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Armements chimiques et chimie conventionnelle : une filiation souvent laissée dans l’ombre

Le cas de Carl Duisberg, le « génie criminel » de Bayer


D’après des informations de la Coalition against Bayer dangers

Ce 29 septembre marquait le 150ème anniversaire de la naissance de Carl Duisberg, ancien directeur exécutif de Bayer, également à l’originaire du conglomérat IG Farben. En Allemagne, une coalition comprenant des scientifiques, historiens et médecins, demande que le nom de Carl Duisberg ne soit plus associé à des rues, des écoles ou encore que lui soit retiré le titre de citoyen d’honneur de la ville de Leverkusen. Carl Duisberg s’illustre en jouant un rôle dans plusieurs épisodes tristement célèbres de l’histoire européenne.

Gaz de combat, travail forcé, soutien au régime nazi

Dès le XIXème siècle, Carl Duisberg fait la promotion des remèdes miracle mis au point par Bayer que sont l’aspirine et l’héroïne (oui, c’est bien elle qui deviendra un véritable fléau). A l’aune du premier conflit mondial, Carl Duisberg, tout comme Fritz Haber, soutient et participe au développement des gaz de combat (phosgène, gaz moutarde), en violation de la Convention de La Haye sur le droit de la guerre, et va même jusqu’à créer une école dédiée à la mise au point d’armes chimiques. Cela lui vaut d’être inscrit sur les listes de demande d’extradition des Alliés : il craint d’être considéré comme criminel de guerre. L’utilisation de gaz de combat pendant le conflit a causé 1 million 300 000 blessés et fait au moins 90 000 morts.

En tant que représentant de l’industrie allemande, il encourage également le travail forcé d’une partie de la main d’œuvre belge : 60 000 travailleurs belges seront ainsi soumis au travail forcé par le régime allemand lors de la 1ère guerre mondiale. Cette déportation est un prélude à la mise en œuvre du STO (Service du Travail Obligatoire) à grande échelle par le régime nazi lors du second conflit mondial.

En 1925 il préside à la naissance du conglomérat industriel IG Farben (Bayer, Basf, Hoechst et d’autres) regroupés sous le slogan Arbeit macht frei qu’on retrouvera au fronton des camps de concentration quelques années plus tard. IG Farben restera le plus gros regroupement industriel en Europe pour bien des années.

Mais il ne s’arrête pas là : hostile au régime de la République de Weimar, il organise au début des années 30 des donations industrielles envers les partis allemands conservateurs et nationalistes, dont le parti nazi. Devant la chambre de commerce de Düsseldorf, il se dit favorable à la création d’une zone économique européenne sous domination allemande ». En échange des millions en donations, le parti nazi lui garantit un débouché pour le caoutchouc synthétique et le carburant d’IG Farben. A sa mort en 1935, il emporte les regrets personnels d’Hitler que celui-ci décrit comme « l’un des premiers pionniers et leaders de l’industrie chimique allemande dont le nom passera à la postérité dans les mémoires allemandes ».