Pesticides et cancers : des liens déjà mis en évidence par le passé
Les méfaits des pesticides sur la santé sont connus, et peu surprenants, puisque les premières générations de ces produits sont issues d’usages civils de molécules chimiques développées pour des usages militaires. Le 2ème Plan National Santé Environnement (PNSE) (2004-2009) estimait déjà comme des « expositions à fort impact sur la santé », en cause dans diverses maladies par exemple certains cancers, et des troubles de la reproduction. Depuis, la littérature scientifique abondante sur le sujet ne cesse d’apporter de nouveaux éléments sur leurs effets néfastes sur la santé.
Cadre de l’étude : données de NutriNet-Santé
- L’étude publiée le 17 mars a été menée par plusieurs équipes de recherche françaises regroupant l’Inserm, l’INRAE, le Cnam et l’Université Sorbonne Paris Nord.
- Ces équipes ont examiné le rôle de la consommation d’aliments contenant des traces de pesticides dans la survenue de cancer du sein post-ménopause.
- En 2014, 13 149 femmes en post-ménopause, appartenant à la cohorte nationale Nutrinet-Santé ont répondu à un auto-questionnaire sur la fréquence d’une alimentation avec des produits conventionnels (donc avec plus de pesticides) ou issus de l’agriculture biologique. 169 cas de cancers ont été signalés chez ces femmes.
- Une estimation de leur exposition à un cocktail de 25 pesticides utilisés en agriculture non bio dans l’UE a été faite en utilisant une base de données allemande sur les résidus de pesticides.
- Parmi ces pesticides : le chlorpyriphos, utilisé sur les agrumes, le blé, les fruits à noyau ou épinards. L’imazalil, utilisé pour les agrumes, les pommes de terre, les semences. Le malathion, utilisé contre les pucerons et cochenilles mais interdit en France depuis 2008, et le thiabendazole, utilisé sur le maïs, les pommes de terre et certains semis. Bon appétit !
Conclusion : un cocktail de pesticides associé à un risque accru de cancer du sein post-ménopause chez des femmes en surpoids / obèses
4 profils de consommatrices ont été établis :
- Profil 1 : exposition élevée à 4 pesticides (chlorpyriphos, imazalil, malathion et thiabendazole), associé à une augmentation de risque de cancer du sein chez les femmes en surpoids ou obèses,
- Profil 3 : exposition faible à la plupart des pesticides de synthèse associé à une diminution de 43% du risque de cancer du sein en post-ménopause.
- Profils 2 et 4 : pas d’association avec un risque de cancer du sein.
L’exposition alimentaire à des cocktails de pesticides jouerait donc bien un rôle dans la survenue de cancer du sein. A noter : les femmes en surpoids ou obèses sont celles chez qui un risque accru a été détecté.
En savoir plus:
Communiqué, salle de presse INSERM, Certains cocktails de pesticides favoriseraient le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées, 15 mars 2021, https://presse.inserm.fr/certains-cocktails-de-pesticides-favoriseraient-le-risque-de-cancer-du-sein-chez-les-femmes-menopausees/42400/
Prospective association between dietary pesticide exposure profiles and postmenopausal breast-cancer risk in the NutriNet-Santé cohort, Pauline Rebouillat, Rodolphe Vidal, Jean-Pierre Cravedi, Bruno Taupier-Letage, Laurent Debrauwer, Laurence Gamet-Payrastre, Mathilde Touvier, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Paule Latino-Martel, Serge Hercberg, International Journal of Epidemiology, dyab015, https://doi.org/10.1093/ije/dyab015