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Crèmes solaires : notre demande d’interdire l’octocrylène confortée par une récente étude

Crèmes solaires : notre demande d’interdire l’octocrylène confortée par une récente étude Une récente étude internationale indique que l'octocrylène, ingrédient courant des produits solaires, se transforme avec le temps dans les cosmétiques en benzophénone, identifiée comme mutagène, cancérogène et perturbateur endocrinien. Chez Wecf France, ce composé ne nous est pas inconnu : en juillet dernier, notre rapport sur les produits solaires pour enfants, publié conjointement avec Agir pour l'Environnement, demandait l'interdiction de l'octocrylène dans ces produits, en raison de ses propriétés de perturbation endocrinienne, et ses effets sur les écosystèmes. Cette étude apporte un éclairage complémentaire et vient conforter nos demandes : travail par familles de substances, substitution des composés les plus préoccupants.

Objectif de l’étude

  • L’équipe de recherche, composée de membres du Laboratoire de biodiversité et biotechnologies microbiennes de l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (Sorbonne Université/CNRS) et de confrères américains avaient pour objectif de vérifier l’absence de benzophénone – un ingrédient mutagène, cancérogène et perturbateur endocrinien – dans des crèmes solaires.
  • Aux Etats-Unis, la benzophénone est interdite dans les aliments et emballages alimentaires et aucun seuil n’est jugé sûr pour son usage dans les produits cosmétiques, dont les crèmes solaires, anti-rides, etc.
  • Dans l’UE, plusieurs composés de la famille des benzophénones sont placés sur une liste prioritaire à l’évaluation de leur propriétés de perturbateurs endocriniens, et leur quantité maximale est pour certains déjà réglementée.

Méthode : 3 éléments à vérifier

L’étude a recherché 3 éléments :

  • Présence de benzophénone dans de nombreuses crèmes solaires,
  • Augmentation ou non de la concentration de benzophénone dans ces produits dans le temps,
  • Rôle de la dégradation d’octocrylène comme source de contamination par la benzophénone.

L’étude a porté sur 9 produits solaires vendus dans l’UE et 8 aux Etats-Unis. Les produits ont été soumis à un vieillissement accéléré pour simuler le vieillissement du produit cosmétique.

Résultats : benzophénone bien présente en lien avec l’octocrylène

  • 16 des produits récemment achetés contenant de l’octocrylène avaient une concentration de benzophénone moyenne de 39 mg/kg, variant de 6 à 186 mg.
  • La benzophénone n’est pas détectable dans le produit sans octocrylène, avant ou après vieillissement.
  • Soumis à un vieillissement, les 16 produits avec octocrylène voient leur concentration en benzophénone augmenter, passant à 75 mg/kg en moyenne, avec une variation de 9,8 à 435 mg.
  • La benzophénone est détectée dans l’ingrédient octocrylène examiné seul.

Recommandations :

L’étude rappelle que la benzophénone tout comme l’octocrylène sont connus pour être absorbés par la peau à près de 70% : la contamination de l’organisme est donc réelle. Bien que négligeable, la quantité de benzophénone présente est bien associée à la présence d’octocrylène, en tant qu’impureté. La Fédération des industries cosmétiques (FEBEA) se veut rassurante, mais à nos yeux ne convainc pas.

Pour Wecf France, l’octocrylène en tant que tel pose problème pour les écosystèmes d’abord (interdit dans les Iles Marshall pour ses méfaits sur les récifs coraliens), et la santé, puisqu’il est très fortement suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Savoir qu’il se dégrade ou contient des traces de benzophénone, connue pour sa cancérogénicité, mutagénicité et son caractère perturbateur endocrinien est un nouvel élément peu rassurant.

Dans la continuité de notre étude de juillet, nous réitérons donc notre demande d’interdire l’octocrylène dans les produits solaires, pour enfants, et plus largement, sur la base de ces nouveaux éléments, en vertu du principe de précaution. A l’avenir, la prise en compte de familles de substances et une approche plus globale de l’évaluation des cosmétiques paraît nécessaire. Là encore nos demandes auprès des pouvoirs publics vont en ce sens.

En savoir plus :

Un filtre présent dans de nombreuses crèmes solaires se transforme en un composé cancérigène , CNRS, 8 mars 2021, https://www.cnrs.fr/institut_inc/fr/un-filtre-present-dans-de-nombreuses-cremes-solaires-se-transforme-en-un-compose-cancerigene et https://www.cnrs.fr/institut_inc/sites/default/files/press_info/2021-03/CP_Un_filtre_pre%CC%81sent_dans_de_nombreuses_cre%CC%80mes_solaires_se_transforme_en_un_compose%CC%81_cance%CC%81rige%CC%80ne_vdef.pdf

Benzophenone Accumulates over Time from the Degradation of Octocrylene in Commercial Sunscreen Products, C. A. Downs, Joseph C. DiNardo, Didier Stien, Alice M. S. Rodrigues, Philippe Lebaron, Chemical Research in Toxicology, 8 mars 2021, https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.chemrestox.0c00461#