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Les gaz d’échappement des moteurs diesel classés cancérogènes

Les gaz d’échappement des moteurs diesel classés cancérogènes

Le 12 juin, l’Organisation Mondiale de la Santé, par la voix du Centre International de Recherche sur le Cancer, basé à Lyon, a classé les gaz d’échappement des moteurs diesel cancérogènes pour l’être humain (groupe 1): ces gaz d’échappement font donc leur entrée dans la catégorie des cancérogènes certains pour l’être humain. Alors que 60% des véhicules roulent au diesel en France, et que la pollution de l’air extérieur est reconnue comme un fléau qui coûte chaque année des vies humaines, Nesting revient sur cette problématique.

Pollution liée au trafic routier: il n’y a pas que le CO2!

En France, si les véhicules au diesel se sont multipliés, l’explication vient partiellement de l’existence de primes à l’achat de véhicules ayant des émissions de CO2 limitées: or, les moteurs diesel émettent moins de CO2 que les moteurs à essence. Le CO2, l’un des gaz contribuant au réchauffement climatique, reste un indicateur favori et bien souvent trop seul dans les politiques de qualité de l’air et autres politiques (telles que celles sur l’étiquetage des produits de consommation): il n’est pourtant pas le seul gaz à être rejeté par les véhicules: des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et d’autres particules fines voire ultrafines, qui pénètrent donc plus facilement dans les voies respiratoires, sont également rejetées.
C’est principalement le lien entre certaines particules, comme des HAP dont plusieurs sont classés cancérogènes certains (le benzo-alpha-pyrène par exemple), et des pathologies telles que le cancer du poumon qui a ammené le CIRC à adopter cette classification.

Les coûts sanitaires de la pollution de l’air extérieur et du trafic routier

Le projet Aphekom, sur la pollution de l’air et la santé en Europe, qui a rendu ses conclusions en 2011 a notamment conclus que l’espérance de vie dans les 25 grandes villes européennes visées par le projet pourrait augmenter de 22 mois pour les personnes âgées de 30 ans et plus si les niveaux moyens annuels de particules fines (taille PM2,5) étaient abaissées au seuil de 10 microgrammes par m3 préconisé par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Petites particules mais gros problème: les enfants particulièrement vulnérables

  • Plus les particules sont fines, plus elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires: les particules en-dessous de 2,5 micromètres dites « fines ». En 2012, des chercheurs ont à nouveau montré qu’une augmentation de la concentration en particules PM2,5 est associée avec une hausse de la mortalité et de la mortalité par cancer du poumon et maladies cardio-vasculaires.
  • Les enfants, par leur taille, respirent plus près du sol, ils sont donc plus exposés. Par ailleurs, leur système pulmonaire est en développement et ils absorbent proportionnellement plus d’air que les adultes.
  • Aphekom estime par exemple que résider à côté d’une zone de trafic routier pourrait être responsable de près de 15% des cas d’asthmes chez l’enfant (enquête réalisée dans 10 villes européennes).

Une réduction du trafic routier par une approche globale des politiques de l’emploi local, de développement des mobilités douces (vélo, transports en commun de type tramways, train par exemple) apparaît donc plus que jamais nécessaire. La France va devoir s’attaquer à ce problème sans tarder. Espérons que ce coût ne sera pas supporté par les automobilistes ayant fait le choix du diesel pour des raisons financières et qui seraient taxés après avoir été incités à choisir un moteur diesel: un comble!

Sources:
Communiqué de presse, CIRC, juin 2012
Présentation de l’OMS, Santé des enfant et pollution de l’air extérieur, 2012
Conclusions du projet Aphekom, 2011
Chronic Exposure to Fine Particles and Mortality: An Extended Follow-Up of the Harvard Six Cities Study from 1974 to 2009, Johanna Lepeule, Francine Laden, Douglas Dockery, Joel Schwartz, Environment Health Perspectives, Mars 2012