Causes environnementales du cancer du sein
Qui dit causes environnementales exclut les causes liées au « comportement » de l’individu, bien souvent mises en avant, ou encore de la présence des gènes BRCA1 et BRCA2, ou du facteur héréditaire. Il s’agit plutôt de l’impact de l’exposition des femmes à des polluants environnementaux issus principalement d’activités humaines. Et elles ont aussi leur rôle dans la véritable épidémie de ce cancer hormono-dépendant qui touche de si nombreuses femmes.
En 2011, d’éminent.e.s chercheur.euse.s ont lancé un appel international, sous l’égide de l’OMS (Organisation Mondiale de la santé). L’ Appel des Asturies demandait une action pour prévenir les cancers environnementaux et professionnels. 7 actions clés étaient identifiées, dont l’intégration des facteurs environnementaux et professionnels dans les politiques de contrôle des cancers ou encore l’adoption et l’application de réglementations protégeant les populations, dont les plus vulnérables, face aux facteurs environnementaux et professionnels de cancer.
En 2014, lors du colloque Cancer du sein et environnement que Wecf avait organisé à Lyon, était notamment intervenue une chercheuse du Silent Spring Institute, spécialisé sur les causes environnementales du cancer du sein. L’institut a notamment élaboré et publié une base de données sur les cancérogène mammaires. On y trouve divers composés tels que pesticides, produits chimiques industriels, ingrédients de médicaments, de teintures pour cheveux, hormones, solvants chlorés, produits naturels, etc. Des perturbateurs endocriniens font partie de ces produits.
Le business rose du cancer du sein oublie les causes environnementales
Mais alors, pourquoi les facteurs environnementaux – et professionnels – sont systématiquement absents des grandes campagnes d’information? Evidemment, il est essentiel de parler de la maladie, de la manière de la traverser, de faire progresser les traitements, les prises en charge, l’accompagnement, etc. Mais quid de la prévention primaire, en particulier celle qui va au-delà des facteurs individuels? Que penser de campagnes invitant à acheter des cosmétiques pouvant potentiellement contenir des ingrédients perturbateurs endocriniens ou cancérogènes pour lutter « contre le cancer du sein », ou de certaines entreprises qui se mobilisent tout en commercialisant des substances mises en cause dans la maladie ? Aux Etats-Unis, ces actions sont dénoncées par Think before you pink initié par le Breast Cancer Action (Californie).
2019: campagne de l’INCa autour des « petits gestes » pour « de grandes avancées »
En France, comme dans de nombreux pays, les facteurs comportementaux individuels sont mis en avant. En témoigne le site de l’INCa, institut national du cancer : alcool, tabac, sédentarité/manque d’exercice physique, obésité à côté des facteurs héréditaire et de la prédisposition génétique. Le rôle des facteurs hormonaux est à peine évoqué (« cancérogènes dans la fumée du tabac, l’alimentation, l’amiante… »). Mais rien d’autre. L’INCa n’a pas peur du ridicule : sans sciller, son site mentionne » L’âge et le sexe: principaux facteurs de risque de cancers du sein » – un truisme, équivalent à la vérité selon laquelle l’hypospadias (malformation de l’appareil génital masculin) toucherait des petits garçons. Cerise sur le gâteau, l’INCa préconise une série de « gestes simples » : ne pas fumer, ne pas boire et faire plus d’exercice. Et Basta! On est encore loin de l’intégration de la dimension environnementale demandée il y a 8 ans par les expert.e.s internationaux lors de la conférence des Asturies.
Mammographie: combien de surdiagnostics?
Un dernier point à mentionner ici: les surdiagnostics et donc les surtraitements liés à la mammographie qui seraient parfois à signaler. Sans remettre en cause la nécessité d’un dépistage précoce, un taux de surtraitement important a été mentionné dans des études publiées ces dernières années le dépistage mammographique révèlant souvent des lésions que l’on aurait mieux fait d’ignorer.