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L’UE s’apprête à autoriser massivement le produit toxique rendu célèbre par Erin Brokovich

L’UE s’apprête à autoriser massivement le produit toxique rendu célèbre par Erin Brokovich Certains "poisons" sont plus célèbres que d'autres: c'est le cas du chrome VI, le polluant au centre de l'enquête de la célèbre Erin Brokovich. On pourrait croire qu'un tel pedigree facilite la substitution rapide du composé en question. Mais une demande en cours d'autorisation du trioxyde de chrome (contenant ce fameux chrome VI) au sein de l'Union européenne risque bien de mettre à nouveau en danger des centaines de milliers de travailleurs. Des ONG demandent aux autorités d'empêcher cette situation, alors qu'une réunion cruciale aura lieu ce vendredi 15 février.

Une autorisation massive du trioxyde de chrome soumise par des industriels

Un consortium de nombreuses entreprises demandent à l’Union européenne une autorisation pour l’usage du trioxyde de chrome – donc du chrome VI. Un comité doit prendre une décision ce vendredi. Or jusqu’ici aucune des 172 demandes d’autorisation formulées dans le cadre du réglement REACH sur les substances chimiques n’a été refusée. La demande concernant le trioxyde de chrome inquiète par son ampleur – elle porte sur un usage de 11 000 tonnes/an de chrome VI, pour une période de 4 à 12 ans – et donc ses conséquences potentielles sur la santé des travailleurs exposés.

Le chrome VI, quels dangers pour quelle réglementation?

Usages du trioxyde de chrome par les détenteurs d’autorisations et les utilisateurs en aval de la chaîne : les quantités augmentent avec le temps. Source: ECHA, septembre 2018
  • Le trioxyde de chrome qui contient du chrome VI est une substance qui est encore autorisée pour un usage professionnel, mais connue pour sa dangerosité : CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique), PBT (persistant, bioaccumulable et toxique), mortelle en cas d’inhalation, toxique par ingestion ou en cas de contact cutané, causant des brûlures sévères aux yeux, mise en cause dans des troubles de la fertilité… et la liste ne s’arrête pas là.
  • Les travailleurs exposés souffrent notamment de cancer du poumon.
  • En raison de sa dangerosité, la substance est identifiée par le règlement REACH comme une « substance extrêmement préoccupante » (SVHC), et donc soumise à autorisation. En principe, elle ne peut être utilisée, sauf dérogation. Dès 2010, elle était classée « candidate » à ce classement.
  • Actuellement, le trioxyde de chrome est utilisé dans le domaine de la mécanique industrielle, fabrication de mobilier, produits électriques, joaillerie, secteur aéronautique notamment. Il a été interdit par l’UE en septembre 2017, donc les usages actuels sont seulement possibles par la voie de l’autorisation via REACH.

REACH, outil pour substituer le trioxyde de chrome

Si le règlement REACH permet des « autorisations » de substances dangereuses, il prévoit également des mesures pour protéger la santé et l’environnement des effets néfastes des substances chimiques dangereuses. L’article 60 du règlement REACH énonce les conditions à remplir pour une autorisation, en termes d’alternatives disponibles, d’impacts de l’autorisation sur la santé et l’environnement, etc. Les 28 ONG signataires d’un courrier commun aux autorités européennes estiment que ces conditions ne sont pas remplies, et demandent le rejet de ces autorisations. Le Bureau européen de l’Environnement le réaffirme d’ailleurs dans un communiqué paru ce jour.