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Bisphénol A: l’ANSES juge nécessaire de le remplacer « sans tarder »

Ce lundi 26 septembre, l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a fait une annonce qui fera date: en effet, elle juge nécessaire de remplacer "sans tarder" le Bisphénol A dont la toxicité pour l'animal est reconnue et suspectée pour l'homme. Un grande avancée soulignée par les associations, au premier rang desquelles le Réseau Environnement Santé (RES) et bien d'autres.

La prise en compte de nouveaux éléments par l’Agence

Jusqu’ici, l’Agence n’avait que timidement pris en compte certains éléments soulignés par la littérature scientifique, comme l’effet des faibles doses de BPA et la mise en évidence d’effets à des doses inférieures aux références réglementaires (la fameuse DJA – dose journalière acceptable), mais également l’exposition cumulée des populations au BPA et à d’autres substances potentiellement perturbateurs endocriniens.
« Il y a suffisamment d’éléments scientifiques à ce stade pour appeler à agir dans une logique de prévention : partout où on peut le remplacer, il faut le faire« , note Marc Mortureux. Et « sans tarder dans les matériaux au contact des aliments« , ajoute Dominique Gombert, directeur de l’évaluation des risques à l’Anses.
Clairement, l’Agence remet en cause la pertinence de l’actuelle DJA de 0,05mg/kg de poids corporel encore validée par l’EFSA (Agence européenne de Sécurité des produits alimentaires) il y a un an, estimant qu’il faut prendre en compte les effets non linéaires.

La protection des populations vulnérables au coeur des conclusions de l’Agence

Pour WECF, il est primordial de constater que l’Agence poursuit comme objectif prioritaire la prévention de l’exposition des populations vulnérables que sont les femmes enceintes, allaitantes, les nourrissons et les jeunes enfants, notamment par des matériaux de contact alimentaire – le BPA étant seulement interdit dans les biberons à l’heure actuelle.
A ce titre, comme l’a souligné Madeleine Madoré, Docteur en pharmacie et membre du comité d’expert/e/s Nesting, il est important de prendre également en compte l’exposition de ces mêmes populations à travers les dispositifs médicaux contenant du BPA, afin de garantir une cohérence des mesures à venir.
D’ailleurs, les jouets et les articles de puériculture sont eux aussi listés parmi les usages du BPA pouvant entraîner une exposition orale. Et quand on voit la liste impressionnante d’usages du BPA, on a plutôt envie de poser la question inverse: où n’est-il pas utilisé?

Reste la délicate question de la substitution: car si il faut bien évidemment remplacer le BPA, encore faut-il le faire par des substances ou procédés moins dangereux: le Bisphénol S des tickets de caisse laisse pour l’instant dubitatif. Espérons que l’industrie chimique saura se saisir de cette opportunité et se tourner résolument vers des produits plus sains et sûrs pour la santé de l’enfant et de toutes et tous, dans la mouvance de la réglementation REACH qui prévoit bien une substitution des substances extrêmement préoccupantes: les perturbateurs endocriniens en font partie puisqu’ils peuvent être rattachés à la catégorie « substances d’effet équivalent ».

Sources:
Dossier de presse de l’ANSES récapitulant les effets sanitaires et usages du BPA, septembre 2011
rapport de l’ANSES sur les effets sanitaires du BPA et les connaissances relatives aux usages du BPA, septembre 2011