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Endométriose et fibromes utérins liés à des perturbateurs endocriniens: quels coûts en Europe?

Endométriose et fibromes utérins liés à des perturbateurs endocriniens: quels coûts en Europe?

Selon une étude publiée le 22 mars dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, entre 20 et 39% des cas d’endométriose et de fibromes utérins en Europe seraient liés à des expositions à deux substances chimiques, pour des coûts associés de plus de 1,5 milliards de dollars annuels. WECF, qui travaille particulièrement sur les effets des pollutions environnementales sur la santé des femmes, en particulier la santé reproductive des femmes, revient sur cette étude, publiée par l’équipe du Professeur Leonardo Trasande du Centre Médical Langone de l’Université de New York.

Ce que l’étude nous apprend, et ses limites :

  • Le nombre de cas de fibromes attribuables à une exposition au DDE (un pesticide) serait de 56 700, tandis que le nombre de cas d’endométriose attribuables à des expositions à des phtalates (plastifiants ou ingrédients associés aux fragrances) s’élèverait à 14500 cas pour la seule année 2010.
  • Le coût total lié en termes de soins et de coûts économiques s’élèverait entre 1,4 et à 1,5 milliards au total.
  • Les données d’une cohorte de biomarqueurs ont été utilisées pour mesurer l’exposition des femmes européennes et la charge des maladies a été estimée grâce aux bases de données nationales.

Le professeur Leonardo Trasande, auteur principal de l’étude, précise que seules 2 pathologies ont été prises en compte : l’endométriose et les fibromes utérins mais que les perturbateurs endocriniens sont également mis en cause dans d’autres pathologies, comme le SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) ou les troubles de la fertilité. Autre limite de l’étude : le fait de se concentrer sur 2 substances/familles de substances. Pour son équipe, il s’agit donc d’une première étape pour comprendre le rôle des polluants environnementaux dans les pathologies devenues trop courantes chez les femmes.

Les sources de données utilisées

Les auteurs ont examiné les niveaux d’exposition au DDE relevés dans des échantillons de cordons ombilicaux dans le cadre de cohortes de mères, tandis que les niveaux de phtalates ont été mesurés dans des échantillons d’urine de mères et enfants recueillis dans le cadre d’une étude de biosurveillance pan-européenne.

Sur la base d’un travail complémentaire sur l’incidence des fibromes et de l’endométriose chez des femmes âgés de 15-54 ans et de 20-44 ans, et des coûts liées aux traitements par patiente et aux jours de travail perdus, les auteurs estiment que 20% et 39% des cas respectifs de fibromes et d’endométriose sont liés à des expositions à des produits chimiques.

En filigrane : prévenir les expositions in utero et dans l’enfance pour assurer une bonne santé à l’âge adulte

Le Professeur Leonardo Trasande explique que ces données incitent à davantage de prévention aux expositions à des substances chimiques préoccupantes, et précise notamment que « Sans les données pour comparer les expositions lors des premières étapes de la vie et les pathologies qui se déclenchent des années plus tard, nous devions nous fier aux associations plus rapprochées dans le temps » ; Il réclame également « un investissement substantiel dans des études pour compiler des banques de données sur les premières étapes de la vie, qui peuvent ensuite être mises en corrélation avec des pathologies identifiées. »

Pas de données = pas de prévention

Aux Etats-Unis, une étude appelée « Etude Nationale sur les Enfants de l’Institut National de la Santé » prévue pour mesurer les expositions environnementales prénatales de près de 100 000 personnes. Mais elle a été annulée fin 2014 à cause de difficultés de recrutement.
On voit ici l’importance d’assurer un volet recherche important dans les politiques nationales, européennes et internationales pour permettre de générer des données qui seront utilisées pour les actions politiques à mettre en place.

WECF se réjouit de la publication de cette étude et souhaite qu’elle soit prise en compte dans le cadre des travaux du Plan National Santé Environnement au niveau national ou encore dans la définition à venir des perturbateurs endocriniens que la Commission européenne présentera avant l’été.

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