
Les maladies chroniques, facteur de risque accru
Dans un rapport du 14 mars dernier, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) rappelle que les complications liées au Covid-19 et les formes graves de syndrome respiratoire aigu qui en résultent, sont plus courantes chez les personnes souffrant de maladies chroniques. Une mise en garde équivalente à celles émises par le Center for Diseases Control and Prevention (USA). Des maladies telles que :
- l’obésité morbide (indice de masse corporelle supérieur à 40 kg/m2) et plus largement l’obésité,
- le diabète,
- l’hypertension artérielle,
- les pathologies respiratoires,
- l’insuffisance rénale,
- les cancers,
- asthme,
- maladie pulmonaire chronique,
- maladie rénale traitée par dialyse,
- personnes immunodéprimées ou au système immunitaire déprimé,
- les cirrhoses et maladies du foie.
Concernant l’obésité, et le surpoids, la maladie est associée à des pathologies elles-mêmes facteurs de risque du Covid-19 aggravé: hypertension artérielle, diabète de type 2 , maladie coronarienne (maladie des artères vascularisant le cœur qui résulte en un apport en sang insuffisant au muscle cardiaque).
Les perturbateurs endocriniens, en cause dans les maladies chroniques qui rendent vulnérables face au Covid-19
Dans un article publié le 23 avril dans Environmental Health News, deux scientifiques experts de la question des perturbateurs endocriniens (PE), Linda S. Birnbaum et Harrold J. Heindel, alertent sur le besoin devenu d’autant plus urgent avec la crise du Covid-19, de réduire l’exposition des populations aux PE, omniprésents dans notre environnement quotidien, et mis en cause dans de nombreuses maladies chroniques. S’ils se placent dans le contexte des Etats-Unis d’Amérique, leurs recommandations peuvent largement être extrapolées au reste du monde.
En effet, le déséquilibre du système endocrinien lié aux désormais tristement célèbres « PE » peut entraîner diabète, obésité, cancers de l’appareil reproducteur, troubles cardiaques, troubles du système immunitaire notamment. Les auteurs rappellent quelques chiffres édifiants concernant les États-Unis, auxquels nous ajoutons ceux pour la France:
États-Unis:
- Obésité : Plus de 42% des adultes de 20 ans et plus souffrent d’obésité (soit 130 millions de personnes)
- Troubles et atteintes du système immunitaire (asthme, maladie pulmonaire obstructive chronique, psoriasis, lupus, etc.) sont très courant.
- Ainsi, plus de 23 millions d’Américains souffrent de maladie(s) auto-immunes,
- L’asthme touche quant à lui 25 millions de personnes dans le pays.
- Le diabète de type 2 concerne 11% des Américains de 20 à 79 ans, au total 34 millions souffrant de diabète. Les taux élevés de glucose dans le sang, et leur fluctuation sont un facteur rendant difficile le traitement des infections virales. Par cascade, leur diabète entraîne des problèmes cardiaques et rénaux.
France:
- Obésité : 17% de la population serait obèse (les Outre-Mer sont particulièrement touchés), contre 8% en 1997, tandis que le surpoids touche 54% des hommes et 44% des femmes.
- L’asthme toucherait 4 millions de personnes en France, soit 10 à 16% des enfants (CM2, troisième, maternelle), et plus de 6% des adultes.
- Les maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaque, le diabète de type 1 ou la polyarthrite rhumatoïde toucheraient 5 à 8% de la population en France et dans le monde. 80% des personnes touchées sont des femmes, ce qui serait lié à l’influence des hormones féminines sur ces maladies (rôle des œstrogènes et de la prolactine, secrétée au moment de la lactation).
- Le diabète touche 5% de la population, soit 3,3 millions de personnes en France – qui sont sous traitement. Le diabète de type 2, non-insulino-dépendant, touche 92% des diabétiques, tandis que 6% souffre de diabète de type 1, insulino-dépendant.
L’urgence est de réduire l’impact de la pandémie actuelle, mais aussi de se renforcer face aux possibles pandémies prochaines. Les maladies chroniques sont liées à des facteurs génétiques et environnementaux. Et comme le rappellent justement les auteurs de l’article précité « Nous ne pouvons changer nos gènes, mais nous pouvons changer notre environnement ».
A revoir : Un monde obèse, Arte, disponible en replay : http://www.arte.tv/fr/videos/083970-000-A/un-monde-obese
Sources:
Maladies auto-immunes, asthme, diabète, Inserm, https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/maladies-auto-immunes et https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/asthme et https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/diabete-type-2
Étude ESTEBAN 2014-1016- chapitre corpulence: stabilisation du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adulte, Santé Publique France, mai 2019, https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2017/etude-esteban-2014-2016-chapitre-corpulence-stabilisation-du-surpoids-et-de-l-obesite-chez-l-enfant-et-l-adulte
Covid-19 : pourquoi le patient obèse est à haut risque ? La revue du praticien, mars 2020, https://www.larevuedupraticien.fr/article/covid-19-pourquoi-le-patient-obese-est-haut-risque
Endocrine-disrupting chemicals weaken us in our COVID-19 battle: Linda S. Birnbaum, Jerrold J. Heindel, Environmental Health News, 23 avril, https://www.ehn.org/chemical-exposure-coronavirus-2645785581.html
État des connaissances et recommandations de l’AFERO / CSOs / FORCE, Association française d’Étude et de Recherche sur l’obésité, Centre Spécialisé de l’obésité, French Obesity Center for Excellente, 22 mars, http://www.afero.fr/userfiles/files/prive/RECO%20AFERO-COVID-23032020.pdf
Haut Conseil de Santé Publique, 14 mars 2020, https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=775
People with Certain Medical Conditions, Centers for Diseases Control and Prevention, https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/need-extra-precautions/people-with-medical-conditions.html