Le risque de cancer du sein augmente chez les femmes ayant travaillé de nuit. Telles sont les conclusions de l’étude CECILE, menée par des chercheurs de l’INSERM publiés dans l’International Journal of Cancer. L’étude a comparé le parcours professionnel de 1200 femmes ayant développé un cancer du sein entre 2005 et 2008 à celui de 1300 autres femmes.
L’Etude CECILE confirme des données existantes
- Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes, et touche environ 100 femmes sur 100 000 par an dans les pays développés. Chaque année, plus de 1,3 million de nouveau cas sont diagnostiqués dont 53 000 en France.
- En 2007, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) avait classé le travail entraînant la perturbation du rythme circadien (contrôlant l’alternance veille-sommeil) comme « probablement cancérigène ». Les horaires décalés ou le travail de nuit en font partie. Exposition à la lumière la nuit, perturbation du fonctionnement des gènes de l’horloge biologique, troubles du sommeil sont autant d’éléments à prendre en compte.
- Les chercheurs concluent à une augmentation de 30% du risque du cancer du sein chez les femmes ayant travaillé la nuit par rapport aux autres femmes, en particulier chez celles qui ont travaillé de nuit plus de 4 ans. L’association semble également plus marquée si on s’intéresse au travail de nuit avant la première grossesse.
Une autre étude sur le même sujet publiée en mai 2012
Au Royaume-Uni, l’Alliance for Cancer Prevention estime que les autorités sanitaires britanniques (HSE) et le cancer establishement n’informent pas les femmes de ce risque. En effet, une étude parue dans le Occupational and Environmental Medecine le 28 mai 2012 estime que le travail de nuit plus de deux fois par semaine augmente de 40% le risque de cancer du sein. Par ailleurs, elle évoque aussi un lien entre travail de nuit et diabète de type 2.
Le Professeur Andrew Watterson, de l’Université de Stirling souligne que depuis la décision du CIRC, de nombreuses études sont venues confirmer les liens entre travail de nuit et cancer du sein. Le HSE se devrait d’informer et d’agir dans ce domaine, d’autant plus qu’il a financé un grand nombre d’études aux conclusions sans équivoque. Pour Hilda Palmer, de Hazards Campaign, il est indécent que le HSE et le caner establishment continuent à exiger des données plus solides, alors que celles-ci existent: attendre les résultats de nouvelles études d’ici à 2015 coûterait la vie à 1500 femmes de plus, victimes d’un cancer du sein lié au travail de nuit.
Les deux études posent le problème de la prise en compte du travail de nuit dans les politiques de santé publique. Le nombre de femmes travaillant avec des horaires atypiques est en augmentation, ce qui nécessite d’autant plus une action de la part des pouvoirs publics. La brochure « Breast Cancer and the Environment », d’Helen Lynn, biologiste travaillant régulièrement avec WECF, adaptée en français en 2008 faisait d’ailleurs état de ce facteur de risque.
Retrouvez ici le communiqué de l’INSERM reprenant les grandes lignes de l’étude.