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Déchets plastiques: la Chine bouleverse la donne

Déchets plastiques: la Chine bouleverse la donne La question de l'augmentation de quantité de plastiques et donc de déchets plastiques produite dans le monde et de leur gestion n'est pas un problème nouveau, mais qui va en s'aggravant. Plus de la moitié du plastique produit dans le monde l'a été au cours des 15 dernières années, et la production est en augmentation. Mais une nouvelle donne s'installe : début 2018, la Chine a interdit l'importation de plastiques et d'autres types de déchets qu'elle recyclait. Obligeant donc à un repositionnement de la part des exportateurs, dont des pays européens. Cette décision va t-elle enfin inciter à réduire la production des plastiques à la source?

La Chine ne veut plus être la « poubelle du monde »

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe lors de son annonce : plus gros importateur de déchets au monde, la Chine a annoncé stopper l’importation de 24 types de déchets à partir de janvier 2018. Elle a notamment durci les normes de « qualité » des déchets recyclables qu’elle accepte. De facto, elle a établi un taux de contamination très faible des déchets, ne voulant plus de déchets « sales » devenus ingérables. Rien moins qu’une révolution. Car la Chine était le premier marché des déchets recyclables, concentrant 45% des déchets plastiques exportés dans le monde. Une activité qui générait de nombreuses pollutions, notamment du fait d’une gestion inappropriée. Mais le pays a récemment amorcé une véritable révolution, avec la fermeture de nombreuses usines et installations polluantes. La quantité de déchets importés par la Chine, y compris plastiques, métaux et papiers a ainsi chuté de 54% au premier trimestre 2018.

Quelles destinations pour les déchets?

Des pays d’Asie du Sud-est comme la Thaïlande, le Vietnam et la Malaisie ont enregistré des hausses importantes en termes d’importation de déchets, qui ne permettent cependant pas d’absorber le flux anciennement expédié vers la Chine. En quelques années, les importations de déchets vers la Malaisie ont ainsi triplé, et les installations de traitement de déchets plastiques se sont multipliées… avant que de nombreuses plaintes des habitants liées aux pollutions générées n’aboutissent à des fermetures d’usines. Le Vietnam pour sa part a fermé ses ports aux déchets pendant deux mois, lorsque les infrastructures ont été totalement débordées par des cargaisons importées. Les déchets prennent également la direction de l’Indonésie et de la Turquie ou la Corée du Sud.

Quelles conséquences pour les pays exportateurs et importateurs ?

La décision chinoise touche directement des pays qui écoulaient littéralement leurs déchets vers l’Empire du milieu, en raison des coûts plus bas et des normes moins strictes en termes de pollution : pays de l’UE, Etats-Unis, Australie, Japon, Mexique, et de nombreux autres. Ces pays n’ont pas mis en place les infrastructures et ne souhaitent pas gérer eux-mêmes leurs déchets plastiques: loin des yeux…les déchets sont moins dérangeants. Une charge reportée sur d’autres pays, qui ne peuvent pas faire face, et ne souhaitent pas non plus être « la poubelle du monde ». Et c’est tant mieux: les producteurs de déchets vont-ils enfin devoir assumer la gestion des déchets qu’ils génèrent? La situation aux Etats-Unis est critique : malgré un report vers d’autres « destinations », les déchets s’entassent dans des décharges, et certains produits plus difficiles à recycler ne le sont plus.

Des déchets dont personne ne veut!

L’heure de la prise de conscience ? Jusqu’ici, seuls 9% de tout le plastique produit dans le monde a été recyclé. Le reste ne disparaît pas: incinération, stockage en décharge, rejets dans l’environnement… les solutions ne sont pas satisfaisantes, ni pour la santé, ni pour l’environnement – et ont aussi un coût économique et social pour toute la société. Seule la réduction à la source est une solution à long terme. Comme le montre l’excellent rapport « Plastic and Health: the hidden costs of a plastic planet« , publié en février par huit organismes regroupant ONG et centres de recherche et d’étude, et sur lequel nous reviendrons.