiques locales
Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) constituent un outil clé pour rapprocher l’offre alimentaire des besoins réels des populations et renforcer la souveraineté alimentaire locale. Nous demandons un financement stable et renforcé à hauteur de 80 millions d’euros par an, pour permettre à ces dynamiques locales de déployer tout leur potentiel : soutien à l’agriculture de proximité, éducation à l’alimentation, amélioration de l’accès à une alimentation de qualité pour les plus vulnérables.
Intégrer une approche de genre pour plus d’égalité dans l’accès à une alimentation de qualité
Enfin, il est impératif que la stratégie nationale intègre une approche différenciée selon le genre. Les femmes sont particulièrement exposées à la précarité alimentaire, que ce soit en tant que cheffes de famille, aidantes ou travailleuses du secteur agricole et alimentaire. La SNANC doit contribuer à lutter contre ces inégalités, en soutenant leur accès à une alimentation saine, mais aussi en valorisant leur rôle dans la transformation des systèmes alimentaires.
Pour aller plus loin:
La Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat