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Les retours de WECF sur la conférence de Bonn sur les changements climatiques de juin 2023

Les retours de WECF sur la conférence de Bonn sur les changements climatiques de juin 2023 En juin dernier, lors de la conférence de Bonn sur le climat (SB58*), les parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) - à savoir les délégations gouvernementales - ont préparé et fait avancer les discussions autour de plusieurs questions climatiques urgentes qui seront traitées lors de la prochaine conférence sur le climat (COP28), qui aura lieu en décembre à Dubaï.

Peu d’avancées sur l’élimination progressive des énergies fossiles

La société civile attendait davantage de la session SB58 de Bonn, notamment qu’elle débouche sur une feuille de route solide pour la COP28, plus ambitieuse et s’attaquant aux principaux responsables de la crise climatique : les énergies fossiles.

Le dernier rapport (en anglais seulement) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui fournit les meilleures données scientifiques disponibles sur le climat, indique très clairement que nous ne sommes pas sur la bonne voie : aucun pays au monde n’est sur une trajectoire qui permettrait de limiter le réchauffement à 1,5°C. Le même rapport indique que nous n’avons que jusqu’en 2030 pour assurer un avenir vivable et durable pour tou·tes, faute de quoi nos actions auront des répercussions sur l’humanité maintenant et sur la planète pendant des milliers d’années.

La légitimité, la crédibilité et la transparence de la CCNUCC sont en jeu en raison de la mainmise des industriels sur cet espace multilatéral, conséquence de l’augmentation inacceptable du nombre de lobbyistes des énergies fossiles dans les discussions et les salles de négociation. Une étape importante, en matière de responsabilité et de transparence pour les industries polluantes, a néanmoins été franchie par les militant·es, les activistes et les observateurs auprès de la CCNUCC : dès la COP28, toute personne participant aux négociations mondiales sur le climat devra divulguer pour qui elle travaille. Les lobbyistes des énergies fossiles devront s’identifier et rendre cette information publique et accessible en ligne.

Des mouvements, des coalitions, des groupes d’intérêt et des citoyen·nes du monde entier se joignent à la lutte mondiale pour mettre fin aux énergies fossiles – rapidement, équitablement et pour toujours. Il s’agit de la plus grande action mondiale et sans étiquette jamais organisée pour exiger des gouvernements qu’ils mettent fin aux énergies fossiles. Participez les 15 et 17 septembre avec vos propres actions créatives, prises de parole, installations artistiques, marches, protestations, grèves, occupations, forums, rassemblements, désobéissance civile ou mobilisations numériques.

Le Bilan mondial (Global Stocktake – GST) : Retrouver le chemin de la responsabilité et des droits humains

Le Bilan mondial est le mécanisme de l’Accord de Paris permettant d’évaluer les avancées collectives des pays dans leurs efforts pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5° C et renforcer l’ambition des politiques climatiques.

Malheureusement, bien qu’il existe déjà des options technologiques efficaces, réalisables et abordables, ne nombreux Etats se sont montrées réticents à s’engager dans un processus politique ambitieux et inclusif pour le GST et ont préféré promouvoir plutôt des distractions coûteuses, non prouvées et dangereuses. Il s’agit par exemple de la géo-ingénierie, du captage et stockage du carbone (Carbon Capture and Storage – CCS), de la gestion du rayonnement solaire, ainsi que d’autres solutions qui s’inscrivent dans une volonté de « verdir » le capitalisme technologique et le colonialisme. Ces technologies peuvent en effet contribuer à accentuer les inégalités et injustices sociales et affecter, une fois de plus de façon disproportionnée, les communautés ayant le moins contribué à la crise climatique.

A la COP28, les résultats du Bilan mondial doivent être l’occasion de rendre des comptes et renforcer mes objectifs climatiques nationaux afin de maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C. Les gouvernements doivent traduire leurs engagements en : des objectifs climatiques renforcés et des objectifs climatiques nationaux renforcés. Les gouvernements doivent s’engager pour une meilleure protection des défenseur·euses de l’environnement, eun renforcement de l’intégration des droits humains, la promotion de l’égalité femmes-hommes, de l’équité intergénérationnelle et de l’intégrité des écosystèmes, ainsi que pour une élimination progressive, équitable et subventionnée des énergies fossiles.

Une transition équitable pour les femmes et les hommes doit être garantie

L’un des principaux résultats de la COP27 a été la création d’un programme de travail sur les voies de transition justes afin d’examiner comment assurer la transition vers une économie à faibles émissions et résiliente aux changements climatiques sans exacerber davantage les inégalités. Lors du SB58, les Parties se sont réunies pour la première fois afin de structurer davantage le groupe de travail.

WECF, avec les membres de la Constituante Femmes & Genre, a participé en tant qu’observateur pour souligner et demander l’intégration du genre dans le programme de travail en menant une analyse féministe qui souligne l’inclusion du « care », des tâches domestique et tout autre travail non rémunéré dont les femmes ont la responsabilité, en comprenant ces rôles définis par la société qui seront fortement impactés par une telle transition.

WECF salue donc la décision d’inclure, dans la note informelle issue de ces discussions, le respect et la promotion des droits humains, l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes, et d’inviter les observateurs à soumettre leurs points de vue sur le programme de travail.

Collectivement, WECF demande à ce groupe de travail d’inclure des approches intégrant le genre comme élément transversal dans toutes ses activités guidées par le Plan d’action genre de la CCNUCC, et d’adopter un langage robuste, clair et équitable en faveur de l’élimination progressive des énergies fossiles dans toute décision, et de l’inclusion d’obligations contraignante dans les accords climatiques.

Transformer la finance climat

Dans le cadre du plaidoyer en faveur d’une finance climat inclusive, WECF a eu le plaisir d’organiser, en collaboration avec Heinrich Böll Stiftung Washington D.C. et le Forum Asie-Pacifique sur les femmes, la terre et le développement, l’événement parallèle suivant : « Transformer la finance climat pour promouvoir des actions climatiques équitables et inclusives dans le contexte du Bilan mondial ».

Cet événement a permis d’ouvrir un dialogue entre les gouvernements, expert·es et organisations de terrain sur ce à quoi ressemble une véritable approche féministe de la finance et des politiques climatiques. Lors de ces discussions, ont été soulignées la nécessité de restructurer les mécanismes financiers et les structures des financeurs afin d’améliorer considérablement la qualité et la quantité de la finance climat inclusive, et de s’attaquer aux barrières structurelles qui empêchent les femmes locales, autochtones et les organisations féministes d’accéder aux financements climatiques.

Prise en compte du genre

Bien qu’il n’y ait pas eu de négociations formelles sur le genre à Bonn, trois dialogues majeurs mandatés par la COP ont été organisés afin d’explorer les possibilités de renforcer l’intégration du genre dans les politiques nationales sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris et faire le lien avec d’autres conventions environnementales sur la protection de la biodiversité, la lutte contre la désertification et la réduction des risques de catastrophe.

Un de ces dialogues était consacré à la budgétisation inclusive, notamment dans les politiques nationales, comme moyen de renforcer l’égalité femmes-hommes dans la finance climat. Il faut noter d’ailleurs qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire, car seulement 0,04% de toute l’aide publique liée au climat (plus de 33 milliards de dollars en 2018-2019) avait pour objectif principal l’égalité femmes-hommes.

Le troisième dialogue a réuni les présidents des organes subsidiaires de la CCNUCC, les représentant·es des États et les observateurs, pour faire le point sur les progrès réalisés dans l’intégration de la perspective de genre dans leurs mandats respectifs. Bien que nombre de ces organes aient adopté des politiques et des plans d’action genre, il reste beaucoup à faire pour que cela se traduise par des changements réels dans la planification des politiques ou l’action sur le terrain. Il faut pour cela surmonter les obstacles structurels qui empêchent les groupes de femmes, y compris les femmes autochtones, et toutes les organisations locales œuvrant pour la justice de genre, d’accéder aux ressources, aux organes de décision et aux financements qui leur permettraient de protéger leurs droits humains et de renforcer leur action climatique.

Espace civique et droits humains

Lors de la conférence, des représentantes, notamment de la délégation mexicaine, ont dénoncé des cas de harcèlement sexuel, y compris pendant la COP27 et la conférence de Bonn. En conséquence, elles ont ensuite été confrontées à des tentatives d’intimidation, minimisant d’autant plus la voix des femmes et de leurs expériences. Cela a soulevé le besoin urgent pour la CCNUCC de prévenir, protéger et garantir les droits humains, en particulier les droits des femmes.

Dans les derniers jours de la conférence, pour la première fois, la prise en compte des droits humains a été intégrée dans les discussions sur les arrangements pour les réunions intergouvernementales, s’engageant à faire respecter les droits humains avant, pendant et après les COP. Ce texte indique que les accords conclus avec les pays hôtes doivent prendre en compte les obligations découlant du droit international sur les droits humains afin de garantir que « tous les participants [soient] effectivement protégés contre toute violation ou tout abus, y compris le harcèlement et le harcèlement sexuel ».

En outre, les groupes des observateurs auprès de la CCNUCC ont fermement défendu les droits humains et la justice, notamment pour celles et ceux qui ont été réduit·es au silence et emprisonné·es en défendant le droit à un environnement sûr, sain et durable !

WECF, ainsi que la Constituante Femmes et Genre, s’engagent à participer activement dans les mois à venir et à mobiliser les communautés en faveur d’un accord ambitieux pour le climat à la COP28 et qui réponde aux besoins des populations et non aux profits !

*Il s’agit de la 58ème session de l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA) et de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).