Trouver une mesure que l’Allemagne pourrait envier à la France… et si c’était l’interdiction du bisphénol A dans les usages de contact alimentaire? Le 6 mai, le Ministre de la protection des consommateurs d’un Land allemand a en effet demandé officiellement au ministère fédéral de la protection de la santé d’interdire le bisphénol A dans les usages de contact alimentaire – emballages alimentaires, mais aussi tasses à bec pour bébés et lunchboxes. Un rapprochement franco-allemand d’un nouveau genre?
Bisphénol A: ça bouche dans un Land… et bientôt dans toute l’Allemagne?
Jusqu’à maintenant, le niveau fédéral allemand dans les discussions sur les critères des perturbateurs se révèle plutôt conservateur, à l’image du Royaume-Uni, contrairement à la France, la Suède, le Danemark, plus favorables à la prise en compte de certaines caractéristiques des perturbateurs endocriniens (plus faibles doses, effets cocktails, etc.). Mais en Allemagne, au niveau des « Länder » (l’équivalent de grandes régions mais avec le pouvoir de légiférer dans certains domaines comme dans un système fédéral), les choses bougent: Johannes Remmel, ministre de la santé et protection des consommateurs du Land de Rhénanie du Nord-Wastphalie a ainsi déclaré: « Le bisphénol A est un danger invisible qui peut avoir des impacts sur la santé. C’est une substance active qui peut agit comme un perturbateur hormonal chez l’homme à très faible dose. De telles substances perturbateurs endocriniens doivent être interdites dans les produits de consommation courante au nom de la protection des consommateurs. C’est pourquoi nous demandons officiellement au gouvernement [fédéral] d’agir rapidement contre l’usage des perturbateurs endocriniens. Une première étape serait l’interdiction rapide du bisphénol A dans les produits en contact avec des aliments. Ensuite, une stratégie globale pour minimiser l’usage du bisphénol A dans d’autres usages du quotidien, comme les tickets de caisse par exemple, serait souhaitable.
Perturbateurs endocriniens: la France source d’inspiration pour l’Allemagne?
Les étapes préconisées ressemblent à ce que la France a entrepris, d’ailleurs Johannes Remmel décrit l’interdiction du BPA dans les contenants alimentaires en France comme « un élément significatif » et un « pas dans la bonne direction » que l’Allemagne devrait « suivre ». Avant la parution d’une Stratégie nationale Perturbateurs Endocriniens en 2013 – qui va quand même plus loin que le seul bisphénol A – la France a adopté une interdiction du BPA pour les usages de contact alimentaire puis mis en place une labellisation des papiers thermiques sans bisphénol A et sans bisphénols. Sur ce sujet, une restriction dans le cadre de REACH est en cours de validation au niveau de l’UE.
Rappel: le bisphénol A est bien un « usual suspect »
En cas de trou de mémoire, il est intéressant de rappeler le passif du bisphénol A. Il est mis en cause – prenez une grande respiration – dans:
- troubles de la fertilité chez l’homme et la femme,
- mise en cause dans des cas d’infertilité,
- D’après l’EFSA (Autorité européenne de Sécurité des Aliments) – qui n’est pas du genre à être précurseur pour dénoncer les effets de perturbateurs endocriniens :
- impact sur le développement cérébral au cour de la période prénatale et de la petite enfance
- effets néfastes sur les reins et le foie, ainsi que les glandes mammaires,
- soupçons de mise en cause dans des troubles cardiaques et du système nerveux
- Du côté des animaux – qui sont un peu comme nous – le système reproducteur aussi est atteint.
On pourrait résumer les choses simplement: le BPA n’est pas l’alpha et l’oméga des perturbateurs endocriniens, mais le B.A.BA dans ce domaine. Il faut bien commencer par là, puisque c’est l’une des substances pour lesquelles les données scientifiques sont là et accumulées depuis suffisamment longtemps pour agir.
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