
Depuis longtemps, WECF Géorgie a été en première ligne pour promouvoir l’égalité des genres, la justice environnementale et la participation démocratique. Avec nos partenaires, nous avons co-créé des initiatives transformatrices, telles que la construction de solutions énergétiques équitables pour les femmes, la diffusion de voix minoritaires par le biais de projets écoféministes, l’encouragement du journalisme éthique et la création d’un réseau de milliers de femmes, de jeunes et de leader.euses communautaires à travers les différentes régions de la Géorgie.
Cette fermeture peut être considérée comme une conséquence directe de la réduction rapide et systématique de la société civile en Géorgie. Depuis les élections parlementaires de 2024, qui ont été largement critiquées par les observateurs locaux et internationaux pour leur manque de transparence et d’équité, le gouvernement géorgien, dirigé par le parti au pouvoir Rêve Géorgien, a fait passer un certain nombre de lois qui ont fondamentalement compromis les libertés démocratiques. Il s’agit notamment de la réactivation de la loi sur les agents étrangers en 2024, de l’adoption de la loi FARA en 2025, de nouvelles restrictions sur la réception de subventions étrangères et de l’exclusion de la société civile de toute participation significative à la prise de décision publique.
Ensemble, ces lois ont créé un cadre juridique conçu pour intimider, isoler et criminaliser les organisations indépendantes de la société civile et leurs allié.es. Tout groupe qui reçoit un soutien international, qui s’exprime en faveur des droits humains ou qui plaide pour l’inclusion et l’égalité risque désormais d’être qualifié d’« ennemi de l’État » et traité comme tel.
Le climat politique est devenu de plus en plus hostile, en particulier pour les groupes féministes, environnementaux et de défense des droits des minorités. Les manifestations pacifiques sont sanctionnées par des violences policières et des amendes. Les médias sont confrontés à la censure et à des poursuites judiciaires. Les communautés queer et leurs allié.es ont été attaqué.es publiquement, et même des termes fondamentaux comme « genre » ont été supprimés de la législation officielle. Ce dont nous sommes témoins n’est pas une lente dégradation, mais une démolition délibérée des normes démocratiques.
Malgré cela, la société géorgienne continue de protester sans relâche pendant plus de 200 jours depuis le 28 novembre 2024. Les manifestations pacifiques ont fait l’objet d’une répression de plus en plus agressive de la part de l’État. Plusieurs de nos collègues et partenaires ont été condamnés à des amendes simplement pour avoir participé à des actions civiques et certain.es d’entre eux.elles ont même été placé.es en détention sous de vagues accusations destinées à les intimider et à les réduire au silence.
Face à cette pression croissante, et par souci de sécurité et de bien-être de l’équipe et des partenaires locaux, la décision douloureuse de fermer notre bureau en Géorgie a été prise. Malgré ces conditions hostiles, WECF Géorgie a été en mesure d’accomplir un travail révolutionnaire au cours de ses dix années d’existence :
- Installation de plus de 500 technologies à haut rendement énergétique dans des communautés rurales touchées par la pauvreté énergétique et intégration du genre dans les politiques climatiques ;
- Soutien à plus de 100 initiatives locales et projets menés par des jeunes dans le cadre du programme Women’s Power for Inclusion, touchant plus de 10 000 personnes ;
- Promotion de reportages éthiques et sensibles au genre et récompense de 39 journalistes ;
- Production de 50 épisodes du podcast féministe « Can You Hear My Voice », mettant en lumière les expériences vécues par des éco-migrants, des femmes appartenant à des minorités et des activistes ;
- Recherche et traitement des impacts négligés des catastrophes climatiques sur les femmes et contribution aux débats politiques sur l’éco-migration et la réintégration des travailleurs migrants ;
- Outil de formation et sessions sur le financement climatique sensible au genre pour les parties prenantes des autorités et de la société civile ;
- Promotion de l’éducation STEAM inclusive en Géorgie et dans l’UE.
Ces accomplissements n’étaient pas de simples projets, mais des actes d’attention et de résistance qui, nous en sommes convaincu.es, serviront à améliorer l’avenir du pays.
Nous appelons la communauté internationale à amplifier les voix de la société civile géorgienne, à exiger l’abolition des lois répressives et à soutenir ceux.celles qui continuent à résister à l’autoritarisme avec courage et attention.
Notre travail en Géorgie est peut-être contraint de s’interrompre, mais notre solidarité, elle, ne s’interrompt pas.
En solidarité, WECF France