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Climat Genre

« Avec Nous / Pour Toustes », dialogue de la société civile sur la diplomatie féministe

« Avec Nous / Pour Toustes », dialogue de la société civile sur la diplomatie féministe

En amont de la 4ᵉ Conférence ministérielle sur les politiques étrangères féministes, un collectif d’organisations de la société civile, dont WECF, a organisé un forum de dialogues féministes le mardi 21 Octobre à Paris. Cet évènement avait pour objectif de rappeler à la France et aux Etats défendant le principe d’une politique étrangère féministe que la société civile était et devait être considérée comme partie prenante à la mise en œuvre de cette politique et que de nombreux efforts devaient être considérés pour protéger partout les droits des femmes dans un contexte international très incertain.

(De gauche à droite, lors de la table ronde sur les liens entre climat et enjeux féministes, Memory Kachambwa, FEMNET, Léah Khayat, WECF France, Delali Adedje, YOKOUMI, Lucie GAMOND, Les Framboisières)

Le mardi 21 octobre, dans les locaux de l’Agence Française de Développement, plusieurs tables ronde thématiques ont été organisées toute la journée avec des militantes des Suds et des organisations partenaires sur les thématiques de la justice économique et sociale, la justice climatique, la lutte contre les violences basées sur le genre, les droits et santé sexuels et reproductifs.  Le slogan « Avec nous / Pour toustes » symbolisait la volonté d’unir les luttes pour l’égalité, la justice environnementale et la solidarité internationale.

Une déclaration conjointe  élaborée par une large coalition d’organisations dont WECF et signée par plus de 150 organisations féministes de la société civile, a été présentée en fin d’évènement à Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale de la conférence ministérielle, autour de quatre axes : réaffirmer les valeurs féministes, financer les premières lignes de l’action, contrer les mouvements anti-droits et institutionnaliser la redevabilité.

Lors des tables rondes, WECF et ses partenaires ont animé deux panels, dont un consacré à la diplomatie féministe comme levier pour la justice climatique. Ce panel a donné la parole à deux lauréates du prix Solution Genre et Climat : Delali Adedje et Lucie Gamond Rius. Delali a présenté son entreprise féministe Yokumi, créée au Togo pour offrir un débouché équitable aux productrices de beurre de karité. Son témoignage a illustré les défis d’accès au financement pour des projets à fort impact écologique et social, tout en soulignant comment la dégradation des écosystèmes affecte directement les femmes rurales. Son initiative, soutenue par des technologies propres comme le solaire et la biomasse, montre comment la justice climatique peut s’enraciner dans les réalités locales.

De son côté, Lucie Gamond Rius a mis en lumière la situation dramatique des femmes réfugiées climatiques, souvent victimes de violences physiques et sexuelles. Son intervention a démontré comment des programmes simples – formations techniques, accompagnement à la parentalité, soutien communautaire – peuvent transformer ces femmes déplacées en actrices d’une transition énergétique juste. Ces échanges ont ouvert la voie à un second panel plus institutionnel, réunissant des expertes comme Hindou Oumarou (coprésidente du Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique), Christine Chambon (AFD) et Rebecca Heuvelmans (WECF). Cette dernière a insisté sur la nécessité que le nouveau Plan d’action genre (GAP) qui doit être adopté lors de la COP30 soit à la fois ambitieux et concret, rappelant que « l’action climatique est la plus efficace lorsqu’elle est juste, et la plus réalisable lorsqu’elle est ambitieuse ».

Illustration de la table ronde « Justice climatique  » de Sophie Raynal – Prête moi tes yeux. *Correction: « Les Framboisières » est une organisation opérant en France, mais sa fondatrice a précédemment travaillé en Turquie.

A la fin de cette journée, une soirée conviviale a permis de renforcer les liens entre les actrices et acteurs de la justice climatique et du féminisme. Les participantes ont partagé leurs expériences autour du programme Solutions Genre et Climat organisé tous les ans depuis la COP 21 à Paris, de son réseau de mentorat et de l’importance de la solidarité internationale. L’événement, organisé dans une atmosphère intime et collaborative, a montré comment chaque engagement individuel contribue à faire vivre un mouvement écoféministe global. Il a également servi de passerelle entre les actions de terrain et la diplomatie internationale, en préparation des débats de la COP30.

La 4e Conférence ministérielle sur la Politique étrangère féministe s’est ensuite tenue les 22 et 23 octobre, et a rassemblé plus de 500 participantes et représentants gouvernementaux, venus de 55 États différents. Les discussions ont porté sur les défis actuels, notamment la montée des mouvements anti-genre, le recul du financement pour la société civile et la nécessité de préserver les acquis des dix dernières années. La Déclaration politique de Paris, adoptée à la clôture et signée par 31 États, a réaffirmé, avec un langage fort, les engagements en faveur de l’égalité des genres, des droits sexuels et reproductifs, de la reconnaissance de la diversité des familles et de la promotion d’une diplomatie véritablement féministe.

WECF et la société civile ont démontré leur capacité de mobilisation dans un temps record, les dates officielles ayant été confirmées peu après la rentrée. Nous saluons la Déclaration politique de Paris et nous continuerons de plaider pour que les politiques publiques et les financements correspondent aux engagements des États pour la mise en œuvre d’une diplomatie féministe ambitieuse et à la hauteur des nombreux défis de notre époque sur la scène internationale.