Skip to main content
whatshot Produits chimiques Santé-environnement

Sur la trace des biocides: en 2016, quelles nouvelles?

WECF France suit depuis plusieurs années en tant qu’observateur les réunions des autorités compétentes – Etats membres, Commission européenne, Agence européenne des produits chimiques – sur la question des biocides. Alors que 2015 a vu l’entrée en vigueur des premières dispositions du nouveau règlement adopté en 2012 – mais encore sous une période de transition – 2016 apportera aussi quelques nouveautés. Les voici ci-dessous – et certaines nous concernent tous au quotidien.

Le nouveau règlement prévoit que pour être autorisées sur le marché, les substances actuellement commercialisées doivent faire l’objet d’une autorisation renouvelée: ainsi des dates d’échéance par substance active (comprenez ce qui donne au produit fini sa capacité à être un biocide – à tuer, limiter la croissance d’un microorganisme) s’échelonnent tout au long des mois. En 2016, 3 substances notamment utilisées dans des produits de grande consommation seront soumis à cette procédure:

  • la perméthrine, une substance autorisée dans les insecticides ménagers. Elle appartient à la famille des pyréthrinoïdes. Ils sont notamment utilisés dans les shampoings anti-poux et les prises anti-moustiques. Plus de 1000 pyréthrinoïdes différents ont été mis au point. Un petit nombre est utilisé très couramment comme la perméthrine et la deltaméthrine. Commercialisés, les insecticides sont couplés avec des adjuvants qui renforcent leur action, en empêchant certaines enzymes de les fractionner, augmentant ainsi leur toxicité. Cette famille de composés est suspectée d’avoir des impacts sur la fertilité masculine, le développement prénatal (autisme et retard de développement) et il est recommandé aux femmes enceintes de ne pas s’y exposer.
  • l’alpha-cyperméthrine, de la même famille que la perméthrine. L’Inserm, note au sujet des pyréthrinoïdes, une augmentation des taux urinaires de deux métabolites de pyréthrinoïdes (3‑PBA et cis-DBCA) chez les enfants, associée à une baisse significative de leurs performances cognitives, en particulier de la compréhension verbale et de la mémoire de travail. Ces données sont issues de la cohorte PELAGIE (Bretagne), menée sur 300 couples mère-enfant. Cette étude a été réalisée sur près de 300 couples mère-enfant de la cohorte PELAGIE (Bretagne). Les enfants, comme le rappelle l’Inserm sont plus exposés que les adultes, en raison de leur proximité avec le sol, les poussières, etc. Rappel: les pyréthrinoïdes sont des composés dangereux pour les chats.
  • la méthylisothiazolinone, une substance utilisée comme conservateur en cosmétique et dans de nombreuses autres applications (produits ménagers, etc.). Elle est allergène et son usage en cosmétique fait l’objet de travaux des comités scientifiques d’évaluation en Europe et en France.

Pour continuer à commercialiser ces 3 substances, et 8 autres, les industriels devront déposer des demandes d’autorisation européenne (sans avoir besoin d’autorisation nationale). L’Agence européenne des produits chimiques recommande aux industriels de déposer des « pré-demandes ». A ce jour, l’ECHA a reçu 14 demandes d’autorisation européenne. En 2016, l’Agence espère recevoir au moins 8 demandes d’autorisation et plus de 30 pré-demandes.

Sources:

  • Agricultural Pesticides: The CHARGE Study, Environmental Health Perspectives, Environmental Health Perspectives, 2014