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Pesticides: toujours pas tenus à bonne distance d’épandage des riverains

Pesticides: toujours pas tenus à bonne distance d’épandage des riverains Avec des chiffres variant de 3, 5, 10 à 20 mètres, les distances fixées sont insatisfaisantes pour la protection de la santé publique, et sembleraient une mauvaise blague de début d'année, ou pour le moins un affront au bon sens.

Pesticides: les distances de la discorde

Le gouvernement a enfin publié fin décembre le décret et l’arrêté fixant les distances d’épandage des pesticides, sujet brûlant qui avait mobilisé fortement lors d’une consultation publique en décembre dernier, avec plus de 53 000 contributions. En 2019, cette question a fait l’objet de vifs débats, puisque plusieurs élus municipaux, à l’instar de Daniel Cueff, maire de la petite commune Langouët, avaient pris des arrêtés visant à interdire des épandages de pesticides à une certaine distance des habitations. Sous la pression du Conseil d’Etat, qui a exigé des mesures d’ici fin 2019, et devant la mobilisation citoyenne, le gouvernement s’est emparé de la question pour fixer des distances obligatoires: des avis de l’Anses et d’autres organismes publics ont aiguillé sa décision. Alors qu’une partie du monde agricole souhaitait le maintien de distances très faibles, et dénonçait un « agribashing » mal nommé, une majorité de riverains et de la population espéraient des mesures fortes pour éviter une exposition subie aux pesticides: la « transition écologique et solidaire » dans laquelle le gouvernement prétend s’engager n’exige pas moins.

Pesticides: sols, eau et air pollués lors des épandages

Si la contamination des eaux et des sols par les pesticides est connue de longue date, leur contribution à la pollution de l’air n’est apparue que récemment comme une préoccupation. Les mesures de pesticides dans l’air ont fait l’objet d’une première campagne pilote en 2018, organisée par l’Anses, et portant sur 50 sites et 80 molécules. Quant aux ressources en eau, les données de 23 millions de prélèvements réalisés de 2014 à 2016 dans des cours d’eau ou des lacs de France métropolitaine montrent la présence quasi-systématique de pesticides.

Le contenu des mesures annoncées

3 types de distances s’appliqueront désormais – dès le 1er janvier 2020, mais au 1er juillet pour les cultures déjà ensemencées, sauf pour les pesticides dangereux (où tout s’applique en janvier 2020) :

  • 10 mètres pour l’arboriculture, la viticulture, les arbres, arbustes, la forêt, les petits fruits et cultures ornementales de 50 cm de haut, les bananiers et le houblon,
  • 5 mètres pour les autres cultures,
  • 20 mètres incompressibles pour les produits les plus dangereux (classés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques, à la toxicité orale ou cutanée aigue, etc.).

Comme si ces distances étaient trop élevées, des chartes départementales d’engagement volontaire validées par le préfet peuvent permettre de réduire ces distances à 5 mètres pour l’arboriculture et 3 mètres pour les autres cultures, sous réserve d’usage de matériel anti-dérive évalué. Les distances ne peuvent être réduites pour les lieux hébergeant des personnes vulnérables (écoles, hôpitaux, maisons de retraite, etc.).

Ces distances paraissent très faibles, et n’ont aucune chance de protéger réellement les populations: les arrêtés municipaux proposaient au minimum une centaine de mètres, alors que les mesures locales volontaires permettent de descendre jusqu’à 3 mètres! Quant aux 20 mètres pour des substances dangereuses, ces substances ne devraient-elles pas être interdites si elles sont dangereuses?