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Deux des pires produits chimiques retrouvés dans des jouets et ustensiles de cuisine

Deux des pires produits chimiques retrouvés dans des jouets et ustensiles de cuisine

Communiqué de presse – 17 octobre 2018

Pour développer la filière du recyclage, l’Union européenne a autorisé des dérogations pour certaines substances. Résultat, certains déchets électroniques sont désormais recyclés et les produits chimiques qu’ils contiennent peuvent se retrouver dans des objets de la vie courante. Pour évaluer leur impact, des chercheurs ont étudié un panel de produits dont des jouets, des ustensiles de cuisine et des accessoires pour cheveux: les résultats sont édifiants. Pour France Nature Environnement et WECF France, le gouvernement français doit faire pression pour supprimer ces dérogations.

25% des produits testés seraient dangereux

Des chercheurs en santé-environnement ont testé 430 produits de consommation courante en Europe. Résultats : 25% contenaient des taux élevés de retardateurs de flamme bromés, issus de déchets électroniques… Une découverte alarmante puisque ces composés sont en réalité des perturbateurs endocriniens connus pour perturber le fonctionnement de la thyroïde, et causer des troubles neurologiques et des déficits de l’attention chez les enfants. Comment sont-ils arrivés dans les jouets et ustensiles de cuisine ? Il s’agit en fait d’objets produits à partir de plastique recyclé. Une analyse plus fine de ces 25% concernés (109 articles) montre qu’entre 70 et 98% des produits contiennent deux des 28 produits chimiques les plus dangereux sur la planète à cause de leur persistance dans l’environnement :

  • 107 articles (98 %) contiennent des polybromodiphényléthers (PBDEs)
  • 80 échantillons (73 %) contiennent des hexabromocyclododecane (HBCD)

Jitka Strakova, d’Arnika, auteure principale de l’étude, explique : « Le système endocrinien d’un enfant ne se soucie pas de savoir si un jouet est fait de plastique neuf ou recyclé, quand il est perturbé de PBDE toxique ».

« L’UE permet actuellement des exemptions et autorise le recyclage d’une partie des matériaux les plus dangereux présents dans les plastiques. Les eurodéputé e s ont le pouvoir1 de supprimer cette dérogation pour protéger la santé des citoyens » déclare Genon Jensen, coauteure de l’étude et directrice exécutif l’Alliance de la santé et de l’Environnement (HEAL).

«Nous nous associons aux auteurs de ce rapport, dans la continuité de nos actions pour des jouets éco-conçus et sans danger pour la santé des enfants. Le recyclage et l’économie circulaire ne doivent pas être un prétexte pour autoriser l’usage de composés connus de longue date pour leur dangerosité », ajoute Elisabeth Ruffinengo, responsable plaidoyer pour WECF France.

Ces ahurissantes dérogations du recyclage qui dénaturent le principe d’économie circulaire

En ce qui concerne les produits français, 3 jouets et 3 accessoires pour cheveux ont été analysés : 100% des échantillons contiennent les produits toxiques recherchés. Des produits vendus en France, fabriqués à partir de matériaux recyclés contiennent donc des substances toxiques présentes dans des déchets électroniques. Ces substances3 sont pourtant règlementées par la Convention de Stockholm avec des limites strictes, en raison de leur dangerosité pour la santé et l’environnement.

Que peut-on faire ?

A son échelle, le consommateur n’a aucun moyen d’agir. La seule solution est de demander à l’Etat d’exiger de l’Union Européenne d’aligner les limites autorisées de substances dangereuses dans les plastiques recyclés sur celles des plastiques neufs. « Les exemptions pour la filière du plastique recyclé sont inacceptables : les consommateurs achètent des jouets produits à partir de plastique recyclé pour faire un geste en faveur de l’environnement et se retrouvent à s’intoxiquer », conclut Charlotte Lepitre, coordinatrice du réseau santé-environnement de France Nature Environnement.

L’étude “Recyclage toxique : quand des déchets dangereux sont utilisés pour fabriquer de nouveaux produits » a été menée par Arnika, HEAL et IPEN. 430 échantillons ont été recueillis dans les pays suivants : États membres de l’UE (l’Autriche, la Belgique, la République Tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, l’Espagne et la Suède) et pays de l’Europe Centrale et d’Europe orientale (l’Albanie, l’Arménie, le Bélarus, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, le Monténégro, la Russie et la Serbie) entre avril et juillet 2018. Les teneurs en retardateurs de flamme bromés de 109 échantillons ont fait l’objet de mesures spécifiques par le laboratoire de l’Université de Chimie et de Technologie de Prague.

Contacts presse

France Nature Environnement : Charlotte Lepitre – charlotte.lepitre@fne.asso.fr – 06 83 57 05 77

WECF France : Elisabeth Ruffinengo – elisabeth.ruffinengo@wecf.eu – 04 50 83 48 13

Health and Environment Alliance (HEAL) : Sophie Perroud – sophie@env-health.org – +32 (0)2 234 36 47

Lire le communiqué complet ici

Télécharger la synthèse du rapport ici