La crise climatique et les menaces croissantes qui pèsent sur l’égalité de genres dans le monde sont préoccupantes. Cependant, nous sommes rassurées par le fait que des solutions durables et justes en termes de genre existent déjà.
C’est pourquoi WECF et la Constituante Femme et Genre (WGC) soutiennent d’incroyables initiatives locales menées par des femmes qui défendent l’action climatique et promeuvent l’égalité des genres. Leurs actions sont mises en valeur par le biais de notre prix annuel Solutions Genre et Climat (GJCS).
Nos lauréates – originaires du Brésil, du Mozambique et du Tadjikistan – recevront leur prix lors de la cérémonie annuelle organisée dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le climat, COP29, à Bakou, en Azerbaïdjan.
À propos du prix
Le prix est divisé en trois catégories :
- Solutions techniques
- Solutions non techniques
- Solutions transformationnelles
En reconnaissance et en soutien de leur travail, chaque lauréat·e reçoit 5 000 euros, et rejoint un programme mentorat et de formation. Chaque lauréat·e est également invitée à la COP29, où il·elle peut participer aux négociations sur le climat, nouer des contacts avec d’autres organisations écoféministes et diffuser son travail auprès d’un public plus large.
Notre objectif est de fournir une plateforme à ces lauréat·es, leur permettant de développer une expertise supplémentaire et de mettre à l’échelle leurs pratiques – en d’autres termes, de rendre leur travail plus visible pour un plus grand nombre de personnes. En rejoignant notre réseau mondial d’écoféministes, nos lauréat·es peuvent entrer en contact avec des organisations internationales et des décideur∙ses politiques, et porter leur message au premier plan des négociations internationales sur le changement climatique.
Nos lauréates 2024
Nous sommes fier∙ères de présenter les trois projets sélectionnés dans le cadre du prix Solutions Genre et Climat 2024 :
- Solutions techniques : Anisa Abibulloeva (Little Earth), Tadjikistan
- Solutions non techniques : Isabel Prestes Fonseca (Instituto Zág), Brésil
- Solutions transformationnelles : Francesca Trotman (Love the Oceans), Mozambique
Découvrez ci-dessous leurs travaux innovants !
Panneaux solaires = plus d’indépendance : Les femmes tadjikes à la tête de la transition énergétique
- Lauréate : Anisa Abibulloeva (Little Earth)
- Catégorie : Solutions techniques
- Projet : Les femmes des montagnes du Tadjikistan à la tête de la transformation solaire
- Pays : Tadjikistan
Little Earth est une ONG environnementale qui aspire à aider les femmes vivant dans les montagnes à obtenir une indépendance financière, à construire des communautés résilientes et à faire avancer une transition vers de l’énergie propre au Tadjikistan au niveau local.
Dans la vallée reculée de Yagnob, 40 femmes de 11 villages ont été formées à la construction, à l’entretien et à l’utilisation de l’énergie solaire et de technologies vertes économes en ressources. Auparavant, les villages dépendaient du bois de chauffage et d’autres sources de combustibles polluants, qui nécessitaient une grande quantité de travail manuel et produisaient des niveaux élevés de pollution de l’air. Les avantages environnementaux du passage à l’énergie solaire sont multiples : il a permis de réduire la dégradation des écosystèmes fragiles de la vallée et d’améliorer la santé et la sécurité des communautés qui y vivent en réduisant la quantité de gaz d’échappement nocifs. En outre, grâce à l’accent mis sur l’égalité des genres, cette initiative a renforcé les compétences techniques des femmes de la vallée de Yagnob, facilité la reconnaissance de leur travail non rémunéré et les a impliquées dans la prise de décision au niveau local et national. Vous pouvez suivre l’évolution de ce projet ici : https://leworld.org/en.
À propos de la lauréate
Anisa Abibulloeva a grandi à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, dans une région qui n’accordait que peu d’attention à la protection de l’environnement. Ce sujet n’a pas non plus joué de rôle pendant toute sa scolarité. Cependant, à l’université, tout a changé : Anisa a commencé à étudier les sciences de l’environnement et est devenue une militante active du climat. Ses études se déroulant dans une région rurale, entourée d’écosystèmes montagneux, son désir de trouver une solution locale s’est développé. En fondant le club « Green Community » en 2017, Anisa a d’abord pris des mesures pour promouvoir le recyclage et la sensibilisation à l’environnement dans la région. Elle s’est ensuite associée à l’USAID dans le cadre d’un projet intitulé « Read with me », qui a donné lieu à la publication de trois livres pour enfants abordant les questions environnementales au Tadjikistan.
Après avoir terminé ses études, Anisa a poursuivi son activisme avec son blog et a continué à collaborer avec des organisations internationales. En 2019, elle a finalement rejoint « Little Earth », où elle soutient désormais des initiatives d’éducation à l’environnement visant à promouvoir des solutions d’efficacité énergétique parmi les groupes défavorisés. L’accent est actuellement mis sur la construction d’un mouvement environnemental plus fort via l’engagement des jeunes et en soutenant les communautés montagnardes éloignées à s’adapter au changement climatique grâce aux technologies vertes. Elle a notamment conseillé le PNUD, l’OSCE et la FAO sur l’engagement des jeunes en faveur de l’action climatique. En 2022, elle a remporté le Tereshkevich Youth Environmental Award pour sa contribution à la protection de l’environnement en Asie centrale, et en 2023, lors de la COP28, elle a été sélectionnée comme l’un des 100 jeunes délégués du premier programme international de jeunes délégué∙es pour le climat.
Les femmes autochtones défendant notre terre et notre climat : conservation de l’arbre araucaria menacé d’extinction
- Lauréate: Isabel Prestes Fonseca (Instituto Zág)
- Catégorie: Solutions non techniques
- Projet: Les femmes Zág défendent la terre et le climat
- Pays: Brésil
L’Institut Zág s’est engagé à sauver l’arbre araucaria (Araucaria angustifolia), connu localement sous le nom de Zág, et à préserver les connaissances traditionnelles du peuple Laklãnõ-Xokleng dans la forêt tropicale atlantique brésilienne. L’arbre Zág a une valeur à la fois sacrée et symbolique pour les Xokleng, et il est en voie d’extinction en raison de l’exploitation non réglementée des forêts.
Ce projet promeut le rôle central des femmes indigènes dans la restauration des pratiques traditionnelles pour la protection de la biodiversité en leur attribuant un rôle de coordination dans la mise en œuvre des programmes de reforestation. Elles se concentrent notamment sur l’éducation des jeunes, la réintroduction d’espèces d’arbres indigènes, l’élimination des plantes envahissantes et la promotion d’une agroécologie régénératrice. L’Institut Zág participe à des réseaux internationaux et encourage activement la participation des femmes aux processus décisionnels régionaux et mondiaux. Ils soutiennent également l’indépendance financière des femmes à travers l’artisanat et la production de miel biologique. Suivez-les sur Instagram et tenez-vous au courant de leurs activités ici ! @institutozag
À propos de la lauréate
Isabel Prestes Fonseca est la directrice environnementale de l’Institut Zág. Pour elle, l’arbre Araucaria est un lien avec ses ancêtres. Isabel est née sur les rives de la rivière Madeira, dans la forêt amazonienne. Dès son enfance, elle savait que son travail consisterait à protéger la nature et toutes ses créatures, en collaboration avec d’autres femmes indigènes de la forêt tropicale qui ressentent la même responsabilité. Isabel est convaincue que les femmes indigènes sont les gardiennes de la sagesse des ancêtres de leur peuple. En vivant au rythme de la nature et en préservant les pratiques traditionnelles, elles peuvent se voir confier la mission de lutter contre le changement climatique.
Le parcours d’Isabel a commencé dans le village de Bugio, où elle a planté les premiers plants d’araucaria. Depuis, elle est devenue une leadeuse mondial : elle défend la forêt amazonienne et promeut la sensibilisation à la biodiversité et au savoir indigène. Pour Isabel, si la justice climatique est une question environnementale, c’est aussi une question de lutte pour l’égalité et les droits humains.
Mozambique : les femmes sauvent les océans
- Lauréate : Francesca Trotman (Love the Oceans)
- Catégorie : Solutions transformatrices
- Projet: Les femmes à la tête de la conservation des océans
- Pays : Mozambique Mozambique
Love The Oceans est une organisation qui œuvre à la protection de la vie marine dans la baie de Jangamo, au Mozambique. Pour ce faire, elle utilise une approche globale basée sur la communauté qui intègre la recherche, l’éducation et les campagnes dans son travail. Elle cherche également à développer l’expertise et à créer des emplois locaux dans une optique d’entreprenariat durable.
Love The Oceans a beaucoup investi dans l’éducation des jeunes femmes, en améliorant leur connaissance des océans et leurs compétences techniques. Par exemple, elle a formé les cinq premières femmes maîtres-nageuses et sauveteuses, et a certifié les premières plongeuses du district.
L’association de la conservation marine et de l’égalité des genres s’est particulièrement manifestée dans les projets innovants de conchyliculture menés par des femmes. Ici, les femmes sont formées à la production aquacole, ce qui facilite leur autonomie économique, leur autosuffisance évolutive et favorise la résilience climatique à long terme et le changement intergénérationnel. Un véritable effort de transformation ! Pour en savoir plus : https://lovetheoceans.org/
À propos de la lauréate
Francesca Trotman, fondatrice de Love The Oceans, a grandi au Royaume-Uni. Bien qu’elle ait grandi loin de la mer, elle a développé une passion pour les requins dès son plus jeune âge.
Elle a obtenu un master en biologie marine à l’université de Southampton et prépare actuellement un doctorat à l’université de Newcastle. Ses études en biologie marine et sa passion pour les histoires sous-marines l’ont conduite au Mozambique. C’est là qu’elle a découvert le commerce des ailerons de requins, point de départ de tout ce qui a suivi. Pour en savoir plus sur ce commerce, elle a lancé un projet de recherche visant à recueillir des données sur les pêcheries mozambicaines. Les résultats de cette étude ont montré que l’industrie des ailerons de requins n’est pas viable. Afin d’améliorer la signification statistique et la base scientifique de ces résultats, Francesa a fondé Love The Oceans. Avec la biologiste marine Yudmila Chunguane, elle fait avancer la mission de Love The Ocean.
Vous êtes journalistes et vous êtes intéressé·es par les projets ?
Pour une interview avec l’une des lauréates, veuillez contacter Mayra Salazar Volkmann, mayra.salazarvolkmann@wecf.org
À propos de la Constituante Femme et Genre
La Constituante Femmes et Genre (WGC) est l’un des neuf groupes de parties prenantes de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Fondé en 2009, le WGC se compose aujourd’hui de 27 organisations de femmes et de la société civile environnementale qui œuvrent pour que les voix et les droits des femmes soient inclus dans tous les processus et résultats du cadre de la CCNUCC pour un avenir durable et juste, afin que l’égalité des genres et les droits humains des femmes soient au cœur des discussions en cours.