Pour qu’une substance ou un produit soit interdit ou que son usage soit restreint, il faut qu’elle soit classée dangereuse en vertu de la réglementation applicable: le glyphosate n’échappe pas à la règle. L’évaluation de sa dangerosité est donc une étape cruciale. Plusieurs agences sanitaires se sont penchées sur le cas du glyphosate.
FAO, BfR, CIRC-OMS, EFSA, ECHA: qui dit quoi sur le glyphosate?
- 2011: Un panel d’experts commun à l’OMS et la FAO travaillant sur les résidus de pesticides n’établit pas de dangerosité du glyphosate en matière de cancer.
- 2013: Le BfR (Agence allemande fédérale de l’évaluation des risques) rend un rapport préliminaire à l’EFSA , en tant qu’Etat membre rapporteur. Le BfR examine 150 nouvelles études toxicologiques, près de 300 études toxicologiques disponibles, 900 publications scientifiques et plus de 200 publications. Ses conclusions sont les suivantes: le glyphosate n’est pas cancérogène, pas mutagène ni toxique pour la fertilité, la reproduction ou le développement embryonnaire ou fœtal sur des animaux en laboratoire. L’Agence invite à prendre en considération les co-formulants utilisés dans les herbicides contenant du glyphosate, qui jouent un rôle dans la toxicité. En outre, l’Agence indique qu’une étude sur l’impact d’un herbicide au glyphosate sur la microflore de ruminants ne montre pas d’impact sur la multiplication de la bactérie clostridium.
- Mars 2015: Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) branche de l’OMS chargée de déterminer la cancérogénicité des produits classe le glyphosate « probablement cancérogène pour l’être humain » (groupe 2A). Les données à sa disposition sont nouvelles par rapport aux conclusions de 2011 de la FAO/OMS. Pour le CIRC, les preuves de cancérogénicité sont limitées chez l’être humain pour le lymphome non-Hodgkinien, et les preuves de cancérogénicité sont suffisantes sur les animaux de laboratoire. L’agence note également que le glyphosate cause des dommages à l’ADN et aux chromosomes sur des cellules humaines. Un peu plus tard, le BfR exprime son désaccord avec la classification du CIRC, sur la base de divers arguments .
- Novembre 2015 : L’EFSA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) a rendu plusieurs avis sur la substance. En septembre 2017 , elle estime que le glyphosate n’a pas de propriétés de perturbateur endocrinien.
- 12 novembre 2015: L’EFSA rend son évaluation sur le glyphosate. Elle conclut que le glyphosate n’est pas susceptible de constituer un risque cancérogène pour l’être humain. L’EFSA estime que les données ne permettent pas sa classification comme cancérogène par le réglement CE 1272/2008 réglement CLP, qui régit la classification des substances dangereuses dans l’UE et a des conséquences juridiques. Un classement du glyphosate dans la catégorie 1B « présumé cancérogène pour l’être humain », interdirait le renouvellement du glyphosate au sein de l’UE.
- 15 mars 2017: C’est maintenant au tour de l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) de décider si elle modifie la classification du glyphosate en vertu du réglement CLP. L’ECHA conserve la classification du glyphosate comme « causant de sérieux dommages occulaires » et « toxique pour les organismes aquatiques avec des effets à long terme ». Son comité d’évaluation des risques estime que les données scientifiques existantes ne permettent pas de classer le glyphosate comme étant toxique pour un organe en particulier, mutagène, cancérogène ou reprotoxique.
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