Les élections législatives du 26 octobre devaient marquer un tournant dans l’histoire récente de la Géorgie. Face à un régime de plus en plus autoritaire proposant des politiques sexistes, hostiles aux minorités et anticonstitutionnelles, ainsi qu’à un environnement préélectoral marqué par des actions violentes et des intimidations, la société civile, les partis d’opposition pro-occidentaux et les alliés internationaux se sont ralliés à un soutien sans précédent en faveur d’un avenir européen démocratique et non violent. Cette année, plus de 1 700 observateurs issus de 76 organisations internationales, plus de 23 000 observateurs issus de 111 organisations locales et plus de 2 800 représentants de 199 médias ont suivi de près les élections afin de protéger chaque vote.
Ces missions ont documenté plus de 900 violations, telles que la manipulation de l’électorat, la violation du secret du vote et d’autres comportements répréhensibles dans des centaines de bureaux de vote. Cette situation met gravement en péril la liberté de choix et, par conséquent, la légitimité de l’élection. Pourtant, le gouvernement est parvenu à jeter le doute sur l’engagement constitutionnel du pays en faveur de l’intégration européenne et de son avenir.
La campagne préélectorale menée par le « Rêve géorgien », tout comme ses 12 années au pouvoir, a été caractérisée par l’oppression, l’intimidation, la création d’images ennemies, la manipulation de questions sensibles et la promotion de discours de haine, du sexisme, de l’homophobie et de la xénophobie.
Aujourd’hui, le gouvernement refuse de reconnaître les conclusions de milliers d’observateurs qui contestent la légitimité des résultats des élections. Deux jours seulement après l’élection, des dizaines de milliers de citoyen∙nes, ainsi que des dirigeants de l’opposition et le président, ont manifesté pacifiquement sur l’avenue Rustaveli pour exprimer leur manque de confiance dans les résultats de l’élection. L’association des jeunes avocats géorgiens (GYLA) a déposé des plaintes auprès des commissions électorales de district, demandant l’annulation des résultats de tous les bureaux de vote (2263) dans les districts respectifs où les élections ont été organisées à l’aide de la technologie. D’autres organisations non gouvernementales, telles que ISFED et My Voice, ont également déposé des plaintes. Jusqu’à présent, aucune d’entre elles n’a été acceptée par le tribunal.
Tout au long de l’été dernier, WECF Géorgie et des organisations partenaires ont travaillé dans les régions dans lesquelles sont présentes des minorités ethniques pour mobiliser les électrices, qui sont statistiquement beaucoup moins susceptibles de participer aux élections que d’autres groupes. Elles ont reçu des informations essentielles sur le vote, leurs droits et les obligations de l’État. Dans ce contexte, il est très préoccupant de voir le gouvernement exploiter la vulnérabilité et l’isolement des minorités ethniques de ces régions à des fins politiques, en recourant à la coercition, à la corruption et à d’autres méthodes contraires à l’éthique.
Les élections sont un pilier essentiel de la participation démocratique des citoyens. Leur remise en cause est le signe de l’avènement d’un régime autocratique où les droits, la sécurité et la liberté d’expression de tou·tes les citoyen·nes sont menacés. Nous sommes solidaires des organisations non gouvernementales, des missions d’observation, du président de la Géorgie, des partenaires internationaux et, surtout, du peuple géorgien. Nous exprimons notre profonde méfiance à l’égard des résultats des élections actuelles et exigeons la protection du droit constitutionnel des Géorgiens à participer librement aux élections, ainsi qu’une enquête approfondie et l’obligation de rendre des comptes pour toutes les violations.
Enfin, nous exprimons notre solidarité et notre gratitude à tous ceux∙celles qui ont travaillé sans relâche pour informer le public de ces violations graves, malgré la pression immense qui s’exerçait le jour de l’élection.