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COP8 de la convention de Stockholm : des décisions qui perpétuent la violence environnementale à l’égard des peuples autochtones, en violation de leurs droits fondamentaux

COP8 de la convention de Stockholm : des décisions qui perpétuent la violence environnementale à l’égard des peuples autochtones, en violation de leurs droits fondamentaux

Lors de la 8ème Conférence des Parties de la Convention de Stockholm (COP8) se termine : les gouvernements se sont inclinés sous la pression des industriels, comme le montrent leurs décisions concernant l’inscription aux annexes de la convention de deux produits chimiques toxiques. La décision d’inscription dans la convention permet des exemptions qui prolongent les usages industriels pour de longues durées.

Les produits chimiques concernés sont le DecaBDE, un retardateur de flammes couramment présent dans les déchets électroniques, et les paraffines chlorées à chaîne courte (SCCP), utilisées dans la métallurgie et comme retardateur de flamme dans les plastiques. Tous deux sont persistants, toxiques et on les retrouve dans des régions reculées, y compris en Arctique. Ils contaminent les poissons, la faune et les populations partout dans le monde. De plus les SCCP contaminent le lait maternel des populations autochtones de l’Arctique. Une étude récente montre que les volumes de production de SCCP ont été sont bien plus élevés que d’autres produits chimiques de synthèse.

Leigh Takak, habitante du village d’Elim dans la région de l’Arctique de l’Ouest, a participé aux négociations au nom de sa fille et des générations futures. Elle déclare : « Il est essentiel de laisser à nos enfants nos terres et notre eau dans l’état dans lequel nos ancêtres nous les ont t laissé, pour que nos enfants puissent perpétuer nos modes de vie traditionnels. Notre mode de vie, totalement dépendant de notre environnement est plus qu’, mode de vie, c’est le cœur de notre identité. En ce moment, mon peuple est en pleine chasse de printemps des mammifères marins. Ces chasses fournissent une source de nourriture pour nos communautés, comme elles l’ont fait pour les générations passées.« 

Les décisions de la COP8 perpétuent la production et l’usage de DecaBDE et des SCCP. Pour le DecaBDE, la durée des dérogations est sans précédent, avec un usage dans le secteur automobile jusqu’en 2036 et le secteur aéronautique jusqu’en 2100. Le comité d’experts de la Convention avait pourtant proposé une dérogation à durée limitée pour l’utilisation de DecaBDE dans les pièces de rechange automobiles. Une autre proposition de dérogation, autorisant le recyclage du DecaBDE, a cependant été rejetée. Les délégués de la COP8 sont donc allés à l’encontre des recommandations du comité d’experts scientifiques qui ne prévoyait pas de dérogation pour les SCCP compte tenu de la disponibilité d’alternatives. La décision autorise des dérogations pour tous les usages des SCCP, y compris comme lubrifiants dans l’exploration pétrolière et gazière et dans le raffinage du diesel mais aussi dans la métallurgie et des plastifiants dans le polychlorure de vinyle.

Rochelle Diver, qui a dirigé la délégation de l’IITC (International Indian Treaty Council) lors de la COP8, a exprimé sa déception extrême face au mépris délibéré des droits humains et du manque de participation pleine et entière, directe et significative des peuples autochtones dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l’environnement. « Il est essentiel que les liens entre les accords multilatéraux sur l’environnement tels que la Convention de Stockholm et la conformité des États aux traités et conventions existants en matière de droits de l’homme tels que la Convention relative aux droits de l’enfant soient établis. C’est le seul moyen de mettre en œuvre le véritable esprit et l’intention de la Convention de Stockholm, en soulignant le paragraphe du préambule sur les peuples autochtones « .
La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a été approuvée par 148 États membres, dont beaucoup sont présents à cette COP. L’article 29, paragraphe 2, réaffirme que :
« Les États doivent prendre des mesures efficaces pour s’assurer qu’aucun stockage ou élimination de matières dangereuses n’a lieu dans les terres ou les territoires des peuples autochtones sans leur consentement libre, préalable et éclairé ».

Vi Waghiyi, un membre de la tribu Yupik du village indigène de Savoonga, sur l’île Saint-Laurent, dans le nord de la mer de Béring est directeur du programme de santé et de justice environnementale au sein de l’Alaska Community Action on Toxics. Il déclare: «Nous sommes venus de loin, depuis l’Arctique, pour représenter notre peuple qui est parmi les personnes les plus contaminées de la planète. Nous ne pouvons pas accepter que les délégués s’inquiètent davantage des bénéfices des entreprises que de nos droits à la santé et aux droits de l’homme. Leurs décisions permettent de continuer à nuire à la santé de nos enfants et des générations futures.« 

L’International Indian Treaty Council et l’Alaska Community Action on Toxics sont membres de l’IPEN, un réseau mondial de plus de 500 organisations d’intérêt public dans 100 pays travaillant pour éliminer les substances toxiques.

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