Après la publication d’un avis de l’EFSA (Agence européenne de la Sécurité des Aliments) estimant que l’exposition actuelle au bisphénol A est « sûre », les pressions se multiplient pour faire céder la France et l’obliger à renoncer à son interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires, en vigueur depuis le 1er janvier 2015. Le BPA dans le contact alimentaire: 1 seule substance dans 1 seule application, c’est donc un petit pas, mais symbolique, déjà remis en cause, avant même sa mise en œuvre. Décryptage.
Que nous dit l’EFSA? « Y’a pas de danger »
Le Royaume-Uni pousse la France à revenir sur sa décision, et demande à la Commission européenne de faire pression en ce sens. Et pourquoi? A cause de l’avis de l’EFSA qui nous dit qu’il n’y a « pas de risques aux niveaux d’exposition actuelle » pour « les consommateurs de tous âges » (y compris pour les femmes enceintes et les jeunes enfants) en termes d’exposition alimentaire et d’autres sources. Le hic, ce sont les commentaires et les explications de l’EFSA qui sont tout sauf claires.
Mais encore? « 4 microgrammes/kg de poids corporel/jour c’est provisoirement sûr! »
Il y a peu l’EFSA a adopté une nouvelle DJT – Dose Journalière Tolérable – pour le bisphénol A: elle est maintenant de 4 µg/kg de pc/jour (contre 59 µg/kg de pc/jour auparavant). Ainsi donc passer de 50 à 4 est tout de même un signe que l’ancienne dose tolérable était trop élevée: pas besoins d’explications fumeuses pour le comprendre.
Et finalement: « il existe des incertitudes sur les effets potentiels du BPA sur la glande mammaire ainsi que sur les systèmes reproductif, métabolique, neurocomportemental et immunitaire »
Rien que ça! pourquoi s’inquiéter pour si peu? L’EFSA nous explique tranquillement attendre les résultats d’une étude américaine longue durée sur le rat, qui permettra de lever les doutes. L’EFSA aurait également pu déclarer, en tant qu’autorité scientifique européenne, qu’en application du principe de précaution et au vu des doutes existants, elle préconisait une mesure de non commercialisation dans les contenants alimentaires, dans l’attente de certitudes sur l’ innocuité du bisphénol A. Ce n’est pas le cas.
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