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public Climat et développement territorial

WECF rencontre la Directrice de l’ONG Indienne WORD

WECF rencontre la Directrice de l’ONG Indienne WORD

En mars, WECF France a reçu la visite de la partenaire indienne du CCFD Terre Solidaire d’Annecy (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), Racheal Ray-Kumari. Racheal est à la tête de l’ONG WORD (Women’s Organisation for Rural Development) depuis 1996 située dans la région de l’Odisha, Etat de l’est de l’Inde, l’un des plus pauvres du pays. WORD œuvre pour le développement rural du territoire dans le respect des femmes et de la population autochtone des Adivasi. C’est en travaillant sur tous les plans, que l’ONG accompagne la population à faire respecter ses droits et à améliorer ses conditions de vie.

Avant la chasse et la cueillette étaient les principales activités grâce à la biodiversité de la forêt. Depuis 40 ans, l’exploitation des mines de bauxites pollue l’eau, les terres, et aggravent la déforestation.

La population se voit désormais confrontée à des problèmes d’accès à la terre, notamment depuis la réforme sur la propriété foncière après l’indépendance de l’Inde en 1949. La majorité de la population étant analphabète, ils n’ont pas pu faire valoir leurs droits et ont perdu les terres qui les nourrissaient. Ils n’avaient pas non plus les compétences pour travailler dans les exploitations minières, et ne pouvaient pas trouver de travail.

L’accès au foncier est aussi freiné par l’accaparement des terres des multinationales qui imposent les semences hybrides aux paysans.

L’ONG a permis la mise en place d’une loi qui préserve les forêts et leurs habitants face à une pression économique très importante : « Forest Right Act » (Acte pour les droits de la forêt).

Le taux de mortalité infantile dans cette région est élevé, il n’y a pas d’infrastructures en matière de santé et d’éducation. Il y a un grand manque d’accès aux soins (vaccinations, soins pour les femmes enceintes par exemple). La communauté souffre également de nombreux problèmes sociaux liés aux mariages précoces notamment.

Accès à la gouvernance locale pour les populations tribales et les femmes :
La loi prévoit que 33% des places soient réservées aux femmes dans les instances de gouvernance locales, mais le problème est que ces femmes sont analphabètes et sont souvent manipulées par les hommes lorsqu’elles accèdent au pouvoir.

L’ONG identifie les femmes leaders des villages, et les forme pour qu’elles puissent acquérir les compétences nécessaires. Ces femmes sont en majorité illettrées, les formations passent donc par la vidéo, l’utilisation de symboles et d’images. Elles apprennent ainsi à établir les priorités et à mettre en place une planification pour leur communauté.

La région voit les effets du changement climatique et de la mondialisation. Par exemple pendant la saison des pluies, la mousson est de plus en plus courte. Il y a des cyclones, des typhons des glissements de terrain de plus en plus souvent. L’agriculture et le bétail sont fortement impactés. C’est pourquoi l’ONG œuvre pour le développement d’une agriculture durable, et lutte contre la déforestation pour préserver la biodiversité de la région et développer la résilience face aux catastrophes naturelles.

WORD met en place des formations en agriculture et permaculture en s’appuyant sur les savoirs faires traditionnels présents dans les communautés. La sagesse des communautés en matière d’agriculture est grande, ils pratiquent l’agriculture depuis longtemps et ont toutes les connaissances nécessaires.  Ils aident les paysans à acquérir du petit matériel pour développer leur production. L’accès aux technologiques et aux équipements facilite le travail des femmes et fait diminuer le temps de travail.

Les jeunes générations ont tendance à partir travailler en ville. Le but de l’ONG est donc aussi de soutenir l’agriculture pour que les jeunes puissent rester vivre et travailler dans leurs villages.

L’ONG accompagne les villages dans un premier temps pour que les familles aient accès à la sécurité alimentaire, et dans un deuxième temps pour générer des revenus.

En termes d’éducation, il n’y a pas assez d’infrastructures. Le manque de toilettes par exemple pose problème lors de la puberté des jeunes. Il y a beaucoup d’abandon scolaire à cause de la carence des infrastructures.
Dans cette région 67% de la population est indigène. Le gouvernement a lancé une politique de discrimination positive qui n’a pas encore porté tous ses fruits. C’est pourquoi WORD a créé une école et un internat pour les dalits et les populations tribales. L’ONG soutient l’alphabétisation, mais aussi l’accès à la culture.

Suite à l’échange entre WECF et Racheal sur les actions des deux associations, nous sommes allés à la rencontre de Ghislaine Deturche de la ferme de l’Amarante à Reignier. Ghislaine est installée avec ses deux associés en GAEC depuis 2012. Ils produisent des légumes certifiés en agriculture biologique.

Ghislaine nous a accueilli chaleureusement et nous a fait visiter sa ferme : les serres, les champs, le magasin et lieux de vie. Militante de l’agriculture bio, nous avons pu échanger avec elle sur le rôle primordial qu’ont les agriculteurs dans notre société.

Nous avons discuté de l’importance de soutenir les petites fermes qui nourrissent la population dans le monde entier, dans le respect de l’environnement et des générations futures. La ferme de l’Amarante est également une actrice Agri’Culturelle du territoire, puisque elle organise régulièrement des soirées culturelles à Reignier.

La ferme de l’Amarante est un bel exemple de la place qu’ont les fermes à la campagne : elles nourrissent les habitants mais sont aussi vectrices de lien social et sources de vie sur ces territoires souvent désertés.

WECF France remercie Rachael pour sa venue et les discussions très enrichissantes qui nous ont permis d’ouvrir nos horizons aux problématiques des femmes indiennes. Nous sommes également reconnaissantes aux bénévoles du CCFD d’Annecy d’avoir organisé la rencontre et à Marie, interprète qui nous a permis de communiquer au mieux avec Racheal. Un grand merci à Ghislaine pour son accueil chaleureux à l’Amarante.