Skip to main content
restaurant Alimentation Santé-environnement

Tribune – De l’hexane dans nos aliments : le scandale sanitaire que les consommateurs ignorent

Tribune – De l’hexane dans nos aliments : le scandale sanitaire que les consommateurs ignorent

Dans une tribune publiée sur le site internet du Nouvel Obs, WECF et d’autres ONG et associations de consommateurs appellent les pouvoirs publics à interdire l’usage, dans l’industrie agroalimentaire, de l’hexane, un solvant neurotoxique, suspecté d’être reprotoxique et perturbateur endocrinien et à promouvoir les alternatives, qui existent.

Le scandale est silencieux mais ses effets sont dévastateurs. A notre insu, l’hexane, un solvant pétrochimique toxique, est omniprésent dans notre alimentation. Seul le label Agriculture biologique qui interdit strictement l’utilisation de l’hexane protège les consommateurs et consommatrices. Ces dernières semaines, de nombreuses publications ont révélé l’ampleur du scandale et des risques sanitaires liés à l’usage de ce solvant, poussant des scientifiques et des acteurs de la santé à sonner l’alerte. Nos organisations appellent les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités pour préserver la santé de la population.

L’hexane est massivement utilisé dans l’industrie agroalimentaire pour extraire les huiles végétales des graines de colza, de tournesol et de soja. Ce solvant, choisi uniquement pour des raisons de rentabilité maximale parce qu’il augmente la production d’huile, s’est imposé comme référence industrielle, écartant ainsi toutes les alternatives. Mais à quel prix pour la santé humaine ? L’hexane est un hydrocarbure neurotoxique, suspecté d’être reprotoxique et perturbateur endocrinien. Le risque sanitaire est réel. Pourtant, aucun étiquetage ne signale sa présence. Classé comme un simple « auxiliaire technologique », l’hexane échappe à toute obligation de transparence : le consommateur n’est pas informé de sa présence dans les produits qu’il achète.

Des analyses réalisées par Greenpeace France sur une cinquantaine de produits de grande consommation, ainsi que sur des tourteaux pour l’alimentation animale, révèlent la présence de résidus d’hexane dans près de deux tiers des produits. En plus des huiles, des résidus d’hexane ont été retrouvés dans du beurre, du lait, y compris infantile et, dans une moindre mesure, dans de la viande de poulet.

Plus inquiétant encore, la limite maximale de résidu (LMR) d’hexane autorisée dans les produits alimentaires repose sur des données datant de 1996, fournies par les industriels eux-mêmes. Cette réglementation ne couvre que très peu de produits : elle n’inclut en particulier pas les denrées d’origine animale, qui sont une autre voie de contamination du fait de l’utilisation de tourteaux dans l’alimentation des animaux. Cela signifie que les seuils d’exposition considérés comme acceptables aujourd’hui sont insuffisants, et trop hauts pour protéger la population, et les industriels, comme les autorités sanitaires, ferment les yeux sur ce risque sanitaire majeur. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) elle-même a appelé à une réévaluation urgente de l’usage de l’hexane dans les filières agroalimentaires en 2024.

D’autres méthodes d’extraction, sans utilisation de solvants pétrochimiques, existent déjà. Il est donc possible de généraliser l’interdiction de l’hexane à l’ensemble de l’alimentation.

Nos organisations demandent l’interdiction progressive de l’hexane dans l’industrie agroalimentaire. Son utilisation, comme l’importation de produits en contenant, doivent être proscrites. Plus largement, nous demandons l’interdiction de l’ensemble des solvants d’extraction utilisés pour les huiles alimentaires dont l’innocuité sur la santé humaine n’a pas été prouvée scientifiquement. En parallèle, d’autres modes de production doivent être soutenus et privilégiés, notamment l’extraction sans solvant. Par ailleurs, la recherche sur la toxicité chronique de l’hexane doit être relancée, et la réglementation réévaluée. Enfin, les citoyennes et les citoyens doivent être informés de manière fiable et complète : l’étiquetage de l’hexane doit être obligatoire.

C’est une question de santé publique et de santé environnementale, de transparence alimentaire et de respect des consommateurs.

Signataires :

  • Greenpeace France
  • Générations Futures
  • 60 Millions de consommateurs
  • Yuka
  • France Nature Environnement
  • Réseau Action Climat
  • Notre affaire à tous
  • Synabio
  • Avenir Santé Environnement
  • La Maison de la Bio
  • Fondation pour la Nature et l’Homme
  • WECF France
  • Bio Consom’acteurs
  • Agir pour l’environnement
  • CIWF
  • FOREBio
  • Synadis Bio
  • Ecole comestible
  • Makesense