Selon un article publié dans le magazine La Recherche de novembre , des chercheurs de Montpellier ont pour la première fois pu observer deux molécules qui agissent ensemble pour activer un récepteur: il s’agit de la première observation d’un « effet cocktail », phénomène certes connu – par exemple pour le cas de perturbateurs endocriniens – mais qui n’avait pas encore été observé à l’intérieur même d’un récepteur.
[L’article ci-dessous est une simple évocation de l’article de la Recherche, et se compose de rappels sur ce thème. WECF ne propose pas une mise à disposition gratuite du contenu de l’article du magazine la Recherche qui est actuellement disponible à la vente.]
L’effet cocktail, une nouvelle donne
Jusqu’ici, il était admis qu’il fallait examiner les effets d’une molécule pour déterminer ses conséquences sur les organismes et ensuite en déduire une réglementation adéquate. Or, il n’en est rien: il est désormais démontré que deux substances qui prises séparément n’ont pas d’effet, peuvent si elles sont associées lors d’une exposition provoquer un effet: il s’agit donc par exemple d’un effet synergétique – les deux substances agissent dans le même sens, accentuant donc l’effet; Mais un effet cocktail peut aussi inhiber ou simplement modifier les effets des substances prises séparément. On peut donc parler de données complexes: d’autant que les mélanges peuvent être très variés (il y a quelques 150 000 substances chimiques sur le marché à ce jour). L’effet cocktail correspond en tout cas à ce qu’on peut appeler l’exposition réelle, celle dont nous sommes tous tributaires. Nous ne vivons pas dans une bulle. Or, à ce jour, la réglementation ne les prend pas en compte: une tentative du Danemark de faire réglementer un cocktail de plusieurs phtalates (assouplissants du plastique) à travers le règlement REACH a ainsi échoué il y a quelques années. On reste à ce jour à l’examen des effets d’une molécule, ce qui crée un décalage notable entre données prises en compte et réalité de l’exposition subie par les populations humaines et organismes vivants.
L’effet cocktail, un enjeu de la définition des perturbateurs endocriniens
En 2011, dans un rapport rendu pour le compte de la Commission européenne intitulé « State of the art Assessment of endocrine disruptors « , le Professeur Andreas Kortenkamp et ses équipes le mentionnaient d’ailleurs (p. 46) les effets cocktails de substances perturbateurs endocriniens sans effets détectables prises séparément comme un élément important dans l’approche nécessaire pour estimer les effets des PE sur la santé. le rapport recommandait des « informations sur le spectre des perturbateurs endocriniens présents dans les scénarios d’exposition », en l’absence desquels les « risques des perturbateurs endocriniens pour la santé risqueraient d’être sous-estimés ». En 2015, alors que la Commission européenne n’en finit plus de reculer le moment de l’adoption d’une définition des perturbateurs endocriniens, les données de l’équipe de Montpellier viennent confirmer les travaux du Pr Kortenkamp, l’un des meilleurs spécialistes de ces questions. A quand un cocktail de mesures approprié à l’effet cocktail des substances en question?
Pour en savoir plus, consulter « Le secret de l’effet cocktail », Anne Debroise, La Recherche, n° 505, Novembre 2015, p. 17 et suiv.