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L’OMS lance un appel en faveur de la prévention primaire des cancers professionnels et liés à l’environnement

Les 17 et 18 mars derniers, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) organisait une conférence internationale sur les déterminants environnementaux et professionnels du cancer et la prévention primaire. Les scientifiques du CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) ont travaillé avec leurs collègues de l’OMS pour élaborer la Déclaration des Asturies (Espagne), un véritable appel à faire de la prévention primaire une réalité.
La Dr Annie J. Sasco, épidémiologiste du cancer de renommée internationale qui assistait à la Conférence en tant que représentante de l’ONG HealthCare Without Harm, a notamment contribué aux débats. Elle souligne l’importance de cet Appel. Elle est par ailleurs membre du Comité d’expert.e.s de Wecf France.

Le constat de la Déclaration des Asturies

La déclaration des Asturies rappelle d’abord les chiffres du cancer: chaque année dans le monde, près de 12 millions de cancers sont diagnostiqués, et la maladie fait plus de 7 millions de victimes . Ensuite, elle souligne que les pays pauvres sont de plus en plus touchés, et surtout qu’un « pourcentage substantiel » de cancers ont pour origine des expositions environnementales et professionnelles, soulignant la vulnérabilité particulière des femmes enceintes, du fœtus, des enfants et des travailleurs.
La prévention primaire est ensuite reconnue comme le meilleur moyen de sauver des vies (et d’économiser des milliards) – c’est dont les coûts sanitaires et économiques du cancer qui sont mis en avant. Enfin le préambule de la déclaration souligne que la prévention primaire dépend d’une « recherche indépendante en matière de causes environnementales et professionnelles du cancer, financée par des fonds publics ».

7 recommandations adressées aux différents acteurs

  • L’OMS devrait faire de la prévention des expositions environnementales et professionnelles du cancer une composante intégrante des politiques mondiales de lutte contre le cancer
  • L’OMS devrait élaborer une convention cadre sur le contrôle des causes environnementales et professionnelles de cancer basée sur les causes identifiées comme cancérogènes certains ou probables [actuellement la base de données de l’OMS recense 107 cancérigènes du groupe 1 (cancérogène pour l’homme) et 58 dans le groupe 2A (probablement cancérogène pour l’homme)>.
  • L’OMS devrait superviser le développement d’indicateurs mesurables en termes d’exposition et de maladie dans le cadre de la surveillance mondiale de la maladie.
  • Les États devraient adopter et mettre en oeuvre des règlementations pour protéger la population des plus vulnérables
  • Les États devraient développer des campagnes de communication pour éduquer les populations sur ces thèmes,
  • Le secteur industriel devrait respecter les mesures règlementaires de prévention des cancers professionnels et liés à des causes environnementales et appliquer les mêmes mesures de protection dans tous les pays, qu’ils soient développés ou en développement [le système à deux vitesses est ici clairement décrié>,
  • La recherche doit s’attacher à connaître les causes environnementales et professionnelles de cancer encore non reconnues pour orienter la prévention à venir.

L’avis de WECF: un grand pas dans la bonne direction
La déclaration est un grand pas dans la bonne direction de la part de l’OMS: elle s’inscrit dans la complémentarité du processus Santé environnement de l’OMS, entamé il y a 20 ans et du CEHAPE (Plan d’action pour la Santé et l’Environnement de l’Enfant en Europe) adopté en 2004 à Budapest, et annonce la reconnaissance officielle de l’importance du défi que constituent les causes environnementales des maladies, dont le cancer. Le plus dur reste à faire puisqu’il s’agit maintenant de traduire la déclaration, qui n’a en elle pas de force (juridique) obligatoire en programmes d’action au niveau de l’OMS, en mettant l’accent sur la prévention primaire, encore trop souvent délaissée pour la prévention secondaire (dépistage notamment) à l’heure actuelle. De même, l’implication de tous les acteurs, soulignée par la Déclaration est un point décisif pour faire réellement avancer la situation. Tout comme la question des moyens alloués à cette politique, car sans moyens conséquents, ces bonnes intentions sont vouées à rester lettre morte.

source:
Asturias Declaration, a call for action: http://www.who.int/phe/news/events/international_conference/Call_for_action_en.pdf