Parfums et santé
Les parfums sont ajoutés dans la plupart de nos produits du quotidien. Où se cachent-ils et quels sont les effets sur notre santé ?
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- Alimentation: ils s’appellent « arômes » et on les trouve dans les sodas, les yaourts à la fraise, les chips au Barbecue et bien d’autres produits aromatisés ! Les arômes dans l’alimentation appartiennent à une législation spécifique dans l’UE. Ils doivent être évalués par l’Agence européenne de la sécurité alimentaire (EFSA) avant de pouvoir être autorisés dans les aliments. Pour en savoir plus, lisez notre article de la semaine passée sur l’alimentation.
- Cosmétiques: on les retrouve dans le maquillage, les dentifrices, les crèmes hydratantes, les savons et bien évidemment les eaux de toilette. Très souvent sur l’étiquette, on lit juste « Parfum » sans vraiment savoir de quelle(s) substances(s) il s’agit. D’autres ingrédients dans les cosmétiques sont des substances parfumées comme le limonène, le linalol ou le Benzyl benzoate. Certaines peuvent être allergènes, d’autres sont suspectés d’avoir des effets perturbateurs endocriniens comme le Benzyl salicylate ou Butylphenyl methylpropional (le Lilial interdit dans les cosmétiques depuis le 1er mars 2022). Certaines de ces substances sont interdites dans les cosmétiques et 26 autres doivent obligatoirement être étiquetés avec le nom complet.
Des parfums jusque dans les culottes !
Les fabricant·es de protections périodiques ajoutent des parfums à leurs produits : serviettes, tampons etc.. Vendu pour « cacher l’odeur » des règles, la présence de ces parfums est problématique pour la santé des femmes. Ces derniers peuvent être allergisants mais aussi perturbateurs endocriniens ou toxiques pour la vie aquatique. L’ajout de parfum suppose la présence d’agent fixateur de parfum comme les phtalates, suspectés d’être perturbateur endocrinien. La cerise sur le gâteau : aucune législation spécifique ne contrôle la présence de substances préoccupantes dans les protections périodiques. Depuis mars 2022, le Lilial a été interdit dans les protections en raison de ses propriétés dangereuses : une petite victoire.
- Jouets : on les retrouve sur les peluches, les feutres ou les kits de maquillage. Certains parfums sont pourtant interdits (au nombre de 55 dans la Directive sur la sécurité des jouets) en raison de leurs propriétés allergisantes et 11 autres doivent obligatoirement être étiquetés sur les jouets (voir la section sur l’étiquetage). Avec les plus petit·es, il faut donc redoubler de vigilance quand il s’agit de parfum. Leurs organismes sont plus vulnérables : réactions allergiques, contact avec des perturbateurs endocriniens qui peuvent affecter leur santé à court ou long terme.
- Produits ménagers: on les retrouve dans les lessives, les désodorisants d’intérieur, les liquides vaisselles, les produits dépoussiérants, etc… Dans ces produits, les parfums peuvent avoir des effets allergisants. Certaines substances parfumées ont été mis en cause dans des cas d’asthmes chez les professionnel·les du secteur de l’industrie et de l’entretien. Les femmes sont encore plus exposées à ces substances par leur rôle socio-économique dans la société (lire notre prochain article sur les produits ménagers).
- Autres articles du quotidien : les parfums d’intérieur, diffuseurs d’huiles essentielles, bougies, désodorisants pour voiture, il y a tout un autre vaste domaine de produits qui contiennent des parfums naturels ou de synthèse. Peu règlementés, ces produits peuvent être allergènes. Diffuser par des aérosols dans notre air intérieur, on inhale les parfums et toutes les autres substances toxiques que ces produits peuvent émettre : des antibactériens, des solvants ou des composés organiques volatils (COV). Sans une aération efficace, ces substances peuvent longtemps rester en suspension dans l’air.
La règlementation sur l’étiquetage des parfums
La plupart des parfums sont allergisants et doivent donc être étiquetés sur les produits avec un pictogramme de danger (voir encadré ci-dessous). Cet étiquetage est imposé par le règlement classification, étiquetage et emballage dit « CLP ». Ce règlement européen met en place des règles communes pour étiqueter les substances toxiques dans l’Union européenne. WECF suit la révision de ce règlement pour qu’il soit un outil plus protecteur de la santé et de l’environnement (voir article sur CLP). Les règlements sur les cosmétiques, les détergents et les jouets (comme vu dans la section précédente) imposent des règles spécifiques sur l’étiquetage de certains parfums.
Parfums et environnement :
Les parfums sont partout dans notre quotidien et dans notre environnement. Aux différents stades de sa vie, un parfum génère des pollutions.
- Fabrication du parfum : les parfums de synthèse sont fabriqués à partir de la pétro-chimie. C’est-à-dire que les produits synthétiques sont issus du pétrole. L’extraction du pétrole et les processus chimiques de fabrication sont des activités polluantes générant des gaz à effet de serre et des pollutions chimiques.
- Issu de substances naturelles, les fleurs, fruits et autres fleurs peuvent avoir été récoltés avec des pesticides. Ces pesticides polluent les écosystèmes autour des exploitations de ces sources et des traces de pesticides peuvent se retrouver dans le produit final.
- Utilisation du parfum : contenu dans les lessives, les autres produits ménagers, les cosmétiques, toutes les substances se retrouvent dans les eaux usées. Certains parfums dont le limonène son très toxiques pour la vie aquatique.
- Fin de vie du parfum : les produits contenant des parfums ne sont pas recyclables, ni biodégradables. Si on ne les trie pas correctement : vider dans les eaux usées, déversement dans la nature, alors les substances parfumées polluent les écosystèmes.
Les huiles essentielles
Les huiles essentielles connaissent un grand succès ces dernières années. Vues comme des méthodes naturelles et alternatives aux médicaments, parfums ou arômes alimentaires, les huiles essentielles ne sont pas sans danger. Ces dernières peuvent être très allergènes, d’autres ont des effets neurotoxiques reconnus, d’autres sont étudiées pour leur potentiel caractère de perturbateur endocrinien (comme l’huile essentielle de lavande). Quand elles ne sont pas issues de l’agriculture biologique, elles peuvent également concentrer des traces de pesticides.
Beaucoup de données manquent sur les huiles essentielles qu’ils s’agissent de leurs bienfaits ou de leurs méfaits. Les révisions des règlements REACH et CLP devraient permettre d’y voir plus clair sur les propriétés de ces produits.
L’utilisation des huiles essentielles est fortement déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes et chez les enfants de moins de 7 ans.
Alternatives et conseil : Sentir bon de manière durable
- Les produits parfumés sont à proscrire pour les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants de moins de 7 ans en raison de leurs effets néfastes sur la santé
- Alimentation : éviter les produits ultra-transformés (voir article sur l’alimentation) plus susceptible de contenir des arômes de synthèse. Pour parfumer vos plats, pensez aux herbes aromatiques, aux agrumes ou aux épices.
- Cosmétiques, produits ménagers : évitez aux maximum les produits avec des parfums ajoutés. Privilégier les cosmétiques ou les produits ménagers simples avec peu d’ingrédients et sans parfums ajoutés (voir notre article sur les cosmétiques et l’article à venir sur les produits ménagers). Une bonne alternative de parfums pour les cosmétiques, ce sont les eaux florales permettant de parfumer légèrement. Elles peuvent être utilisées pour les plus jeunes aussi.
- Parfumer son intérieur : le propre n’a pas d’odeur. Si on souhaite donner une odeur agréable à une pièce on peut faire une macération de peaux d’agrumes. Attention, si vous utilisez des bougies, encens ou diffuseur d’huiles essentielles, penser à bien aérer les pièces pour renouveler l’air. Tout ce qui brule provoque une réaction chimique et dégage des gaz néfastes : comme des composés organiques volatils, du dioxyde de carbone et du formaldéhyde.
« 100% naturel » vraiment ?
Les rayons sont remplis de produits étiquetés « naturels », « bon pour la planète » ou tout simplement avec un emballage vert, ces mentions peuvent nous tromper dans nos achats. Elles sont particulièrement présentes sur les bougies, produits ménagers ou diffuseurs de parfum. Ce phénomène est celui de l’ « écoblanchiment » (ou « Greenwashing »). C’est un phénomène, où les marques souhaitent se donner une image plus écologique, mais ne donnent aucune preuve factuelle que leurs produits sont meilleurs pour l’environnement. La loi AGEC et une initiative européenne sont en cours pour mieux légiférer sur ces mentions.
- Essayer de repérer les labels écologiques
Ces labels ont été apposés sur les produits à la suite d’un système de certification vérifié par un organisme indépendant.
- Un doute sur les allégations d’un produit ? Ne pas hésiter à questionner les producteur·ices sur ces méthodes ou utiliser l’application Scan4Chem pour voir si votre produit contient des substances très préoccupantes.
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