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Printemps de la consommation responsable – N° 2 : les plastiques

Printemps de la consommation responsable – N° 2 : les plastiques 2ème thématique de notre Printemps de la consommation responsable : les plastiques. Généralisés après la seconde guerre mondiale, ils ont longtemps été considérés comme un miracle du monde moderne…avant une prise de conscience tardive de leurs impacts dramatiques sur les écosystèmes et la santé. L’être humain, à l’origine de ce piège plastique pour la planète, va-t-il enfin réagir ? D’autant que la crise de la covid-19 a redonné un coup d’accélérateur aux plastiques et autres produits à usage unique. Des alternatives existent pour faire beaucoup moins et mieux. Et il est grand temps d’accélérer la transition devant l’ampleur du désastre !

Plus d’un siècle d’essor associé aux modes de vie actuels

Les premiers plastiques ont été mis au point au XIXème siècle, avant de connaître un véritable essor et une généralisation après la seconde Guerre mondiale et de se diversifier pendant les 30 Glorieuses. C’est par exemple en 1950 que le PVC (polychlorure de vinyle) a remplacé les bouteilles en verre pour les poches de sang. Les plastiques sont donc un type de matériau relativement récent.

« L’âge du plastique » : une fantastique promesse

En 1945, la conviction de certains étaient que « l’âge du plastique serait un monde bien plus propre et plus coloré que le précédent ». Pour la couleur sans aucun doute, pour la propreté on repassera ! Aujourd’hui encore, la fédération professionnelle des fabricants de plastiques en Europe affirme sur son site que « pour les plastiques, the sky’s the limit! » … Or, si le plastique n’a pas encore atteint le ciel, il a envahi les océans et les cours d’eau, en provenance bien souvent des terres, qui ne sont pas épargnées par cette pollution.

Toujours plus de plastiques produits

  • Le plastique est aujourd’hui le 3ème matériau le plus fabriqué au monde après le ciment et l’acier.
  • L’emballage représente 36% de la production totale de plastique.
  • Entre 1950 (2,54 milliards d’habitants) et 2015 (7,38 milliards d’habitants), la production annuelle de plastique par habitant est passée de 0,8 kg à 51,5 kg
  • 81% des plastiques mis en circulation dans le monde deviennent des déchets au bout d’une année

Des familles de composés très variées

Chimie du pétrole : Les qualités de résistance, légèreté, adaptabilité, malléabilité, durabilité, etc. des plastiques en ont fait des matériaux utilisés dans des applications tant industrielles que grand public. Un plastique est composé de polymères (la polymérisation est un procédé qui permet d’obtenir de nouvelles molécules à partir de monomères (liés par des chaines), de charges, de plastifiants et d’additifs. 99% des plastiques utilisés aujourd’hui sont des polymères fossiles, dérivés du pétrole ou du gaz de schiste.

Thermoplastiques et thermodurcissables

80% des plastiques sont des thermoplastiques :ils se déforment sous l’effet de la chaleur et peuvent être recyclés mais pas à l’infini, car ils finissent par perdre leurs propriétés initiales. On peut citer:

  • Polyéthylène  : bouteilles, jouets, sacs plastique, emballages, etc.
  • Polypropylène : films alimentaires, construction automobile (pare-chocs etc.)
  • PET (polyéthylène terephtalate) : bouteilles
  • Polystyrène : (expansé utilisé comme isolant)
  • PVC (polychlorure du vinyle) souple ou rigide : gants médicaux, poches à sang, fenêtres, volets, textiles enduits, etc.
  • Polyamides (nylon etc.) : filets de pêche, appareils électroménagers etc.
  • Polyacryliques ou polyméthacryliques : verres de lunette
  • Polycarbonates (dont le célèbre bisphénol A) : casques moto, valises, etc.

Les thermodurcissables eux ne peuvent être fondus, ils sont non recyclables : polyuréthanes (mousses, peintures, vernis, etc.), polyépoxydes  (revêtements, adhésifs, etc.), élastomères (caoutchouc naturel, néoprène, silicones), etc.

Plastiques biosourcés : solution-miracle ?

Ils sont issus de la biomasse végétale ou animale : amidon de blé, pommes de terre ou maïs, huiles de tournesol, protéines de lait, kératine. Un sac plastique, composé d’un mélange molécules biosourcés/ molécules fossiles, est considéré « biosourcé » par la réglementation européenne dès 50% de molécules biosourcées. Ils ont les mêmes propriétés que leurs homologues d’origine fossile. L’objectif est de réduire l’usage de pétrole, mais attention à ne pas utiliser des ressources venues de l’autre bout de la planète, ou à ne pas concurrencer les cultures destinées à l’alimentation!

« biodégradables » : vraiment ? Ils peuvent être attaqués par les micro-organismes, ce qui favorise leur dégradabilité dans l’environnement. Le plastique est dit « biodégradable » selon certains critères, par exemple plus de 90% de biodégradation dans le sol pendant une durée 12 mois. En conditions naturelles, elle reste très limitée. La biodégradabilité existe en milieu industriel (milieu fermé et contrôlé), domestique ou dans le sol (compostage), mais pas dans l’eau. Les plastiques à la fois biosourcés et biodégradables sont rares : en 2019, à peine plus de 50% des plastiques biosourcés étaient biodégradables.

Environnement : pollutions multiples

Océans et mers de plastique

Nous avons tous et toutes en tête des images devenues trop courantes d’animaux marins pris dans des filets ou morts après avoir ingurgité des fragments divers de plastiques.

  • 12 millions de tonnes de plastiques finissent chaque année dans les océans, constituant plus de 80% de tous les déchets marins en surface ou dans les fonds marins (source : IUCN).
  • 229 000 tonnes supplémentaires de plastique contaminent chaque année la mer Méditerranée (IUCN). Depuis la France, 10 000 tonnes de plastiques sont rejetées dans la Méditerranée chaque année, provenant principalement d’activités côtières (79%) soit la mauvaise gestion des déchets et l’activité touristique (source : WWF).

Usage unique, pollution longue durée

Avec les filets de pêche, 10 produits en plastique à usage unique représentent 70% des déchets marins. L’UE a adopté en 2019 une directive pour interdire au 3 juillet 2021 ceux pour lesquels des alternatives facilement abordables et accessibles existent : sont concernés cotons-tiges, couverts (fourchettes, couteaux, cuillères, baguettes), assiettes, pailles, bâtonnets pour mélanger les boissons, tiges pour les ballons de baudruche, gobelets, contenants alimentaires en polystyrène expansé. D’autres mesures sont prévues pour améliorer l’information du consommateur et limiter l’emploi de produits tels que serviettes hygiéniques, tampons, lingettes humides pré-imbibées, produits du tabac avec filtres.

Mégots de cigarette : c’est aussi du plastique ! Les mégots de cigarette restent les déchets plastiques les plus présents sur les plages. En effet, selon des chiffres de 2018, 40% des 137 millions de mégots jetés par terre dans le monde chaque jour finissent dans les océans. Un mégot met environ 12 ans à se dégrader totalement, du fait de la présence d’acétate de cellulose (durée de vie 10 ans). Il contient également jusqu’à 4000 substances chimiques dont certaines dangereuses (métaux lourds, etc.). Le développement du vapotage est aussi celui des recharges, un nouveau type de déchets plastiques.

Covid-19 : la « pandémie de pollution plastique »

Alors que des velléités et premières mesures de réduction des plastiques à usage unique ont vu le jour ces dernières années, l’épidémie de Covid-19 a relancé de manière exponentielle l’usage de produits de protection jetables composés en grande partie de plastique : masques, gants, bouteilles de gels hydroalcooliques pour les mains, etc. La demande en matériel de protection a pu parfois bondir de 300% ! La durée de vie d’un masque jetable étant de 450 ans, les dégâts sur l’environnement et la faune sont désastreux, tant sur terre qu’en mer. De nombreux animaux marins prennent les masques pour des aliments. En outre, la « distanciation » donne un coup d’accélérateur au secteur de la livraison, augmentant d’autant la quantité de déchets (plastiques) générée. La pollution plastique à long terme fait sans nul doute au moins autant voire plus de dégâts que l’épidémie de Covid-19: mais pour cette pandémie-là, aucune mesure drastique en vue.

Microplastiques, maxiproblème 

A côté des « macroplastiques », bien visibles à l’œil nu, les microplastiques, dont la taille est inférieure à 5 mm, souvent formés par dégradation de plastiques plus gros, et les nanoplastiques sont au moins aussi problématiques. Les deux principales sources de microplastiques dans les océans sont l’abrasion des pneus (5,86 millions de particules par an) et le lavage de textiles synthétiques.

Plastiques et santé

Plastiques et perturbateurs endocriniens

Le plastique est une affaire de chimie, et donc de nombreuses substances chimiques problématiques pour la santé sont présentes dans des plastiques. En voici quelques-unes :

  • Bisphénol A : ce perturbateur endocrinien mis en cause dans le cancer du sein, les troubles du développement, etc. est aujourd’hui interdit dans les biberons en plastique dans toute l’UE, et également dans les contenants alimentaires en France. Tout récemment, l’ANSES a demandé à classer le bisphénol B comme substance perturbateur endocrinien.
  • Phtalates : plusieurs phtalates sont connus pour leurs effets néfastes sur la reproduction, et un certain nombre interdits dans les jouets notamment. C’est le cas du DEHP, un phtalate encore souvent signalé dans des jouets par RAPEX, le système européen d’alerte pour les produits non conformes à la réglementation.
  • Perfluorés : dénommés « produits chimiques éternels », les composés perfluorés (PFOS, PFOA, etc.) sont connus pour être des polluants organiques persistants depuis les années 50. Longtemps utilisés dans les revêtements antiadhésifs en Teflon® ils sont encore présents dans certains emballages alimentaires (papiers anti-gras notamment).

Toutes ces substances contaminent par exemple les femmes enceintes et se transmettent de la mère à l’enfant, avec des conséquences pour la santé liées à ces effets « cocktail ».

Focus Protections périodiques Les protections périodiques jetables sont composées pour la grande majorité de 90% de plastique. Aux Pays-Bas, on estime qu’une femme utilise au cours de sa vie entre 11 et 16000 produits de protection intime, l’équivalent d’environ 90 kilos de déchets générés au cours de sa vie. Il faut environ 100 ans pour que le produit se dégrade. Au-delà de l’aspect environnemental, la santé des utilisatrices peut aussi être mise en jeu : l’ANSES a confirmé la présence dans des protections périodiques de traces de substances indésirables telles que résidus de pesticides, dioxines, parfums, etc. Si les seuils autorisés ne sont pas dépassés, des progrès restent à faire. A noter : une hygiène drastique des mains est recommandée pour manipuler les produits (y compris les coupes menstruelles), et le port pendant de longues heures de tout produit est fortement déconseillé – pour éviter le syndrome du choc toxique, rare mais potentiellement très grave.

Quelles solutions pour sortir de la folie plastique?

Arrêter d’exporter des déchets vers des pays plus pauvres Le désastre des déchets plastiques n’épargne aucun pays : des pays dits les plus « développés » qui gèrent relativement mal (déchetteries sauvages, taux de recyclage très limité, etc.) aux pays moins riches qui subissent sur leur territoire les exportations de déchets on valorisables venus de pays plus riches. Des améliorations toutes récentes en droit international (janvier 2021) renforcent cependant l’obligation pour les pays exportateurs d’obtenir le consentement éclairé du pays importateur avant l’envoi de déchets plastiques. Mais la route est longue, certains pays croulant sous des montagnes de plastique.

Recycler : un second choix par rapport à une réduction à la source

  • En 2018, plus de 25% des déchets plastiques produits dans l’UE ont été enfouis , 32% seulement recyclés et 42% objets de valorisation énergétique: l’enfouissement c’est à terme une pollution des sols et des nappes phréatiques.
  • Le coût des techniques et de la production d’énergie, l’existence de plastiques composés de divers types de matériaux donc non recyclables, la question de la décontamination des produits avant réemploi, etc. fait du recyclage une solution de seconde zone pour les plastiques. Leur incinération est par ailleurs une source de pollution et ne peut être vue comme une solution.
  • Les projets d’augmentation du taux de recyclage sont louables, mais à double tranchant, encourageant toujours plus de plastique, même s’il est recyclé.
  • La responsabilité élargie du producteur, dite « REP » motivée par le principe « pollueur-payeur » est encore trop timide, malgré des progrès avec la Loi dite « Antigaspillage pour une économie circulaire ».

Moins et mieux : des alternatives!

  • Revenir au bon vieux panier (en osier), ou choisir un sac en tissu réutilisable,
  • Réduire les emballages alimentaires en plastique : bocaux en verre, emballages en papier à réutiliser, etc. autant de choix qui peuvent être faits au niveau du consommateur/consommatrice. Wecf France propose par exemple une fiche spéciale sur les emballages alimentaires
  • Conserver le plus longtemps possible les objets divers en plastique, ou faire appel à des ressourceries ou des ateliers de réparation,
  • Réduire sa consommation de plats et produits à emporter, réduire les livraisons de produits alimentaires et produits divers (dont les textiles),
  • Ne pas jeter ses mégots par terre, ni son masque ou tout autre déchet !!

L’être humain a vécu sans plastiques pendant des décennies, il devrait donc lui être possible d’en réduire rapidement et fortement l’usage. Les plastiques ne sont d’ailleurs qu’un aspect, certes majeur, d’une question les déchets qui touche à l’ensemble de nos modes de vie.

Ressources Wecf :

Guide Jouets, https://wecf-france.org/wp-content/uploads/2020/03/JOUETS-GUIDE2019_09.pdf

Guide Perturbateurs endocriniens, https://wecf-france.org/wp-content/uploads/2020/03/PE-GUIDE2019_099.pdf

Fiche Contenants alimentaires, https://wecf-france.org/wp-content/uploads/2018/11/wecf_fiches-web_contenants-aliments.pdf

Toxic-free periods, report, Women Engage for a Common Future, 2020, https://www.wecf.org/wp-content/uploads/2020/10/ToxicFreePeriods-lowres.pdf