WECF travaille depuis 1994 au sein de son réseau avec des victimes de l’industrie nucléaire: avec des communautés habitant près de mines d’uranium, ou près de sites nucléaires, des victimes de Tchernobyl ou de Mayak. La catastrophe nucléaire qui frappe le Japon démontre une fois encore qu’il n’existe pas de risque zéro avec le nucléaire, malgré toutes les promesses de l’industrie.
Une soixantaine de nouvelles centrales nucléaires sont actuellement en construction ou en projet dans le monde, avec pour justification que l’énergie nucléaire peut contribuer à mitiger le changement climatique. Pourtant les experts savent que cet argument n’a aucun sens, c’est simplement un slogan marketing, puisque les centrales nucléaires sont plus sujettes au changement climatique qu’aucun autre système de production énergétique. La triste actualité au Japon nous montre à quel point les systèmes de refroidissement des centrales nucléaires sont dépendants de très grandes quantités d’eau, – une réalité climatique que de plus en plus de pays vont expérimenter dans les années à venir. On l’a vu également en Russie l’été dernier, avec les gigantesques feux de forêt qui se sont arrêtés aux portes des centrales nucléaires, le changement climatique peut conduire à des catastrophes similaires à celle de Tchernobyl. Les centrales nucléaires restent des menaces radioactives, même une fois qu’elles ont cessé de fonctionner. Et que se passerait-il si une centrale entière était submergée à cause d’une hausse du niveau de la mer, comme cela pourrait arriver aux centrales des Pays-Bas ?
Depuis longtemps, l’industrie nucléaire soutient que les accidents passés sont dus à la vétusté des anciens modèles de réacteurs, comme ceux présents à Tchernobyl. Aujourd’hui au Japon, troisième puissance économique mondiale, les centrales nucléaires figurent parmi les plus avancées et les mieux sécurisées du monde. Si les ingénieurs japonais ne peuvent pas faire face à une catastrophe nucléaire, alors il est plus que probable qu’aucun autre pays du monde ne le puisse.
Sabine Bock, Coordinatrice du pôle Energie et Changement Climatique de WECF nous le dit : « Pas une compagnie d’assurance n’assure aujourd’hui l’industrie nucléaire pour les immenses dommages qui peuvent survenir dans le cas d’une catastrophe. Au final, ce sont les populations et les générations futures qui vont payer, à travers leur santé, leur vie, et leur environnement ».
Natalia Manzurova, membre du réseau WECF, est une scientifique russe qui fait partie des rares « Liquidateurs » de Tchernobyl » encore en vie. Elle explique ce qui s’est passé en Ukraine il ya a 25 ans de cela : « Essayez d’imaginer : nous avons tous été priés de quitter nos lieux de travail immédiatement, et emmenés par bus loin du site de la catastrophe. Nous n’avions aucune idée de ce qui était arrivé à nos familles, à nos enfants. On nous demandait de nous déshabiller et de mettre de nouveaux vêtements étranges. Nous savions juste qu’il ne serait plus jamais possible de rentrer chez nous et de retrouver notre vie antérieure. Nous avions perdu notre passé, et notre avenir ». (Source : « La question centrale », publié par WECF)
Pour WECF, tout ceci est proprement inacceptable. Notre réseau appelle à une sortie progressive de l’énergie nucléaire, et à l’arrêt des subventions de cette industrie. Il est inacceptable que la Commission européenne envisage d’augmenter le budget de l’industrie nucléaire, ce dernier représentant déjà plus de 50% du budget total alloué à la recherche. Comme le rappelle Sabine Bock : « Les garanties à l’exportation pour l’industrie nucléaire, comme cela existe entre autre en France, devraient elles aussi être supprimées. Nous protestons aussi contre les propositions faites par le Japon et d’autres pays visant à rendre l’énergie nucléaire éligible aux mécanismes de financements établis par la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (UNFCCC) ».
Sabine Bock a pris la parole durant le rassemblement anti-nucléaire qui s’est tenu Lundi 14 Mars, à Munich à 19h.