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La fin annoncée du perchloroéthylène dans les pressings

Ce 20 avril, le Ministère de la Santé a annoncé des mesures qui visent à terme à interdire l'utilisation du perchloroéthylène dans les pressings. L'ensemble des mesures annoncées est une excellente nouvelle tout d'abord pour les professionnel-le-s exposé-e-s mais également pour les riverains directs des pressings, parfois exposés aux émanations des produits et au-delà pour les usagers des pressings, qui sont également exposés à travers les vêtements et textiles nettoyés à sec. Cette décision a d'ailleurs été soulignée par des associations telles que le Réseau Environnement Santé, Générations Futures et l' ADVEPP, association regroupant les victimes des émanations de perchoroéthylène.

Le perchloroéthylène ou « perchlo »: un peu d’histoire

Synthétisé en 1821, le perchloroéthylène a été utilisé pour la première fois comme solvant dans le nettoyage à sec en 1934, devenant le 1er solvant utilisé aux Etats-Unis dès 1948. Un règne sans réel partage depuis lors.
Classé en 1995 « probablement cancérogène » par l’OMS (Centre International de Recherche sur le Cancer), le perchloroéthylène est toxique pour les reins, le système nerveux et peut provoquer des irritations des yeux et des voies respiratoires, ainsi que des vertiges et des nausées : voilà un rapide portrait du perchloroéthylène (ou tetrachlorothylène), rien de très rassurant donc!


Dès 1993, l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA) a mis en place une réduction de 80% des quantités de perchloroéthylène émises par les installations de nettoyage à sec, dans le cadre d’une loi dans loi sur la qualité de l’air. Car le solvant contamine l’air et l’eau.
Plusieurs Etats américains disposent d’ailleurs de plans visant à réhabiliter les sites pollués par le perchlo et plusieurs villes et Etats avaient anticipé l’interdiction totale du perchlo sur l’ensemble du territoire américain, fixée à 2020 par l’EPA. Pour mémoire, une ville dont les sources d’eau potable étaient polluées a même reçu réparation du dommage à hauteur de 178 millions de dollars.

En France, jusqu’ici « perchlo » et pressings faisaient bon ménage

En France, l’histoire tragique d’une habitante de Nice, décédée suite aux émanations de perchlo d’un pressing avait alimenté la chronique en 2009. Même si l’installation responsable de cette tragédie était défectueuse, cet épisode est un signe supplémentaire de l’urgence qu’il y avait à agir.
La décision annoncée par le Ministère de la Santé ce 20 avril prévoit 3 points principaux:

  • interdiction de l’utilisation de perchlo dans toutes les nouvelles installations contigues à des habitations,
  • suspension de l’activité des pressings si la valeur d’action rapide de 1250 µg/m3 recommandée par le Haut Conseil de santé publique est dépassée dans les appartements et locaux contigus aux pressings.
  • arrêt progressif des installations au perchlo d’ici à 2022

Par ailleurs, l’ANSES et l’INERIS ont été chargés d’évaluer les alternatives au perchlo. Autre nouvelle particulièrement importante pour les professionnels exposés et victimes, une prise en charge médicale spécialisée devrait être mise en place.

Du côté des alternatives


Établi en 1999 pour la première fois aux Etats-Unis, le lavage au CO2 liquide est l’une des alternatives au perchlo. En Allemagne cette technique est très commune. Le lavage en milieu aqueux ou encore l’utilisation de solvants à base de silicone font également partie des solutions alternatives.
Il existe certainement un pressing écologique près de chez vous: renseignez-vous. En 2011, le Prix du Concours Initiative Ô Féminin de Rhône-Alpes initiatives a d’ailleurs récompensé un pressing écologique dans le cadre de la création d’entreprise.

On peut s’interroger: pourquoi une nouvelle fois des signaux d’alerte précoces, notamment en termes de cancers professionnels, ont débouché sur des mesures si tardives, d’autant plus que des alternatives existaient par ailleurs? « Mieux vaut tard que jamais », diront néanmoins certains. Mais là encore: qui supportera les coûts, de santé, de pollution liés à l’utilisation du perchloroéthylène sur une longue durée?
Sources:

Sources:

  • Site du Ministère de la santé
  • L’Etat de Californie programme l’interdiction du perchloroéthylène dans les pressings,
  • Avis sur le perchloroéthylène, US EPA (United States Environment Protection Agency), février 2012
  • DryCleancoalition