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Recycler le Deca-BDE ? Une affaire toxique à suivre

Le 12 octobre dernier, l’ONG américaine IPEN – International POPs ( pour Polluants Organiques Persistants) Elimination Network- qui est un partenaire de WECF dans les négociations chimiques internationales, publiait une étude sur des jouets en plastique recyclé achetés dans 6 pays européens, qui contenaient des retardateurs de flammes interdits dans les équipements électroniques en raison de leur dangerosité. Alors que des tentatives, au niveau de l’Union européenne (REACH) et des conventions chimiques internationales (Convention de Stockholm) existent pour permettre l’utilisation de composés dangereux dans des articles recyclés sous prétexte d’économie circulaire, Nesting vous en dit un peu plus sur cette affaire « toxique » à suivre de près!

43% des jouets en plastique recyclé achetés dans 6 pays européens contiennent des retardateurs de flammes interdits dans l’électronique

Les tests réalisés sur 21 jouets par l’IPEN ont montré que 43% contenaient des niveaux significatifs d’OctaBDE et/ou de DecaBDE. L’OctaBDE est listé par la convention de Stockholm comme POP et doit être éliminé globalement à l’échelle mondiale. Le DecaBDE est en cours d’évaluation et devrait être listé prochainement – il vient justement de faire l’objet d’une décision dans le comité technique de la Convention de Stockholm (voir ci-dessous).

Ces 2 substances sont ubiquitaires dans l’environnement et sont des perturbateurs endocriniens qui peuvent porter atteinte au système nerveux et avoir des effets délétères sur le QI.

DecaBDE: pas d’exemption pour l’usage dans les produits recyclés à ce jour… contrairement à l’OctaBDE et au PentaBDE

La Convention de Stockholm vise une classe de polluants bien spécifiques, jugés particulièrement dangereux à la fois pour les écosystèmes et la santé humaine, du fait de leur persistance et de leurs propriétés hautement toxiques. La Convention, outil juridique contraignant qui vise à un traitement global de ces polluants qui ne connaissent pas de frontières, devrait être ferme sur ces polluants pour assurer une cohérence et une protection la plus efficace possible à l’ensemble des populations. Pourtant une décision adoptée prévoit une exemption autorisant l’usage de l’Octa-BDE et du Penta-BDE dans des produits recyclés sous certaines conditions jusqu’en … 2030! Voilà qui laisse tout le temps d’écouler et de faire circuler les stocks dans « l’économie circulaire ».

L’enjeu de récentes négociations au cours du comité de révision des produits chimiques de la Convention était justement d’éviter que ne se reproduise cette situation pour le Deca-BDE, en passe d’être listé comme POP par la Convention prochainement. Une demande de dérogation émanait des industries automobile et aérospatiale, pour certains usages spécifiques. Le comité appelle à rassembler des informations et à former un groupe de travail pour définir quels produits pourraient bénéficier d’exemptions. Concernant le DecaBDE (retrouvé dans des jouets en plastique recyclé en Europe), plusieurs pays soutenaient la demande d’autorisation de dérogation pour un usage dans des matériaux recyclés. Malgré tout, pour l’instant le comité ne recommande pas d’exemption pour le recyclage du decaBDE et recommande au contraire une élimination globale de la substance. Plutôt une bonne nouvelle, dans l’attente d’une décision de la Conférence des Parties (réunissant les représentants des Etats qui sont signataires de la Convention) en 2017, sur la base des recommandations du comité. Une affaire (toxique) à suivre.

Pour en savoir plus :