L’urgence de la crise climatique frappe le monde entier, et en particulier le Maroc : chaleurs extrêmes, sécheresses sévères ou pluies torrentielles dégradent les sols et les cultures, affectant l’économie, la santé et la sécurité alimentaire. Il est indispensable d’engager dans la transition énergétique toute la population, en priorité les personnes en situation de précarité dans les zones rurales isolées, et les femmes largement exclues de ce secteur en transformation. C’est à cette urgence que répond notre ambitieux programme Femmes Arganières et Rurales Engagées pour le Développement Economique et Inclusif et le Climat, visant le création d’une filière solaire 100% féminine, adaptée aux besoins des coopératives, des entreprises et des familles rurales.
La création d’une filière locale d’énergie solaire
Pendant trois années, une quarantaine de jeunes femmes techniciennes lauréates de l’OFPPT ou titulaires de Master ont été accompagnées, dans les régions de Tanger-Tétouan et Al Hoceima et dans l’Arganeraie, pour suivre un cycle de formation et bénéficier d’un accompagnement ayant comme objectif la création de leurs coopératives d’énergie solaire.
Aujourd’hui ce sont trois coopératives 100% féminines qui ont ainsi été officiellement créées et sont opérationnelles : Holol Chamssia, NoureSun et Sun Power Coop. Elles disposent aujourd’hui de locaux et d’ateliers de production équipés, ce qui a permis de lancer les premières fabrications d’équipements solaires, notamment dans le Sud.
Le développement d’un marché pour les coopératives d’énergie féminines
Parce qu’il n’est pas possible de développer une filière sans marché, le consortium s’est attaché dès le lancement du projet à concevoir un programme de sensibilisation et d’accompagnement d’entreprises et coopératives de transformation alimentaire. Nous avions identifié dans ces structures des besoins de soutien pour accéder à la transition énergétique de leur outil de production, auxquels peu de réponses étaient apportées et également un fort potentiel d’adoption pour des équipements solaires abordables.
Après un diagnostic des besoins conduit en 2020 auprès de près de 220 femmes travaillant dans diverses coopératives de transformation alimentaire, d’argan, de plantes et autres produits, un programme de formations adaptées a été construit en 2021.
120 femmes dirigeantes d’une trentaine de coopératives féminines ont ainsi été sélectionnées pour participer à ces formations organisées à Agadir entre 2021 et 2022, portant sur la gestion administrative et financière, le e-commerce et la digitalisation ainsi que les processus de certification et labellisation.
Les jeunes entrepreneures des coopératives d’énergie solaire ont pu présenter également à leurs paires leurs cuiseurs et séchoirs solaires fabriqués localement, démontrant leur intérêt et leur efficacité, tout en présentant également des mesures d’aide à l’investissement disponibles au Maroc.
Signe indéniable de la réussite de ces démonstrations et des besoins à couvrir dans les territoires ruraux, de nombreuses femmes participant à la session ont commencé à passer commandes auprès des ambassadrices du solaire. Un travail de sensibilisation du grand public à l’utilisation des équipements solaires.a également eu lieu lors de foires artisanales locales, mais également Assurer un environnement propice au développement des coopératives d’énergie L’accent a été mis tout au long du projet sur la mise en réseau des coopératives d’énergie avec des partenaires institutionnels, ceci dans l’objectif de leur garantir un environnement au sein duquel elles pourront se développer. Nous tenons ainsi à remercier l’ensemble de nos partenaires institutionnels tels que l’Office de Développement des Coopératives, la Cité de l’Innovation de l’Université d’Ibn Zohr, l’IFMEREE et le doyen de l’Université Technique de Tétouan, qui ont tous contribué à la création et la pérennité des coopératives d’énergie solaires. Ces nombreux partenaires étaient présents pendant la cérémonie de célébration des résultats le 21 février à Rabat et ont pu émettre des recommandations lors d’une table ronde portant sur l’importance d’une transition énergétique juste et inclusive, qui renforce l’économie locale dans les territoires du Maroc. Notre consortium s’est engagé et agit pour que la voix des femmes soit entendue dans les instances de décision locales et régionales, permettant d’asseoir des politiques climatiques qui intègrent pleinement la justice sociale et l’égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes dirigeantes des coopératives de l’Arganeraie ont bénéficié en Mars 2022 d’une session de formation sur le leadership féminin et la compréhension des Objectifs de Développement Durable (ODD), puis ont été accompagnées pour assurer leur participation aux politiques publiques locales. L’ensemble de ce projet est relié, par le travail de plaidoyer de WECF, à la gouvernance mondiale sur le climat, à travers la participation de certaines participantes du programme FAREDEIC aux COP climat. Ainsi ces actrices engagées comprennent que leurs actions locales contribuent à un mouvement global et aux efforts de l’humanité pour faire face à la crise climatique planétaire. Parallèlement, les représentants des États présents aux COP sont inspirés par la valorisation des actions menées par des femmes sur le terrain. Nous pouvons aujourd’hui amplifier la dynamique et capitaliser sur cette expérience marocaine, en tirant des enseignements pour d’autres territoires, et pour les politiques nationales et internationales. Si la première phase s’est donc conclue sur de belles réalisations, un accompagnement sera encore nécessaire pour continuer à développer les coopératives d’énergie créées dans le cadre du projet et pour s’assurer de leur pérennité sur le long terme. Les partenaires du consortium, piloté par WECF, vont continuer leur engagement sur le terrain dans le cadre d’une phase II. A suivre…Promouvoir la place des femmes dans la transition énergétique et dans les politiques locale, nationale et internationale