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Loi Duplomb : une stratégie court-termiste au détriment de nos santés et de nos démocraties

Loi Duplomb : une stratégie court-termiste au détriment de nos santés et de nos démocraties

Dans un contexte d’urgence climatique et de crise écologique, la proposition de loi particulièrement alarmante suscite notre indignation ainsi que celle de nombreux citoyens, scientifiques, associations environnementales et syndicats agricoles. Ce texte, porté par certains parlementaires et soutenu par de puissants lobbys agro-industriels, pourrait représenter un véritable retour en arrière en matière de protection de l’environnement, de santé publique, mais aussi de démocratie scientifique.

Cette proposition de loi accumule les points alarmants :

  • L’accaparement de la ressource en eau : En légitimant la mainmise de certains acteurs économiques sur cette ressource vitale, la loi met gravement en danger un accès équitable à l’eau pour toutes et tous. Ce choix politique favorise des usages intensifs, souvent industriels, au détriment de l’agriculture paysanne, des écosystèmes et des besoins fondamentaux des populations locales, déjà fragilisés par les sécheresses à répétition.
  • La réintroduction des néonicotinoïdes, ces insecticides surnommés “tueurs d’abeilles” pour leur effet dévastateur sur les pollinisateurs. En 2018, leur interdiction avait marqué une avancée importante, issue d’un consensus scientifique et d’une mobilisation citoyenne large. Autoriser à nouveau leur usage constituerait une régression majeure, remettant en cause la biodiversité et menaçant directement la pollinisation, pilier essentiel de notre sécurité alimentaire, dont nous dépendons à 75 % lorsqu’on parle de cultures alimentaires (Rapport IPBES sur les pollinisateurs).
  • La possibilité de réintroduire plusieurs pesticides jusque-là interdits pour leur toxicité avérée. Cette décision passe outre les alertes de la communauté scientifique sur les risques environnementaux et sanitaires liés à ces substances : cancers, perturbations endocriniennes, contamination des eaux et des sols, disparition accélérée de nombreuses espèces animales. L’exposition aux pesticides concerne l’ensemble de la population, mais elle n’affecte pas tout le monde de la même manière. Les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes, les femmes enceintes et les enfants, subissent de manière disproportionnée les effets de ces substances toxiques. Chez les femmes enceintes, le placenta ne constitue pas une barrière suffisante contre ces substances chimiques, qui peuvent atteindre le fœtus. De nombreuses études ont démontré les risques accrus liés à l’exposition aux produits phytosanitaires : malformations congénitales, troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, fausses couches, naissances prématurées…

Les enfants sont particulièrement sensibles aux effets des perturbateurs endocriniens et aux effets cumulatifs des pesticides. Leur organisme en développement les rend plus vulnérables, et les expositions précoces — y compris in utero — peuvent avoir des conséquences irréversibles sur leur santé, leur croissance, leurs capacités cognitives et leur santé future.

Notre inquiétude face à la Loi Duplomb n’est pas théorique : elle est vécue au quotidien par des familles qui refusent que leurs enfants grandissent dans un environnement empoisonné. Dans une tribune publiée le 17 juin 2025 sur Mediapart, plusieurs parents prennent la parole pour dire leur colère et leur détermination à défendre le droit à un avenir sain pour leurs enfants.

  • Enfin, ce contrôle politique sur les procédures d’interdiction des pesticides est particulièrement inquiétant. Jusqu’à présent, ces décisions reposaient sur des expertises indépendantes. Désormais, elles pourraient être soumises à des logiques de pouvoir ou à des pressions économiques. Une telle dérive menace directement l’intégrité de la recherche publique, affaiblit le rôle des agences sanitaires et remet en cause le socle même de la démocratie scientifique. Pour dénoncer ces dérives, nous sommes signataires d’une tribune : “Le gouvernement construit notre vulnérabilité collective aux futures crises sanitaires et environnementales !

Face à un texte qui organise un recul majeur en matière de santé publique et de protection de l’environnement, WECF France appelle à une vigilance citoyenne maximale et à une mobilisation collective pour empêcher sa mise en œuvre.

À Paris, le dimanche 29 juin, une soirée d’échanges et de débats aura lieu à l’Académie du Climat, organisée par Agir pour l’Environnement. Ce temps fort rassemblera scientifiques, agriculteur·rices et responsables politiques pour décrypter les enjeux de la loi et proposer des alternatives.

Lundi 30 juin à 11h30, une mobilisation est prévue devant le Sénat en solidarité avec les paysan·nes de la Confédération Paysanne. Cette action vise à interpeller directement les sénateur·rices avant l’examen du texte.

WECF France est signataire d’une tribune d’alerte aux côtés des syndicats de la CGT – représentant l’OFB, les Parcs Nationaux, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Ademe, L’Institut Paris Région, le ministère du Travail et Santé publique France. Ensemble, nous dénonçons une politique gouvernementale qui, loin de renforcer notre résilience, accroît notre vulnérabilité face aux crises sanitaires et environnementales à venir.

Pour plus d’information :

Mise à jour 

Voici les dernières actualités concernant la loi Duplomb : la version finale a été adoptée 
Le 30 juin 2025, c’est en commission mixte paritaire (CMP) — un groupe réunissant 7 député.es et 7 sénateur.ices chargé de trouver un compromis entre le Sénat et l’Assemblée Nationale — que la proposition de loi Duplomb a été examinée, supprimant le débat à l’Assemblée. La CMP a validé une version finale de la loi Duplomb, malgré une forte mobilisation citoyenne, scientifique et syndicale

PROCHAINE ÉTAPE
 : le 8 juillet, date du vote final à l’Assemblée nationale. 

WECF France renouvelle son appel à la mobilisation : interpellons nos décideurs d’ici le 8 juillet. Ce texte constitue un recul important en matière de protection de l’environnement, de santé publique et de démocratie scientifique.  

Des mesures dangereuses :

Réintroduction de certains néonicotinoïdes dont l’acétamiride : Interdits en 2018 pour leur impact dévastateur sur les abeilles et la pollinisation, ces pesticides font leur retour par décret:

L’acétamipride pourrait notamment “nuire au développement des neurones et des zones cérébrales impliquées dans des fonctions comme l’apprentissage et la mémoire”  (Autorité européenne de sécurité des aliments(2024). Dans un rapport publié en mai 2025, l’association Générations Futures, associé au PAN (Pesticide Action Network) rappelait “Dans son évaluation, l’ECHA conclut (…) que l’acétamipride est toxique suspecté pour le développement du fœtus (catégorie 2).” 

Menace sur l’expertise indépendante : Bien que la mise sous tutelle politique de l’Anses ait été retirée in extremis, la tentative révèle une volonté de contrôler l’évaluation scientifique, au détriment de la transparence et de la santé publique.

Mise sous tutelle de l’Office français de la biodiversité : Placé sous l’autorité directe du ministère de l’Agriculture, l’OFB voit son indépendance affaiblie. Un coup dur pour la surveillance des pollutions, la préservation des milieux naturels et l’application du droit de l’environnement.  

Accélération des projets de méga-bassines, malgré leur impact écologique et l’opposition des populations locales.  

Favorisation de l’élevage industriel, via l’assouplissement des seuils déclenchant des études d’impact environnemental. 

Il est encore temps de défendre la santé publique, une agriculture vivante et la protection du vivant face aux intérêts à court terme.  

RAPPEL AU 8 juillet 2025