
On les attendait avec impatience depuis 2024 : Les résultats de l’étude PestiRiv ont été publiés et c’est une triste confirmation : les contaminations aux pesticides sont plus élevées en zone viticole !
Les conséquences sanitaires des pesticides dans les vignobles constituent un sujet qui tient à cœur WECF depuis de longues années. Très préoccupées par le risque encourus par les riverains et riveraines, dont les enfants, vivant à proximité des vignes, nous avons suivi les études réalisées sur la survenue de cancers pédiatriques après exposition aux pesticides. Elles portaient surtout sur l’usage de pesticides par la mère pendant et après la grossesse. L’exposition à certains pesticides pendant la grossesse peut augmenter le risque d’issue défavorable.
Des résultats inquiétants….
Cette étude de grande ampleur menée par l’ANSES et Santé Publique France vise à étudier l’exposition aux pesticides des riverains de zones viticoles. Elle a ainsi identifié une surexposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes par rapport aux personnes vivant loin de toute culture, qui augmente évidemment en en période de traitement. Cette surexposition dépend aussi des quantités épandues et de la proximité avec les cultures.
La surimprégnation des jeunes enfants par une diversité de substances actives est l’un des résultats très préoccupants. En outre, l’étude a pu mettre en évidence que les poussières domestiques sont imprégnées de pesticides ; poussières qui sont une voie d’exposition privilégiée pour les très jeunes enfants, passant plus de temps près du sol et portant fréquemment la main à la bouche.
Enfin il est important de relever que 4 % des Français vivent à moins de 500 mètres de parcelles viticoles….
… déjà été relevés dans le passé
Les signaux d’alerte existent depuis longtemps : Une première étude publiée en 2020, s’était intéressée à l’échelle des communes et avait montré qu’il y avait plus de risques de leucémies pour les enfants dans celles où l’on cultive la vigne.
En 2023, une étude française (Environmental Health Perspectives) confirmait que plus il y a de vignes autour du domicile, plus le risque de leucémie infantile est élevé. Les scientifiques ont observé que quand la densité de vignes autour de la résidence des enfants augmentait de 10 %, le risque de leucémie lymphoblastique — qui représente 80 % des leucémies aiguës de l’enfant — augmentait également de 10 %.
L’étude suscite des réactions divergentes de la part de la filière vinicole, la viticulture étant l’une des cultures qui recoure le plus aux pesticides, tant en fréquence de traitement qu’en quantité. Quant aux expositions des travailleur·euses : Rappelons que le monde vinicole comporte de nombreuses femmes, même si leur reconnaissance dans ces métiers est issue d’un long processus d’émancipation, les femmes étant assignées à des tâches subalternes, dites faciles, « moins physiques » mais non moins pénibles que celles des hommes. Aujourd’hui, un tiers des exploitant·es viticoles français·es sont des femmes, également exposées aux risques chimiques. Des mesures préventives spécifiques doivent être prises pour supprimer les expositions pendant les périodes vulnérables de développement.
Ces résultats rappellent la nécessité de réduire les usages des pesticides et une mise en œuvre de la Stratégie Ecophyto 2030 qui vise une baisse de 50% de l’utilisation des pesticides d’ici 2030.