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Climat Genre

Communiqué de Presse – Analyse féministe de la COP27

Communiqué de Presse – Analyse féministe de la COP27 Après deux semaines de négociations tendues à la Conférence mondiale sur le climat (COP27), c’est finalement au petit matin du dimanche 20 novembre à Charm-El-Cheikh que les gouvernements sont parvenus à un accord.  

Les organisations féministes, dont WECF et d’autres membres de la Constituante Femmes et Genre (WGC), ont lutté pour que la justice de genre et les droits humains soient au cœur du texte final, car nous constatons une hausse des violations des droits humains et de l’accaparement des terres des peuples autochtones et des petit·es agriculteur·rices – en majorité des femmes – dans le monde entier. En particulier, les violences liées au genre augmentent dramatiquement dans le contexte de la crise climatique, de la dégradation de l’environnement et des déplacements de population qui en découlent, selon un rapport de la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes et les filles, publié en juillet 2022.

« Nous sommes venues à la COP27 pour porter des demandes claires et mettre en avant de nombreuses « Solutions Genre et Climat » fructueuses et efficaces, qui sont des preuves tangibles que la justice climatique est possible, mais aussi pour encourager les États Parties à soutenir une action climatique réelle et inclusive, au lieu de promouvoir de fausses solutions », déclare Anne Barre de WECF.

Le résultat majeur de cette COP27 est la décision de créer un fonds sur les pertes et dommages, afin d’aider financièrement les pays en développement à faire face aux dégâts irréversibles dus aux changements climatiques.

« Les petits États insulaires et autres pays vulnérables sont ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique, qui a des conséquences économiques et non-économiques dramatiques, dont notamment le risque de disparaître complètement sous la montée des eaux. C’est pourquoi la société civile a demandé à plusieurs reprises la création d’un mécanisme de financement des pertes et dommages. Aujourd’hui, nous pouvons célébrer une avancée historique, mais nous resterons vigilant·es sur les flux financiers réels alimentant ce fonds et sur les modalités d’accès, qui doivent absolument être adaptées aux besoins des personnes frappées par les catastrophes »

Sascha Gabizon, WECF

Un autre pas en avant est l’opérationnalisation du Réseau de Santiago sur les pertes et dommages, créé pour soutenir les pays en développement en leur fournissant une assistance technique, des connaissances et des ressources. Un nouveau conseil consultatif sera mis en place, et les constituantes Femmes et Genre, des Peuples Autochtones et des Jeunes pourront y siéger.

« Il est extrêmement inquiétant de constater le peu de volonté politique de progresser en matière d’atténuation des effets du changement climatique. En effet, aucun progrès n’a été fait à la COP27 en ce qui concerne l’engagement d’éliminer progressivement les énergies fossiles, alors que dans le même temps, la science ne cesse de nous alerter sur l’augmentation des émissions de CO2 à l’échelle mondiale », dénonce Sanne Van de Voort de WECF. « Bien que cela aurait dû être fait depuis longtemps, seulement une poignée de pays ont présenté leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) à Charm El Cheikh ; en revanche, plus de 600 lobbyistes du secteur des énergies fossiles et du nucléaire ont afflué dans l’enceinte de la COP, faisant la promotion de leurs fausses solutions climatiques ». Selon le média allemand SPIEGEL, la COP est devenue une place de marché où 20 accords majeurs sur le pétrole et le gaz ont été signés par des « tueurs de climat », tels que Shell et Equinor.   

«Pourtant, chaque jour, nous sommes resté·es fort·es ensemble et avons manifesté contre le manque d’engagements financiers des pays pollueurs du Nord pour répondre à leurs responsabilités historiques. Nous avons manifesté contre les discours néocoloniaux sur les modèles de développement importés et les solutions technologiques risquées telles que le captage et le stockage du carboneCarbon Capture and Storage, ou CCS en anglais – et la compensation « nette zéro » sur les territoires autochtones. C’est pourquoi les organisations de la société civile se sont unies pour réclamer d’une seule voix la justice climatique. Elles ont approuvé la déclaration des peuples de la COP27 lors de la Plénière des Peuples du 18 novembre ».

Gina Cortés Valderrama, WECF et co-point focale de la WGC

« En ce qui concerne l’égalité femmes-hommes, nous sommes sur une pente descendante », déclare Sascha Gabizon, « le texte sur la révision du Plan d’Action Genre de l’Accord de Paris n’a été approuvé que dans les dernières heures des négociations, mais il n’apporte aucune avancée majeure. En effet, il ne contient aucune proposition concrète pour répondre aux conséquences genrées de la pandémie de Covid-19 – démontrées pourtant dans plusieurs rapports des Nations Unies -, ni de la guerre en Ukraine, ou de la flambée des prix alimentaires qui en résulte, ni du recul des droits des femmes dans le monde». En outre, « bien que nous ayons travaillé collectivement pour garantir un espace sûr et inclusif pour tou·tes, nous avons entendu de nombreuses voix de femmes confrontées à la discrimination raciale, au harcèlement, à la surveillance et à l’intimidation pendant leur participation à la COP, depuis le processus de candidature jusqu’à leur départ », signale Cortés Valderrama, « ce qui ne permet pas de construire des rapports de confiance et de garantir une participation inclusive de la société civile ».  

La Constituante Femmes et Genre a fait entendre la voix des féministes africaines à la COP27, soutenant leur pouvoir d’exiger la justice climatique – lisez ici les revendications des femmes et des filles africaines. Elles revendiquent notamment la nécessité d’une plus grande inclusion des femmes et des jeunes dans les processus décisionnels nationaux et internationaux, d’une transition juste et équitable vers l’abandon des énergies fossiles pour tou·tes, de la mise à disposition de financements adéquats, accessibles et centrés sur les droits humains, d’un meilleur accès aux droits fonciers pour les femmes, de l’intégration des savoirs ancestraux détenus par les peuples autochtones et les femmes dans les développements technologiques liés aux changements climatiques.

« On ne pourra remédier à la crise climatique, et aux nombreuses injustices qu’elle exacerbe, qu’en éradiquant les structures et les modèles coloniaux présents dans tous les domaines de la vie. Aucun niveau d’ambition ne permettra d’atteindre la justice climatique si les chaînes structurelles de l’oppression et de la discrimination ne sont pas brisées. La dernière publication de WECF prouve que les solutions climatiques justes venant des pays du Sud, adoptant des trajectoires transformatrices, peuvent garantir des modèles durables et autonomes qui redistribuent le pouvoir et nous permettent de maintenir l’objectif de limitation du réchauffement à 1,5°C en vie ».

Gina Cortés Valderrama