
Les emballages alimentaires peuvent être une source de contamination de l’alimentation. Une étude publiée le 9 mars par le Bureau européen des consommateurs (BEUC), menée simultanément dans plusieurs pays européens (Danemark, Italie, Portugal, Espagne, Belgique) a examiné la teneur des emballages alimentaires de fast-food en composés perfluorés et polyfluorés (PFASs). La quasi-totalité des échantillons examinés dépassent les valeurs recommandées par les autorités danoises en charge de la sécurité alimentaire.
Le contexte de l’étude
- La réglementation dans l’UE et les pays membres : Selon la réglementation européenne, les matériaux de contact alimentaire doivent être sûrs et inertes – ils ne doivent donc pas entraîner une contamination des aliments avec lesquels ils sont en contact. Or, si les matériaux en plastique font l’objet d’une réglementation harmonisée (règles fixées pour les 28 pays de l’UE), ce n’est pas le cas pour d’autres matériaux, réglementés au niveau national. La réglementation reste lacunaire: seuls 9 Etats membres réglementent les papiers et cartons alimentaires. En outre, sur les 1710 substances réglementées, seul 9%¨sont réglementées dans au moins 3 Etats membres ou plus. En octobre 2016, le Parlement européen a adopté une résolution appelant la Commission européenne à prendre des mesures sur 13 catégories de matériaux de contact alimentaire, dont les papiers et les cartons, y compris recyclés- et mentionne également les vernis, les revêtements, les métaux, les alliages, les encres d’impression et les colles utilisées.
- En 2015, les autorités danoises en charge de la sécurité alimentaire et vétérinaire ont recommandé une limite maximale pour les emballages alimentaires en papier et carton de 0,35 microgrammes/dm2. Mais l’ONG Danish Consumer Council a montré que les PFAAs restent très présents dans les emballages de popcorn pour le micro-ondes, les cartons de pizzas et les emballages papier des gâteaux.
–Les composés perfluorés: les composés fluorés contiennent au moins un atome de fluor, qu’ils soient inorganiques ou organiques ( un composé organique est un composé dont l’un des éléments chimiques constitutifs est l’élément carbone). Les composés perfluorés et polyfluorés (PFASs) sont des composés contenant au moins un atome de carbone dans lesquels tous les composés hydrogène ont été remplacés par des atomes de fluor. Les PFASs sont hautement persistants, et certains sont cancérogènes, toxiques pour le développement, immunotoxiques et perturbateurs endocriniens. La migration des PFASs à partir d’emballages résistants aux graisses est bien documentée. Plus de 200 scientifiques ont co-signé la Déclaration de Madrid (2015) sur les dangers des PFASs. Le PFOA (acide perfluorooctanoïque) et le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) retiennent le plus l’attention, car ils sont très toxiques, extrêmement résistants à la dégradation, s’accumulent dans la chaîne alimentaire et ont une demi-vie longue chez l’organisme humain. Le PFOS est listé polluant organique persistant (POP) par la Convention de Stockholm (2009) et substance extrêmement préoccupante par le réglement REACH. Depuis le début des années 2000, le secteur industriel entreprend la substitution des PFASs comme le PFOA par des alternatives fluorées, dites « à chaîne courte », sur lesquelles peu de données existent.
Les tests réalisés
- Dans 5 pays, des membres du BEUC ont récolté des emballages de fast-food: Italie, Danemark, Belgique, Portugal, Espagne.
- 13 emballages ont été collectés, dont des marques connues comme McDonald’s, Burger King, KFC et Starbucks.
- 45 échantillons d’emballage carton et 20 échantillons d’emballage papier ont été testés.
- Les emballages ont été tout de suite vidés et emballés dans une feuille d’aluminium pour éviter toute contamination.
Les résultats
- La quasi-totalité des 65 échantillons collectés contiennent tous des PFASs en quantités supérieures à 0,35 μ/dm2, et varient de 0,04 à 3130 μ/dm2.
- 31 des échantillons indiquent une présence intentionnelle de PFASs. La concentration la plus forte concerne un emballage de frites vendu en Italie.
- La plupart des emballages étaient destinés à des frites et pizzas mais également des hamburgers et d’autres types d’aliments.
- Globalement, les emballages papier sont pires que les emballages en carton. Les PFASs des emballages résistants aux graisses, migrent vers les aliments et augmentent l’absorption de PFASs par voie alimentaire.
Les recommandations de BEUC:
- réglementer les emballages alimentaires en carton et en papier
- remplacer les PFASs dans les emballages alimentaires en développant des altenatives plus sûres
- prendre en compte les expositions à des mélanges de composés perfluorés
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