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Perturbateurs endocriniens: 100 scientifiques disent stop à la manipulation de la science

Une centaine de scientifiques vient de publier une tribune pour dire stop à la manipulation de la science dans le domaine des perturbateurs endocriniens, et demander à la communauté internationale et l’Europe en particulier d’agir. Ils sortent ainsi de leur réserve, pour dénoncer une situation inacceptable.

La tribune, publiée sur le site du journal Le Monde, répète une nouvelle fois le même message, à l’attention notamment de la Commission européenne, qui prête toujours une oreille plus attentive aux lobbies ayant intérêt à freiner la réglementation des PE qu’aux scientifiques menant des travaux indépendants sur la question.

Tabac, changement climatique, perturbateurs endocriniens: la « fabrique du doute » à l’oeuvre

Les scientifiques font l’analogie entre la bataille pour les perturbateurs endocriniens et les cas emblématiques du tabac et du réchauffement climatique, thématiques sur lesquelles on a pu constater un déploiement à grande ampleur de moyens de la part de lobbies opposés à ce que les pouvoirs publics agissent sur ces questions. C’est ainsi que la « fabrique du doute » est à l’oeuvre. Sous ce terme, on regroupe toutes les stratégies et activités visant à semer le doute sur la réalité d’une problématique.

Les pathologies en lien avec les perturbateurs endocriniens n’ont jamais été aussi nombreuses
Les scientifiques insistent sur le fait que jamais auparavant les pathologies en lien avec une exposition aux perturbateurs endocriniens (ou hormonaux) n’ont été aussi nombreuses: cancer du sein, troubles de la reproduction, obésité, diabète, malformations de l’appareil reproducteur, troubles du développement cérébral: nous avons tous un proche concerné par l’une de ces pathologies. Une très large majorité des scientifiques étudiant la question pointent du doigt les substances chimiques de synthèse présentes dans notre environnement quotidien comme un facteur favorisant ces maladies: plastifiants, pesticides, retardateurs de flammes, ingrédients de cosmétiques, d’équipement électroniques et divers, etc. sont autant de sources potentielles d’exposition.

Seule la prévention des expositions aux PE, par une réglementation efficace, constitue une voie d’avenir

Mais pourquoi les scientifiques insistent-ils autant sur la nécessité de réglementer les PE? Tout simplement parce qu’ « on ne peut pas gérer cette charge de maladies croissante par de meilleurs traitements médicaux, en partie parce qu’il n’existe pas de traitement, mais aussi parce que les effets sur la santé sont irréversibles. Loin du discours sur les « progrés de la médecine » que nous font miroiter certains comme une solution à toutes les pathologies – y compris des pathologies telles que le cancer – la prévention des expositions aux polluants apparaît donc comme la seule solution qui pourrait porter ses fruits, pour améliorer à long terme la santé des populations.

Mais pourquoi les scientifiques insistent-ils autant sur la nécessité de réglementer les PE? Tout simplement parce qu’ « on ne peut pas gérer cette charge de maladies croissante par de meilleurs traitements médicaux, en partie parce qu’il n’existe pas de traitement, mais aussi parce que les effets sur la santé sont irréversibles. Loin du discours sur les « progrés de la médecine » que nous font miroiter certains comme une solution à toutes les pathologies – y compris des pathologies telles que le cancer – la prévention des expositions aux polluants apparaît donc comme la seule solution qui pourrait porter ses fruits, pour améliorer à long terme la santé des populations.

Traduire la science en action politique: une urgence, pour ne pas refaire les erreurs des dossiers tabac et changement climatique

Les scientifiques qui s’expriment sortent de leur silence, car il est de leur « devoir de participer au débat et d’informer le public ». Un engagement citoyen du scientifique devenu pressant, alors que la Commission européenne reste accrochée à un projet qui est bien en-deçà des mesures nécessaires pour protéger efficacement la santé des populations. Les scientifiques soulignent une analogie entre polluants mis en cause dans le changement climatique et PE. Les substances chimiques de synthèse sont issues de la pétrochimie. Ainsi, réduire le recours aux combustibles fossiles aura nécessairement un impact positif sur les deux plans: PE et changement climatique.

Concrètement, les scientifiques appellent la Commission européenne à alléger la charge de la preuve fixée par le projet pour définir un PE pour l’aligner sur ce qui se fait en matière de cancérogènes – où la charge de la preuve est moins importante ET demandent la création d’un organisme international placé sous l’égide des Nations Unies, sur le modèle du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du Climat), qui serait chargé d’examiner les données scientifiques utilisées par les décideurs, et de protéger la science de l’influence de groupes de pression intéressés. Le message est clair?

Parmi les signataires français de la Tribune:

  • Robert Barouki, Université Paris-Descartes
  • Barbara Demeneix, CNRS/Museum d’histoire naturelle
  • Rémy Slama, Inserm
  • Sylvaine Cordier, Professeur émérite, IRSET, Université de Rennes

Autres signataires prestigieux:

  • Jean-Pierre Bourguignon, Université de Liège (Belgique)
  • Andreas Kortenkamp, Université de Brunel (UK)
  • Philippe Grandjean, Harvard Chan School of Public Health (USA)
  • Anna Maria Andersson, Rigshospitalet (DK)
  • Asa Gustafsson, Swetox Research Center (Sweden)
  • Tyrone Hayes, Université de Californie, Berkeley (USA)
  • John P. Myers, Carnegie Mellon University (USA)
  • Leonardo Trasande, New York University (USA)
  • Tracey Woodruff, PRHE- Université de Californie San Francisco (USA)

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