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Protections périodiques: l’Anses publie un rapport et note la présence de substances indésirables

Protections périodiques: l’Anses publie un rapport et note la présence de substances indésirables Les protections périodiques sont utilisées par toutes les jeunes filles et femmes à un moment de leur vie, et pourtant leur composition reste mal connue. Alors que des alertes régulières sont lancées par des magazines de protection du consommateur, l'Anses vient de publier un rapport qui fait le point sur la composition de ces produits. Si elle n'identifie pas de risques sanitaires, l'Agence appelle à améliorer les procédés de fabrication pour réduire la présence de substances préoccupantes, à faire évoluer la réglementation, et rappelle des règles élémentaires d'hygiène à l'attention des utilisatrices.


Le contexte et le champ de l’étude

  • L’étude concerne les protections intimes internes et externes, réutilisables ou non. L’Anses a été saisie par le ministère de la santé et la DGCCRF sur le sujet de la sécurité de ces produits, notamment à cause du syndrome de choc toxique, une infection bactérienne en lien avec l’usage de certains tampons. C’est une pétition lancée par un particulier dans ce cadre, et une enquête de 60 Millions de consommateurs qui en sont à l’origine. L’Anses a cherché à étudier la composition-type des produits, les composés dangereux éventuellement présents, les données existantes à leur sujet, et a émis des recommandations.
  • Des auditions de fabricants (Johnson & Johnson, Procter and Gamble, etc.) et de groupements professionnels du secteur, d’organismes publics dont l’INC (Institut National de la Consommation), ont été conduites, ainsi qu’une revue de littérature scientifique, dont des essais comparatifs menés par des associations. Des tests réalisés par les laboratoires de la DGCCRF ont également été pris en compte, ainsi que les résultats d’une enquête sur l’usage de ces produits et la perception des risques auprès d’un échantillon de femmes.


Le point sur la réglementation 


Ces produits ne sont pas des cosmétiques, pourtant ils sont en contact avec les muqueuses vaginales, zones particulièrement sensibles de notre organisme. Il n’existe pas de réglementation spécifique sur leur composition, fabrication et utilisation: c’est une directive européenne générale sur la sécurité des produits qui s’applique, contrairement aux Etats-Unis où ils sont considérés comme des dispositifs médicaux, depuis les années 70.


Quelle utilisation et perception des risques de ces produits?

1065 femmes âgées de 13 à 50 ans ont été interrogées.

  • 91% des femmes utilisent des protections externes, dont 21% exclusivement.
  • 13% des répondantes ont changé de type de protection au cours de l’année, pour choisir des coupes menstruelles principalement. Ces coupes sont utilisées par 9% des répondantes, principalement chez les 25-34 ans.
  • Les mesures d’hygiène sont clairement insuffisantes: 39% des femmes ne se lavent pas les mains avant le changement de protection, tandis que seuls 35% se les rincent à l’eau après.
  • 79% des répondantes déclarent garder leur tampon toute la nuit sans le changer et 30% des femmes ne changent pas de coupe menstruelle durant toute une journée.
  • Pour 81% des femmes, au moins un type de protection, principalement les tampons, présentent un risque, mais mal identifiés. Toutes expriment un besoin d’information.

Les résultats du rapport


Le syndrome du choc toxique (SCT)

Seuls 20 cas ont recensés en moyenne depuis 2010. S’il est rare, le SCT peut pourtant avoir de lourdes conséquences. Il est causé par une toxine produite par la bactérie staphylocoque doré. Seuls les tampons sont mis en cause. Le risque augmente avec la durée du port de la protection et l’usage d’une protection avec une capacité d’absorption trop forte. Depuis les années 80 et les tampons Rely, très absorbants, les fabricants ont revu la composition des produits et le nombre de SCT menstruels a beaucoup diminué.


La composition des produits 


Trois types de matériaux sont principalement utilisés:

  • Les produits dérivés du coton, de nature cellulosique, qui subissent un traitement (blanchiment ou autre)
  • Les produits synthétiques comme les polyéthylènes ou poplypropylènes
  • Le superabsorbant réservé aux protections externes.
  • Les coupes sont en silicone médical ou élastomère thermoplastique.
  • Un manque de données et informations existe sur les matériaux de fabrication, tout comme sur les colles, parfums, encres et autres produits auxiliaires des protections. Les auditions de fabricants n’ont pas permis assez de précision.


Les contaminations chimiques

Des traces de différentes substances ont été retrouvées.

  • Dans les protections externes: Lilial (une sustance parfumante, irritante et sensibilisant cutané), différents HAP (cancérogènes), pesticides dont le glyphosate (troubles du développement, toxique pour les reins) ou le lindane (tumeurs hépatiques) et d’autres, phtalate DnOP . 3 pesticides interdits en font partie: le lindane et le quintozène (interdits en 2000) et l’hexachlorobenzène (toxique pour le foie, interdit en 2004).
  • Dans les tampons: dioxines, furanes, phtalate DnOP.
  • Ces substances, hormis le Lilial, ne sont pas ajoutées volontairement. Elles sont issues de contaminations des matières premières ou produits finis, ou formées lors de la fabrication (blanchiment, collage). Si le chlore n’est plus utilisé pour le blanchiment, des agents chlorés comme le dioxyde de chlore, sont encore utilisés dans certains procédés et pourraient être à l’origine de dioxines et furanes. Les HAP pourraient être liés aux températures élevées lors des étapes d’assemblage ou de conditionnement des produits. Plusieurs substances sont des perturbateurs endocriniens suspectés: Lilial, HAP, DnOP, lindane, hexachlorobenzène, quintozène, dioxines et furanes. D’autres sont des sensibilisants cutanés connus ou suspectés. L’Anses ne note pas de dépassement des seuils sanitaires, en ce qui concerne la voie d’exposition cutanée.


Les recommandations de l’Anses

  • Mieux étiqueter les produits: documenter la nature des matériaux, la composition des produits, le procédé de blanchiment sur les emballages, une notice d’utilisation & préconisations d’hygiène systématiquement présente avec chaque protection interne vendue
  • Supprimer l’usage de toutes les substances parfumantes, en particulier celles qui sont irritantes et sensibilisants cutanés comme le Lilial, retrouvé dans un produit
  • Améliorer la qualité des matières premières et les procédés de fabrication pour réduire la présence de substances chimiques préoccupantes
  • Fixer des seuils pour les dioxines et furanes de l’ordre de la limite de quantification
  • Améliorer l’information des femmes sur les bonnes pratiques d’hygiène et notamment sensibiliser les gynécologues et médecins traitants à leur rôle de relais d’information sur ces pratiques d’hygiène
  • Renforcer l’information des femmes sur le SCT, via des campagnes d’information ou diffusion d’information par des généralistes, infirmières, gynécologues, sages-femmes, etc.
  • Mener des études pour acquérir des connaissances sur le passage des substances au travers de la muqueuse vaginale, réaliser différentes études et recherches pour mieux estimer les contaminations éventuelles et fixer des valeurs de référence
  • Mieux réglementer ces produits, par exemple par des restrictions des composés CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) dans le cadre du règlement REACH sur les produits chimiques, développer des normes pour encadrer les essais sur ces produits, mieux surveiller le marché des coupes menstruelles, en fort développement.

Sources:
Evaluation de la sécurité des produits de protections intimes, Anses,19 juillet 2018,
Rapport complet