Une vaste coalition d’ONG demande à la Commission européenne une évaluation scientifique solide et indépendante de la toxicité du glyphosate. En parallèle, des scientifiques remettent également en cause la méthodologie et l’évaluation fournie par les agences européennes.
Des ONG dont Pesticides Action Network-Europe (PAN-Europe) et sa branche allemande particulièrement mobilisées
- Avant novembre 2015: L’ONG PAN-Europe fait examiner les nouvelles conclusions du BfR sur le glyphosate, qui font suite au classement du CIRC, par l’un de ses toxicologues, le Dr Peter Clausing. Celui-ci note que le BfR reconnaît pour la première fois que 5 études sur des souris et 2 études menées sur des rats montrent un excès significatif de tumeurs en lien avec une exposition au glyphosate. Cependant, le BfR écarte ces résultats – contrairement au CIRC – comme non pertinents pour le glyphosate, sur la base de plusieurs arguments (données historiques de contrôle issues de laboratoires et d’espèces différentes, tests statistiques différents, exclusion des données additionnelles sur la génotoxicité comme non pertinentes et attribution des effets à une toxicité excessive). PAN-Europe estime qu’il y a violation des lignes directrices de l’OCDE sur l’évaluation toxicologique et les règles de l’UE.
- Novembre 2015, réaction à l’avis de l’EFSA : plusieurs ONG réagissent à la publication de l’avis de l’EFSA, le 11 novembre. Parmi elles, Générations Futures, WECF, CIEL, Greenpeace et de nombreuses autres ainsi que PAN-Europe, Greenpeace ou encore HEAL (Health and Environment Alliance). Dans un communiqué, HEAL déclare que l’EFSA base son avis sur des études non publiées non soumises au contrôle qualité des comités de lecture, tout comme c’était le cas du BfR. [PAN-Allemagne reproche à l’EFSA de prendre en compte la toxicité du glyphosate seul, plutôt que celle des formulations herbicides qui en contiennent. L’évaluation de l’EFSA concerne le glyphosate pur, alors que le CIRC a pris en compte des herbicides. Or, l’EFSA reconnaît que des études montrent une génotoxicité de certaines formulations à base de glyphosate. Au lieu de recommander une non-autorisation du glyphosate à l’échelle de l’UE, elle préfère laisser aux Etats membres le choix d’examiner la génotoxicité des produits contenant du glyphosate et de les autoriser/interdire en conséquence.
Des scientifiques réagissent également
Plusieurs groupes de scientifiques réagissent également à l’évaluation de l’EFSA.
- plus de 80 scientifiques, membres de l’Institute of Science in Society publient une tribune pour partager leur analyse sur la dangerosité du glyphosate.
- Comme le rapporte l’ONG CEO (Corporate Europe Observatory) dans un article de mai 2017, des scientifiques indépendants estiment que les conclusions de l’EFSA et de l’ECHA ne sont pas basées sur des données pertinentes.
Au fil des mois, les révélations des Monsanto Papers ne font qu’alimenter la polémique.
A suivre:
Union européenne, automne 2017 : après les évaluations, le temps du vote