Le programme REGAIN, co-financé par l’Agence Française de Développement dans le cadre du Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (FSOF) par la Fondation RAJA-Danièle Marcovici et le label SOLIDAE de la Ville de Paris, est mis en œuvre sur le terrain par nos partenaires, structures féministes locales, Cameroon Gender and Environment Watch (CAMGEW) au Cameroun, la Coalition des Femmes Leaders pour l’Environnement et le Développement Durable (CFLEDD) en République démocratique du Congo (RDC) et Enda Colombia en Colombie. Ayant pour objectif global de contribuer à des politiques climatiques plus ambitieuses et inclusives, intégrant pleinement l’égalité de genre et tenant compte des nouveaux enjeux sanitaires, ce projet multi-pays vise renforce et met en lumière le rôle crucial des femmes dans la protection de l’environnement.
Au Cameroun, plusieurs centaines de femmes rurales formées à la transformation de produits apicoles et à l’entreprenariat en vue de créer des coopératives féminines
L’objectif de CAMGEW au Cameroun est d’inclure les femmes dans la protection de la forêt en les formant à des activités génératrices de revenus dans l’apiculture et l’agroforesterie, des domaines traditionnellement réservés aux hommes. Durant cette deuxième année de projet, de nouvelles formations ont été organisées pour renforcer les compétences des femmes en matière de transformation du miel et de la cire d’abeille, mais aussi sur l’entreprenariat et la commercialisation de produits. Au total, ce sont plus de 500 femmes qui ont été formées à ces activités.
Ces actions de terrain, auprès des femmes rurales camerounaises, contribuent à l’évolution des mentalités quant au rôle des femmes au sein des communautés, et permettent à ces femmes de développer leurs propres activités d’entreprenariat, renforçant ainsi leur autonomie financière et place dans le foyer. Les résultats sont particulièrement probants puisqu’en 2023 plus de 2000 litres de miel et 500kg de cire d’abeille ont été produits par les femmes ayant bénéficié de formations en 2022. La création, en 2024, de coopératives féminines permettra aux femmes de développer leur clientèle et d’augmenter leurs revenus.
En effet, grâce à l’action de CAMGEW et l’intégration des femmes dans la gestion de ressources naturelles le nombre de feux de brousse dans les territoires de REGAIN, dans l’Ouest et Adamaoua, a été divisé par deux en 2023. Les techniques d’agroforesterie partagées par CAMGEW ont permis d’augmenter la diversité des plantes cultivées dans la région. Ces avancées ont notamment été saluées par les leaders communautaires qui reconnaissent l’impact des formations menées par CAMGEW dans la région.
En octobre, a eu lieu la première visite de WECF de suivi du projet au Cameroun. Cette visite a été l’opportunité de rencontrer les femmes participant au projet, observer les retombées positives du projet dans les territoires cibles et échanger avec les autorités locales et coutumières qui soutiennent le projet.
Tout au long de l’année, CAMGEW a continué son travail de sensibilisation des communautés locales à la conservation de l’environnement, et à la lutte contre les feux de brousse, notamment à travers des ateliers de sensibilisation et la diffusion de programmes dédiés sur les antennes radio locales. L’équipe CAMGEW a également participé à des réunions de coordination nationales, et a été invitée à partager son expérience de mise en réseau des femmes de différentes régions du Cameroun grâce au développement de la chaîne de valeur du miel. Ces avancées ont permis de renforcer le rôle des femmes dans la conservation de l’environnement ainsi que l’incubation d’éco-entreprises. Enfin, l’invitation de CAMGEW par le ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature à son événement marquant la commémoration de la journée mondiale de l’environnement, ainsi que la remise de médailles pour les produits fabriqués localement (miel de qualité) au Cameroun, ont participé à la reconnaissance de la contribution de CAMGEW à la protection de l’environnement et l’autonomisation des femmes rurales.
En RDC, l’accès au droit foncier est renforcé dans 4 provinces du pays et la sensibilisation du grand public se poursuit
La Coalition des Femmes Leaders pour l’Environnement et le Développement Durable (CFLEDD) vise à renforcer les droits fonciers des femmes rurales et autochtones, détentrices de savoirs culturels et ancestraux protégeant l’environnement, sur le vaste territoire congolais. En 2023, la CFLEDD s’est concentrée principalement sur la mise en œuvre des activités de cartographie participative dans 4 provinces cibles : Nord-Ubangi, Sud-Ubangi, Mongala et Equateur. Il s’agit d’une étape clé pour la sécurisation des propriétés foncières des femmes.
Cette cartographie s’organise en plusieurs phases qui ont lieu entre juin et septembre 2023. Les cartographes, envoyés sur le terrain, partent à la rencontre des femmes locales afin de documenter les sites à cartographier. Après avoir effectué une première prospection des sites en question, des esquisses sont produites afin d’identifier les limites exactes des terrains. Sur la base de ces esquisses, les équipes de cartographes ont ensuite été déployées pour collecter les données GPS des concessions.
Les cartes, élaborées à partir de ces données, sont ensuite validées par les autorités locales. Grâce à ce processus, environ 50 femmes ont pu obtenir leur acte de reconnaissance – ce qui correspond à un titre de propriété coutumier – dans les 4 provinces.
En plus des activités de cartographie, la CFLEDD a lancé une campagne de de communication et de mobilisation à grande échelle. En 2023, un documentaire a été réalisé et présenté lors d’une émission à la télévision sur une chaine nationale et plusieurs émissions de radio ont été diffusées sur des antennes locales. La communication à l’échelle locale et nationale est primordiale afin de sensibiliser le grand public à la question – particulièrement sensible en RDC – de l’accès aux droits fonciers pour les femmes.
En Colombie, plusieurs étapes franchies pour la formalisation des récupératrices de déchets, amélioration de leurs conditions de travail et de la reconnaissance de leur rôle dans la chaîne de valeur du recyclage
À Bogota, Enda accompagne depuis 2012 les récupérateur·rices du quartier de Suba pour leurs besoins de base (eau, nutrition, éducation), mais aussi plus stratégiques (reconnaissance, inclusion, participation à la vie publique et citoyenne). Dans le cadre de REGAIN, 4 associations de récupérateur·rices avaient été identifiées dès la première année du projet, afin d’être accompagnées dans leur formalisation tout au long des 3 ans. En 2023, une 5e association a été sélectionnée pour participer aux activités, ce qui augmente d’autant plus la portée du projet.
Le début d’année 2023 a été marquée par la première visite terrain de WECF à Bogota, pendant laquelle la chargée de projet est partie à la rencontre des associations accompagnées et participé à plusieurs formations et ateliers. C’était également l’opportunité d’échanger sur la mise en œuvre du projet et les activités à venir.
En parallèle, des améliorations majeures des centres de collecte et équipements des associations et récupérateur·rices ont été réalisées, conformément aux conditions requises à la formalisation établies dans le du décret 596 de 2016. C’est ainsi que plusieurs bénéficiaires ont vu leurs chariots, vélos et charrettes être renforcés et améliorés, tandis qu’à d’autres ont été offerts des nouveaux équipements. Ces étapes permettent de renforcer l’appartenance d’un.e récupérateur.rice à son association, mais aussi d’améliorer ses conditions de travail au quotidien.
Plusieurs ateliers et formations (notamment sur les réglementations liées à la gestion des déchets, sur la santé et l’hygiène au travail et sur les thématiques genre et climat) ont également été organisées en 2023. Au total, ce sont plus d’une centaine de récupérateur·rices qui ont été formé·es et sensibilisé·es questions de santé, de sécurité au travail, mais aussi de communication et de résolution des conflits.En septembre, après plusieurs mois de collecte et analyse de données, Enda Colombia a publié son étude sur la situation des récupérateur·rices dans l’agglomération de Suba, identifiant les besoins et problématiques majeures des associations, en adoptant le prisme du genre. Cette publication a aussi été fondamentale puisqu’il s’agit d’une des études les plus récentes et complètes sur les récupérateur·rices de Suba.
C’est aussi auprès du grand public qu’Enda Colombia s’engage, en organisant de nombreuses sessions de sensibilisation au tri et au recyclage, notamment dans les établissements scolaires. A ce jour, plus de 2000 élèves de la primaire au lycée ont été sensibilisé·es.
Accompagnement stratégique mis en oeuvre par WECF et renforcement des capacités des organisations partenaires
En parallèle de la coordination du projet, WECF a également mis en place un programme d’accompagnement des structures partenaires pour étendre leur plaidoyer à l’échelle nationale et faire reconnaitre leur contribution dans les feuilles de routes climatiques de leurs pays respectifs, notamment dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national (CDN).
C’est ainsi que les trois organisations ont pu participer à des évènements régionaux et internationaux en 2023. En octobre, la représentante d’Enda Colombia s’est rendue au Panama pour la Semaine régionale du Climat pour le continent sud-américain et les Caraïbes. Cette conférence, organisée en amont de la COP climat est une étape incontournable pour préparer les négociations climatiques et échanger avec les parties prenantes du continent. C’était également une opportunité pour Maria Victoria Bojaca Penagos, directrice d’Enda Colombia, de rencontrer des décideur·ses politiques de la région.
En décembre, les représentantes de la CFLEDD et CAMGEW ont participé à la COP28 – 28e Conférence des Parties sur les changements climatiques – organisée cette année à Dubaï aux Emirats arabes unis. Elles ont ainsi été panélistes lors d’évènements parallèles, ont eu l’opportunité de faire plusieurs rencontres stratégiques et se sont engagées dans les négociations. C’est également lors de la COP qu’a eu lieu la formation, organisée par WECF, sur la finance climat et sur la réplication et mise à l’échelle de projets. Cette formation qui a lieu chaque année pour le réseau Prix Solutions Genre et Climat est une opportunité de capitaliser sur les connaissances et expériences des autres lauréat·es.